Fretin | Eric D. un père incestueux a commis une centaines de viols et d’abus

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Père incestueux : la justice négligente
Au lendemain de la condamnation d’Éric D., 53 ans, pour viols et agressions sexuelles sur ses deux filles, sur une période de 1996 à 2014, l’audience de la cour d’assises met en lumière plusieurs questions sur la procédure.

La longueur de la procédure. C’est le courage de plusieurs jeunes filles qui met fin aux agissements du pédophile incestueux : en 2014, Amélie raconte à une camarade de sa classe de 3e qui raconte à une autre amie ce que son père lui fait subir. Le collège alerte les autorités. Mais il faut attendre encore pour que l’enquête s’enclenche. Éric D. est mis en cause en 2015, mis en examen le 18 avril 2016.

La maman de ses cinq enfants, sa première femme, n’est auditionnée qu’en 2016. Les rapports d’expert ne sont transmis au juge d’instruction qu’en 2018. Et ce n’est qu’en juin 2022 que la cour d’assises juge des faits qui, malgré leur gravité (on parle de centaines de viols et d’agressions sexuelles) ont failli être « correctionnalisés », c’est-à-dire passer devant le tribunal correctionnel et non devant un jury populaire.

Pas de mandat de dépôt. C’est libre qu’Éric D. a comparu mardi et mercredi à Douai. Après sa mise en examen il y a six ans, il a été placé sous contrôle judiciaire et contraint de suivre une thérapie. « Deux obligations qu’il a toujours respectées », répète son avocat, Me Alban Deberdt. L’accusé s’est même rendu pendant deux mois au Maroc, le pays d’origine de son épouse, durant ce laps de temps. Et son dernier fils, âgé de 14 ans à l’époque, est resté vivre à son domicile.

Mais pour l’avocat général,

« il y a des carences dans cette procédure, le parquet a failli ».

Éric D. devrait se trouver dans le box des accusés, entre deux policiers, et non comparaître libre. Pour Pierre Goupillaud, pendant huit ans, le Fretinois a continué sa vie « comme si de rien n’était ». L’avocat d’Éric D. critique cette analyse, arguant qu’« il ne faut pas confondre sanction et mandat de dépôt » :

« On n’a pas incarcéré car ce n’était pas préjudiciable à la manifestation de la vérité : il avait reconnu les faits en garde à vue ».

Et des victimes bousculées. Sa fille Amélie, dès la dénonciation des faits en 2014, a vu son monde basculer. Elle a été placée le soir même dans un foyer d’urgence sans même repasser par la case maison. Ludivine, sa grande sœur, voulait « une justice rapide mais pas bâclée ». Elle n’a pas été entendue sur le premier point.

Quant aux conditions de l’audience, elles auraient pu être plus confortables. Prévu pour durer trois jours, le procès a été écourté d’une journée. Et il s’est tenu dans une salle à l’acoustique médiocre, ce qui a gêné la tenue des débats. Mais la justice est passée : huit ans après la dénonciation des faits par sa fille, Éric D. a passé sa première nuit en prison mercredi. Il a été condamné à 15 ans de réclusion.

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