Lorient | Les Témoins de Jéhovah au cœur d’une enquête après une plainte pour inceste

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Une membre des Témoins de Jéhovah accuse son père de l’avoir violée lorsqu’elle était enfant
Une enquête préliminaire a été ouverte à Lorient après la plainte d’une membre des Témoins de Jéhovah qui accuse son père de l’avoir violée lorsqu’elle était enfant. Selon la plaignante, sa communauté aurait aussi “couvert” ces actes.

Hélène S. a-t-elle été violée par son père durant son enfance ?

La Communauté des Témoins de Jéhovah était-elle au courant ?

Et a-t-elle “couvert” ces actes ?

Autant de questions que le parquet de Lorient va tenter de résoudre.

Une enquête préliminaire a en effet été ouverte suite à la plainte déposée par cette membre des Témoins de Jéhovah aujourd’hui âgée de 33 ans.

Contacté par nos confrères de l’AFP, le parquet de Lorient, a précisé ne pas souhaiter “communiquer davantage” sur ce dossier, mais selon une source proche de l’enquête, les parents de la plaignante ont été placés en garde à vue le 3 mai pendant 24 heures puis laissés libres.

La trentenaire, aujourd’hui mariée et mère de trois enfants, dit avoir été victime de viols et d’agressions sexuelles de la part de son père, entre 1995 et 2008.

Elle était alors âgée de 8 à 21 ans, selon sa plainte dont l’AFP a obtenu copie.

Elle indique que son père l’aurait contrainte à des pénétrations anales digitales ou à l’aide de bananes ou petites cuillères “dès qu’il le pouvait“.

Sa mère lui aurait “à de nombreuses reprises” demandé de dormir avec son père, la traitant de “coincée” lorsqu’elle se plaignait des atteintes sexuelles de son père, selon la plainte.

La plaignante évoque aussi des maltraitances subies par les enfants gardés par sa mère en tant qu’assistante maternelle, certains ayant été victimes de coups, d’insultes ou privés de nourriture.

“Omerta” au sein des témoins de Jéhovah de Lorient ?

En août 2013, après la révélation des faits dans l’entourage de la plaignante, les Témoins de Jéhovah de Lorient avaient organisé un “comité judiciaire” composé de trois membres de la communauté, selon Hélène S.

“L’un des Anciens a dit qu’on pouvait faire un dépôt de plainte, mais les autres ont dit que ça allait salir le nom de Jéhovah”, a-t-elle raconté à l’AFP.

Une enquête a été ouverte dès juin 2019 à Lorient et sa mère s’est vu retirer son agrément d’assistante maternelle, selon la jeune femme.

Mais “mes parents sont pleinement soutenus par la communauté” qui “les couvre“, affirme-t-elle.

Si mes parents tombent, la communauté de Lorient tombe car il y a beaucoup trop de personnes qui sont au courant“, selon elle.

“En matière d’inceste, il y a déjà une loi du silence mais là, elle est encore plus forte”, insiste son avocate Karine Shebabo, qui évoque une “omerta”, le “silence total de tous les membres des Témoins de Jéhovah”.

L’avocate souhaite lancer un “appel à témoins” pour retrouver des personnes que sa cliente aurait oubliées.

Le rôle en question du “comité judiciaire” des Témoins de Jéhovah

Cette situation nous peine grandement, car la victime, si les faits sont avérés, risque de souffrir longtemps des atteintes subies. Notre première pensée est donc une pensée de compassion“, a réagi le Béthel, filiale française des Témoins de Jéhovah, dans un courriel à l’AFP.

Selon cette source, la ligne de conduite “en matière de signalement d’abus sexuels sur enfants” consiste pour “les ministres du culte” à inviter “la victime majeure à révéler les faits aux autorités” ou à demander aux parents de le faire si elle est mineure.

Cette recommandation est suivie depuis de très nombreuses années“, précise le Béthel.

Quant au “comité judiciaire” évoqué par la plaignante, il “est constitué uniquement pour décider si la personne incriminée peut rester membre de l’assemblée ou non” et son action “n’interfère en rien avec la procédure judiciaire devant les autorités“, assure-t-il.

En 2005, un ancien Témoin de Jehovah avait été condamné à 12 ans de réclusion aux assises de la Gironde pour le viol de sa fille.

Quatorze ans plus tôt, les Témoins de Jéhovah avaient fait comparaître l’homme devant le “conseil des anciens” et décidé de l’exclure de la communauté sans toutefois dénoncer les faits à la justice.

Les Témoins de Jéhovah comptent plus de 130.000 fidèles en France, selon leur site internet.

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