Canada | Éducation sexuelle pour les 0-5 ans : tout dépend du contenu…

Montréal souhaite implanter un projet d’éducation à la sexualité pour les enfants de 0 à 5 ans sur son territoire afin de prévenir les abus sexuels.

Un des éléments du plan d’action de la Politique de l’enfant, dévoilé mercredi, vise à «implanter un projet d’éducation à la sexualité saine et aux relations égalitaires pour les enfants de 0 à 5 ans».

Le Commissaire à l’enfance, Tommy Kulczyk, souligne que près d’une fille sur cinq et un garçon sur 10 subissent des violences sexuelles avant l’âge de 15 ans.

«C’est alarmant quand on pense au nombre d’enfants agressés sexuellement.

Avec cet outil-là, ils vont pouvoir faire de la prévention et surtout aider à dénoncer et identifier plus facilement les situations.

Les enfants de 0 à 5 ans n’ont pas toujours les mots pour décrire ces problématiques», a-t-il dit.

Le but est donc de développer des outils pour former des intervenants oeuvrant auprès des enfants, comme les éducateurs dans les CPE.

Pour la première année, des ateliers seront aussi donnés à environ 25 enfants de 3 à 5 ans pour les sensibiliser aux relations égalitaires entre les genres et pour qu’ils apprennent à dénoncer certaines situations d’abus.

Le projet est piloté par la Fondation Marie-Vincent, qui reçoit un budget annuel de 55 000 $ de la Ville.

Pour le moment, la fondation sonde le terrain dans Parc-Extension, Côte-des-Neiges et Saint-Pierre afin de développer des outils adaptés aux différentes réalités de ces quartiers.

«Pour les enfants, les outils vont être variés. On pense notamment à des cahiers à colorier ou des capsules vidéo»,

illustre Myriam Ariey-Jouglard, la directrice de projet pour la Fondation Marie-Vincent, qui soutient que

«l’éducation à la sexualité et aux relations égalitaire demeure le principal outil de prévention de l’agression sexuelle».

 

Trop jeunes ?

Pour M. Kulczyk, il faut éduquer le plus tôt possible les enfants «par rapport à ce qu’on a le droit de faire et ce qu’on ne peut pas faire».

Mme Ariey-Jouglard ajoute que ces interventions auprès des enfants représentent une forme de préparation aux cours d’éducation à la sexualité du primaire et du secondaire.

Toutefois, certains craignent que ce projet soit difficile à implanter dans certains des groupes culturels.

«Dans Parc-Extension, c’est un sujet tabou dans certaines familles d’origine africaine ou indienne.

Je crois que c’est maladroit de parler de ce sujet avec des enfants en bas de cinq ans.

Au primaire, oui, mais je ne vois pas pourquoi des enfants aussi jeunes»,

s’interroge Rose Ndjel, la coordonnatrice de l’organisme Afrique au féminin.

Toutefois, Vanessa Sykes, la directrice de l’organisme Baobab familial, croit que c’est important d’aborder les enjeux liés à la sexualité auprès des enfants en bas âge.

«Il ne faut pas rester les bras croisés à se cacher derrière le prétexte du tabou culturel», a-t-elle affirmé.

Source : TVA Nouvelles

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