Coutances | Un homme de 63 ans accusé de viols et agressions sexuelles sur 4 garçons de 8 à 14 ans

Face au pédophile, une quatrième victime en pleurs

©Archives Presse de la Manche

Débuté en milieu de semaine aux Assises de la Manche, le procès d’un pédophile se poursuit aujourd’hui et demain. Il aurait fait de 4 jeunes garçons ses objets sexuels.

Le premier jour du procès d’un homme de 63 ans originaire du Sud-Manche, amateur de jeunes garçons ignorants de la sexualité, a été consacré mardi au témoignage douloureux, fort en émotions, de trois frères qui, à des époques différentes mais successives entre 2003 et 2009, ont été ses victimes.

Les garçons avaient 8 ou 9 ans pour le plus jeune, et entre 12 et 14 ans pour les deux autres. Régulièrement au long d’une année entière, voire deux ans, ils ont subi des outrages sexuels les ravalant à l’état d’objets de jouissance, sur fond de chantage.

Les garçons se sont tus pendant des années, laissant la honte voire la culpabilité les ronger lentement, inéluctablement, laissant des traces indélébiles et compromettant leur devenir.

Ils se sont tus aussi, pour deux d’entre eux, sur des actes de pénétration qu’ils disent avoir subis de la part de l’accusé, actes définis comme des viols, valant à l’auteur, s’ils sont reconnus, la peine maximale de 20 années de prison, les victimes étant des mineurs de moins de 15 ans.

L’accusé nie les viols

Alors qu’il reconnaissait avec la rigueur d’un commis d’inventaire la liste des pires turpitudes qu’il avait infligées aux jeunes, l’homme de 63 ans s’est dressé en permanence, et hier encore, contre l’accusation de viols, soit des fellations qu’il aurait contraint à faire, soit une pénétration.

L’accusé nie une fois encore. Face à cela, le président de la cour d’assises rétorque :

Je vous invite à un peu de réalisme, Monsieur. Quel intérêt ces garçons, qui avaient de l’amitié, de l’estime, voire de l’admiration pour vous, auraient-ils à raconter ces faits alors même que tous les autres sont reconnus de vous ? Pourquoi diraient-ils à 95 % des choses vraies (et déjà très graves) et à 5 % des choses fausses ?

L’accusé se braque, laissant entendre que les trois jeunes étant frères, la concordance de leurs témoignages est suspecte.

Le quatrième jeune mineur au moment des faits

Et puis, hier, il y a eu le témoignage de la quatrième victime : un garçon qui est encore mineur, objet de traitements similaires racontés par les frères, mais commis quelques années plus tard, en 2015 et 2016 (le garçon avait 13 ou 14 ans).

Pas question de parler de témoignage « arrangé » : ce jeune-là n’a connu les trois frères que lors de l’enquête. Fort de ses 17 ans, il s’était préparé à affronter à la barre les questions du président.

Nerveux, certes, il a pu évoquer des rituels identiques à ceux que les précédents avaient connus. Mais lorsqu’il a avoué qu’il avait été pénétré par le sexe de l’accusé, la tension a été trop forte et il a éclaté en sanglots.

Il y a eu un long silence. Et, campé dans son refus, l’accusé a simplement qualifié les garçons de « menteurs ».

Le témoignage des quatre garçons

Les quatre garçons sont-ils sincères ? La psychologue qui les a rencontrés en 2017, dressant le bilan de la gravité des traumatismes dont sont marqués ces jeunes, a insisté sur la sincérité de leurs propos. Chez l’aîné des frères,

« pas d’attitude de théâtralisation chez ce jeune homme qui est plutôt dans la recherche de l’explication que dans la vengeance »

dit l’expert. Chez l’un de ses frères, il y a

« une sincérité totale dans son ressenti qui s’exprime par de la spontanéité. Pas de majoration des discours ».

Puisque toutes les agressions sexuelles, dans leur vaste diversité, sont reconnues, le débat du procès sera évidemment autour des gestes de viols décrits par les garçons, et niés obstinément par l’accusé. De là, les jurés se feront une intime conviction qui sera signifiée ce vendredi en fin de journée.

Source : actu.fr

Source(s):