Rouen-Nanterre | Édouard le bourgeois, multi-récidiviste accusé d’agressions sexuelles sur mineurs

Déjà condamné à deux reprises pour des faits similaires, il avait toujours bénéficié de sursis

Edouard le bourgeois

Un fervent pratiquant de l’église Saint-Patrice, âgé de 37 ans et enseignant en philosophie, est soupçonné d’avoir abusé d’adolescents.

«Les branches de l’arbre sont secouées et les fruits commencent à peine à tomber… Pour l’instant, il y a six victimes dans ce dossier, mais ce n’est qu’un début… Il y en aura d’autres, j’en suis certaine », prédit Me Agathe Frémy-Barret, avocate de quatre parties civiles.

Patrice Lemonnier, lui, n’emploie pas le futur : l’avocat général affirme que, d’ores et déjà, d’autres familles, qui ont eu connaissance de cette « affaire », se sont déjà rapprochées des enquêteurs.

Cette « affaire », c’est la mise en examen pour « agression sexuelle sur mineur de 15 ans en récidive légale » et l’incarcération d’un homme de 37 ans qui aurait abusé d’adolescents rouennais.

D’après les investigations policières de la Sûreté départementale, ces jeunes garçons, âgés de 10 à 16 ans, auraient subi des attouchements sexuels entre décembre 2012 et le 2 juin 2018. Pendant sa garde à vue et devant le magistrat-instructeur, le mis en cause aurait reconnu en partie les faits et avoir « un comportement déplacé avec les enfants, un comportement anormal », indique son avocate Me Mathilde Sanson, qui s’empresse d’ajouter :

« Est-ce que cela se caractérise pour autant par une infraction sexuelle ? »

Multi-récidiviste

Ce n’est pas la première fois que cet homme doit faire face à ses démons pédophiles.

Il a déjà été condamné à deux reprises :

– En mars 2010, il a écopé de 10 mois d’emprisonnement avec sursis à Nanterre.

– En mai 2013, le tribunal correctionnel de Pontoise a prononcé une peine de trois ans de prison avec sursis à son encontre.

« La réitération des faits, c’est ce qu’il y a de plus inquiétant dans ce dossier ! C’est la troisième affaire d’agression sexuelle sur mineurs depuis 2007, cela commence à faire beaucoup ! », déplore Patrice Lemonnier.

L’Église a dénoncé les faits au procureur

Au fil des années, il a gagné l’estime des uns et des autres. Enseignant le catéchisme, participant aux différentes activités de la paroisse, accompagnant les jeunes en pèlerinage, il est devenu « l’aide de camp » des ecclésiastiques, le copain des adolescents, l’ami des parents.

C’est d’ailleurs cette confiance qui a conduit ces familles rouennaises – très pratiquantes – à l’accueillir chez elles : pour un simple dîner, pour une communion, pour les fêtes de Noël ou de Pâques, mais aussi pour des cours particuliers de remise à niveau scolaire…

Ainsi, le « recalé du séminaire », célibataire endurci, a pu approcher les enfants de près. Seul. Les premières investigations policières laissent apparaître que, le plus souvent, il aurait eu des attitudes déplacées, parfois des gestes appuyés.

Au printemps, l’un des adolescents « a parlé » et s’est confié à ses parents. Le chanoine de l’église Saint-Patrice et le vicaire général du diocèse de Rouen ont fait le reste auprès du procureur de la République, qui a décidé d’ouvrir une information judiciaire. L’instruction devra établir la véracité des faits dénoncés et déterminer le nombre de jeunes victimes potentielles. Me Agathe Frémy-Barret ne cache pas la difficulté pour certaines familles de franchir les portes du commissariat :

« Cela peut être compliqué pour elles. Très investies au sein de leur communauté, elles peuvent avoir un sentiment de culpabilité en dénonçant l’un des leurs. »

Cette semaine, après seulement 21 jours passés en détention provisoire, ce paroissien exemplaire, à qui on donnait le bon Dieu sans confession, a demandé à sortir de prison.

« Je ne veux pas me soustraire à qui que ce soit. Au contraire, a-t-il expliqué. J’ai déjà publié un livre ‘Initiation à la philosophie’, et j’ai commencé il y a cinq ans la rédaction d’un nouvel ouvrage, je veux juste pouvoir le terminer. » Peine perdue.

Source : paris-normandie

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