Châteauroux | Un père de famille bénéficie de laxisme judiciaire pour des faits incestueux

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il récupérait et conservait “comme des reliques” les poils pubiens de sa fille
Mercredi 6 avril 2022, un homme a été condamné à cinq ans de prison dont trois ferme pour des agressions sexuelles sur sa fille et pour avoir incité ses deux enfants à avoir des relations sexuelles.

Cinq ans de prison pour le père pédophile qui voulait “éduquer” ses enfants

Le tribunal judiciaire de Châteauroux a dû, mercredi 6 avril, se pencher sur une affaire d’inceste au sein d’une famille du nord de l’Indre, survenue entre 2014 et 2020.

C’est le père, 47 ans, qui est mis en cause pour agressions sexuelles sur mineur de moins de 15 ans et corruption de mineurs sur ses deux enfants, une fille aujourd’hui âgée de 19 ans, et un fils de 22 ans.

“Alors qu’elle était en internat, votre fille va craquer et tout révéler à une conseillère d’éducation de son lycée : elle raconte que plusieurs fois, vous lui avez touché les seins et léché le sexe”, indique au prévenu Philippe Vignon, président du tribunal.

“Elle explique que vous avez incité vos deux enfants à découvrir leur sexualité ensemble et que, suite à cela, elle a pratiqué des fellations à son grand frère.”

L’homme, exploitant agricole, baisse la tête.

Ce dernier montrait aussi des revues et des films pornographiques à ses enfants, mais il avait aussi pour habitude de se masturber dans les petites culottes de sa fille.

Enfin, il récupérait et conservait “comme des reliques” les poils pubiens de sa fille.

Des faits sordides que le père, ancien alcoolique, reconnaît entièrement.

“J’ai voulu prendre en main l’éducation sexuelle de mes enfants, se défend-t-il. Ce n’était pas pour mon propre plaisir, mais pour leur faire découvrir la notion de plaisir”.

Longuement, le juge met le prévenu face à ses paradoxes.

“Vous avez indiqué avoir été surpris que vos enfants aient pratiqué des actes sexuels. Vous les faites baigner dans un climat permanent de sexualité, vous leur dites que tout cela est normal, et vous vous étonnez ?”.

Il est également rappelé que le prévenu a lui-même un des rapports d’ordre sexuel avec sa propre sœur quand il était adolescent.

Karim Mohamed, procureur de la République, rappel :

« Votre fille indiqué que vous lui avez pratiqué un cunnilingus alors qu’elle n’avait que 6 ans. Là aussi vous étiez dans la découverte de sa sexualité ? »

Au fur et à mesure de l’audience, la défense de l’intéressé, à savoir l’éducation sexuelle, s’effondre. Il y a l’histoire des culottes et des poils, mais aussi le fait qu’il était en érection quand il touchait sa fille.

“J’aurais aimé te dépuceler moi-même”, avait-t-il dit à cette dernière quand il a su qu’elle avait eu des rapports avec un garçon.

C’est finalement Karim Mohamed, procureur de la République, qui va faire tomber le masque.

“Dans vos recherches sur des sites pornographiques, vous tapez – défloration 12 ans – ou encore – papa dépuceler sa fille -, où est l’éducatif là-dedans ? Votre fille a aussi indiqué que vous lui avez pratiqué un cunnilingus alors qu’elle n’avait que 6 ans. Là aussi vous étiez dans la découverte de sa sexualité ? Disons-nous les choses, vous êtes un pédophile, mais si vous ne voulez pas le reconnaître.”

Des propos confirmés par le diagnostic psychiatrique, qui parle de “tendance pédophiles” mais d’un état de “déni”.

Finalement, à force de questions, l’homme reconnaît à demi-mot que tout ce qu’il a fait était pour son propre plaisir.

La femme du prévenu, aujourd’hui divorcée et seule autre membre de la famille présente à l’audience, ne veut pas parler et laisse la parole à Me Alice Thimonier, avocate des victimes au civil.

“La fille, très forte et très intelligente, essaie de poursuivre sa voie mais le traumatisme est là : elle culpabilise d’avoir parlé et éprouve des difficultés dans ses relations avec les garçons. Le fils, lui, vit avec l’idée qu’il a fait du mal à sa sœur alors qu’il est lui aussi victime de son père”.

Dans ses réquisitions, Karim Mohamed souligne :

“Un climat incestueux survenu très tôt”, que “c’est plus facile pour assouvir son appétit sexuel de convoiter ses propres enfants, sur lesquels ont exercé une domination”.

Alors, afin que l’agriculteur soit puni pour “des vies détruites” et pour “lui faire prendre conscience de ses actes”, le procureur requiert cinq ans de prisons dont trois ferme avec mandat de dépôt.

“Une peine trop sévère”, pour l’avocat du prévenu, Me Alban Briziou, qui revient sur la vie de son client, “une succession d’échecs”, pour tenter d’expliquer son addiction à la pornographie, “la découverte du sexe, un domaine dans lequel il s’est enfin senti fort”.

Mais selon l’avocat :

“c’est un malade qui s’ignore. Il a besoin de soins mais il n’est pas dangereux pour les gens et n’a pas de troubles psychiques”.

Cela ne suffira pas, les juges décident de suivre les réquisitions du procureur : le quadragénaire est condamné à cinq ans de prison dont trois ferme et deux assortis d’un sursis probatoire de trois ans. Il est emmené directement au centre pénitentiaire par la police. En outre, il devra verser 8.600 à sa fille et 4.000 à son fils pour préjudice moral et matériel.

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