Pont-Audemer | Le «prédateur sexuel» invitait des adolescentes chez lui et les filmait

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Le sexagénaire a été condamné à 15 mois de prison ferme
 Durant deux ans, il a commis des atteintes à l’intimité et des agressions sexuelles sur des mineurs à Pont-Audemer (Eure).

On pourrait faire le portrait d’un gentil papy gâteau, avec sa bouteille d’oxygène depuis qu’il est traité pour un cancer de l’amiante.

Ce retraité de l’usine d’incinération des ordures ménagères de Pont-Audemer (Eure) paraîtrait bien inoffensif, serviable et attentionné. Surtout avec de très jeunes filles.

L’homme de 67 ans ne s’est pas présenté à son procès qui s’est tenu mardi 4 mars 2025 au tribunal d’Évreux pour des faits d’agression sexuelle sur mineure, d’atteintes à l’intimité, d’incitations de mineures à la consommation d’alcool et de détention d’images pédopornographiques, commis entre 2021 et 2023.

« C’est la maison de la liberté »

Les très jeunes adolescentes, entre 11 et 15 ans, de ce quartier de Pont-Audemer, aiment bien se rendre chez le sexagénaire. La porte leur est toujours ouverte.

Elles peuvent faire ce qu’elles veulent, ce n’est pas comme à la maison. Selon le propriétaire des lieux, c’est « la maison de la liberté ».

Elles peuvent y faire les folles, fumer leur première cigarette ou boire leur premier verre d’alcool.

Le sexagénaire est généreux, il leur offre des vêtements, des parfums, des chaussures, des maillots de bain pour tester le bain à remous qu’il vient d’installer dans le garage et des sous-vêtements affriolants qu’il leur demande d’essayer dans la chambre voisine.

Elles ignorent que la maison est truffée de caméras. Cette situation n’est pas sans faire penser au conte des frères Grimm, Hansel et Gretel, dans lequel une sorcière attire les enfants dans sa maison de sucre et de pain d’épices pour mieux les dévorer

Montages répugnants

Dans l’ordinateur du prédateur sexuel, les enquêteurs retrouvent les séquences vidéo de la chambre où les adolescentes se déshabillent.

Ces captations sont retravaillées, des images en sont extraites et agrandies avec une prédilection pour les seins, les fesses et le sexe. Il réalise également des montages répugnants.

Sur le portrait d’une très jeune fille en gros plan, il ajoute un pénis entre les lèvres. Une autre séquence montre une ado qui se rase le pubis. L’imagination dépravée du sexagénaire est sans limite

L’expertise psychiatrique dresse le portrait d’un homme à « caractère pédophile », « frustre et possessif ». « Vous êtes à moi », dit-il souvent, ou encore « tu es ma petite femme ».

Un chasseur passé maître dans la prédation de jeunes filles carencées affectivement et matériellement.

Le comportement de certains parents en cause

Le président Wladis Blacque-Belair s’étonne cependant du comportement de certains parents dont il estime qu’il y aurait beaucoup à dire.

Un premier signalement est fait par le frère d’une des victimes en 2021. Pourtant, les faits prospèrent jusqu’en 2023, sous le regard parfois bienveillant de parents amis depuis que l’homme avait hébergé la mère d’une des jeunes filles dans sa jeunesse

Aux yeux de cette mère, il fait figure de père de substitution ou de grand-père. Le déni est manifeste lorsque le pervers lui envoie la photo de sa fille nue sur le canapé du salon au prétexte d’explorer l’origine d’une infection urinaire dont se plaint l’enfant. Cela n’éveille aucun soupçon…

« La prédation de jeunes filles carencées »

Lors de son audition par les gendarmes, il faudra un long moment pour que la mère sidérée convienne que l’image est choquante. Il ne faut cependant pas mettre tous les parents dans le même panier.

Le père et la mère d’une jeune fille représentaient leur fille : « Nous avions interdit à ce pervers de recevoir notre fille et nous avions porté plainte », souligne le père

Sur les six parties civiles, seules deux sont présentes à l’audience.

Les autres sont représentées par leurs avocates. L’une d’elles cerne bien la stratégie de cet agresseur sexuel comme celle « d’un chasseur passé maître dans la prédation de jeunes filles carencées affectivement et matériellement ».

Au terme des débats, le sexagénaire est reconnu coupable des faits de la prévention et est condamné à 30 mois de prison, dont quinze avec sursis probatoire accompagnés d’obligation de soins psychologiques et de l’interdiction de travailler avec des mineurs et de rencontrer les victimes.

En outre le prévenu est inscrit au fichier des auteurs d’infraction à caractère sexuel et un mandat d’arrêt est décerné à son encontre.

 

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