Bordeaux | 12 ans de prison ferme pour le sans-abri récidiviste accusé de viol

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L’accusé a agi sous la menace d’un couteau
Reconnu coupable de viol sous la menace d’un couteau, un homme de 58 ans a été condamné à douze ans de réclusion par la cour criminelle départementale de la Gironde, vendredi 15 décembre 2023. Les faits s’étaient produits en juillet 2021 dans un parking souterrain de Bordeaux.

Actualisation du 18 décembre 2023

Un homme de 58 ans, sans domicile fixe et handicapé, a été condamné par la cour criminelle départementale de la Gironde vendredi 15 décembre 2023.

Reconnu coupable de viol sous la menace d’un couteau, cet homme a été condamné à douze ans de réclusion.

Les faits s’étaient produits en juillet 2021 dans un parking souterrain de Bordeaux. La victime était une étudiante de 23 ans.

Pendant son procès, l’accusé a tenté de se défendre en assurant qu’il avait tout arrêté dès que la jeune femme avait manifesté son refus, rapporte Sud Ouest .

« Je ne l’ai pas touchée. Si je l’avais fait, la science l’aurait vu », a-t-il assuré, alors que son ADN n’a pas été retrouvé sur la victime.

Douze ans de réclusion

« Il était allongé sur elle, le pantalon baissé, les fesses à l’air. Je l’ai tiré pour libérer la jeune fille qui semblait terrorisée », a pourtant indiqué une témoin directe.

L’accusé, qui a agi sous la menace d’un couteau, était déjà soupçonné dans trois autres affaires de viols survenues en 2011 et 2018.

À l’époque, les plaintes avaient été classées sans suite faute d’éléments.

Selon nos confrères, le violeur indiquait à ses victimes qu’un sort leur avait été jeté et qu’il pouvait les « désenvoûter ».

Le quinquagénaire a finalement été condamné à douze ans de réclusion avec un suivi socio-judiciaire de dix ans, précise le média local.

Il a l’interdiction définitive de se rendre sur le territoire français. Il dispose de dix jours pour faire appel de cette décision.

Article du 13 décembre 2023

“Il est dangereux !”

Victime d’un viol dans un parking, elle croise son agresseur présumé, libéré avant son procès

Les faits se sont déroulés à proximité de la place de la Victoire, à Bordeaux.

Océane, 23 ans, pose ses mots, les réfléchit, mais rien n’entrave sa détermination à témoigner.

“Si je n’en parlais pas, ce serait comme s’il m’avait volé ma vie”.

La jeune fille a été violée, dans un parking, à Bordeaux.

Son agresseur présumé comparaît les 14 et 15 décembre devant la Cour criminelle de la Gironde.

Si elle tient à s’exprimer aujourd’hui, c’est à la fois pour protéger d’autres victimes éventuelles, et pour que la honte change de camp.

“S’il voit qu’on parle de ce qu’il a fait dans les journaux, ça va le calmer”, résume-t-elle, d’une voix assurée.

Les faits remontent au mois de juillet 2021.

“Il était 19 heures, il faisait jour”, précise Océane.

La jeune femme, à l’époque âgée de 20 ans, organise régulièrement des maraudes pour les personnes sans abri.

Alors qu’elle échange avec une dame dans la rue Sainte-Catherine, elle est interpellée.

“Il paraissait inoffensif”

L’homme, qui se présente comme un guérisseur, engage la conversation.

“Je ne me sentais pas en danger : tout le monde le connaissait, le saluait. Il paraissait inoffensif, C’est un monsieur qui avait 56 ans, un artiste de rue avec une guitare dans son dos”, témoigne-t-elle.

Il était en fauteuil roulant. Je ne me suis pas méfiée plus que ça ! affirme Océane.

Tout en conversant, le musicien entraîne la jeune femme du côté de la place de la Victoire.

“On poursuivait notre discussion, j’ai baissé ma garde et il a réussi à me piéger”, poursuit Océane.

L’artiste de rue trouve un prétexte pour l’attirer vers un parking, avant de sortir un poignard et de la violer.

Un premier couple passe à proximité, sans s’interposer.

Surgissent alors une femme et son chien.

“C’est lui qui a aboyé sur l’agresseur et n’a pas voulu le lâcher. Il m’a sauvé la vie”, relate Océane.

Elle porte plainte. L’homme est interpellé le lendemain matin et placé en détention provisoire le 2 septembre 2021.

“Ils ont retrouvé son arme, dont le descriptif était conforme à ce que j’avais décrit”.

Un an plus tard, une confrontation a lieu, au cours de laquelle il se montre extrêmement agressif envers Océane.

“À l’issue, la juge d’instruction m’a assuré qu’il allait rester en prison”, se souvient-elle.

Sous escorte

Un an plus tard, de retour d’un séjour à Paris, l’étudiante passe par la rue Sainte-Catherine, principale artère commerçante de Bordeaux.

“J’étais toute seule, et là, je le vois, en train de jouer de la guitare dans la rue, tranquille, avec un grand sourire”.

Incarcéré à la maison d’arrêt de Gradignan, l’agresseur présumé d’Océane a obtenu une remise en liberté en septembre 2023, contre les réquisitions du parquet général.

Océane n’en avait pas été informée. Depuis, l’étudiante craint de circuler dans le centre-ville, par peur de le recroiser. Et demande à une connaissance, agent de sécurité de métier, de l’accompagner.

Moi, je suis escortée quand je sors de chez moi ! Lui, il est dangereux et menaçant, c’est connu, et malgré ça il traîne dans la rue, déclare-t-elle.

En état de récidive

Océane s’inquiète d’autant plus que l’homme est multirécidiviste. Son casier judiciaire, de neuf pages, comporte 23 mentions et une dizaine de condamnations, dont une pour agression sexuelle, en 2018.

Le tribunal correctionnel de Bordeaux l’avait alors condamné à dix-huit mois de prison.

“Il s’attaque toujours à des femmes vulnérables, sur l’espace public. En tant qu’artiste de rue, il est en contact avec des centaines de personnes chaque jour”, alerte Océane.

“Cet homme a souffert enfant de la poliomyélite. Comme il est handicapé, les personnes ne s’imaginent pas un seul instant qu’une agression sexuelle peut être perpétrée, renchérit son avocate Maître Fabienne Gouteyron qui insiste sur la dangerosité de l’agresseur présumé : c’est un électron libre, sans famille, sans domicile. Il est dans l’errance.”

Il a déjà fait de la détention et s’en prend essentiellement à des personnes qu’il ne connait pas. C’est ce qui le rend d’autant plus dangereux, reprend l’avocate.

Examiné par des experts, le mis en cause présente un danger pour les autres, selon ces derniers, qui rappellent ses antécédents d’infractions violentes et d’infraction sexuelle.

Conclusion de l’expertise psychiatrique :

La dangerosité criminologique est élevée, qu’il s’agisse du risque d’un nouvel acte violent ou d’une nouvelle atteinte sexuelle.

L’homme comparaît pour viol commis sous la menace d’une arme ce jeudi 14 et vendredi 15 décembre devant la Cour criminelle de la Gironde.

Plusieurs associations féministes, dont le Planning Familial, appellent à un rassemblement devant le Palais de justice le 14 décembre.

Sur Facebook, l’agresseur présumé a mis pour photo de profil “Nick la justice, y’a que Dieu qui peut”.

“J’attends de ce procès que les autres femmes soient protégées. Il faut arrêter d’être indulgent !, s’indigne Océane.

Ça ne concerne pas que mon propre cas ! Moi, j’aimerais que ça n’arrive plus à personne”, espère-t-elle.

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