Sarlat | 6 mois ferme pour un professeur de collège de 39 ans qui abusait d’une élève de 13 ans

Un professeur du collège Saint-Joseph de Sarlat était jugé mardi à Bergerac, pour avoir entretenu, en 2015, une relation à caractère sexuel avec une de ses élèves, âgée de 13 ans.

Tirant sur les pans de sa chemise, Gildas Moulin décrit ce qu’il aimait chez cette collégienne :

« Sa spontanéité, son insouciance, son fort caractère, elle était surprenante… »

Sauf qu’à l’époque, en 2015, il avait 39 ans quand elle n’en avait que 13.

Impossible dès lors de parler d’idylle réciproque ou de relation équilibrée.

Mardi, il comparaissait en correctionnelle devant le tribunal de Bergerac, pour atteinte sexuelle sur la mineure en ayant abusé de son autorité, et de corruption de mineure.

Des faits qu’il a reconnus dans leur ensemble.

2 891 appels ou textos

Leur histoire s’est nouée fin 2014.

Comme nombre d’adolescentes de son âge, la jeune élève traverse une période de doute.

Inscrite au collège Saint-Joseph de Sarlat, elle s’en ouvre à son professeur d’histoire-géographie, Gildas Moulin.

Dans un premier temps, ils se contentent d’échanger leurs numéros de téléphone.

Puis, « pendant plusieurs semaines, plus rien », expliquait-il mardi.

Mais l’un et l’autre se rapprochent et les échanges se multiplient : en quatre mois, de février à mai 2015, les enquêteurs ont comptabilisé « 2 891 appels ou textos », rappelait Me Nathalie Landon, conseil de l’adolescente.

L’attirance du professeur pour son élève est telle qu’un jour, il lui demande si elle est amoureuse de lui :

« Il ne se passait rien entre nous, mais je voulais savoir. »

La jeune fille succombe, tout en précisant « qu’elle n’avait pas l’intention d’aller plus loin, notamment sexuellement », a rappelé la présidente du tribunal.

Dès lors, les rencontres sont de plus en plus fréquentes.

Et bientôt, un simple baiser volé dans un recoin de l’établissement est remplacé par une caresse, puis des attouchements en voiture ou dans le CDI, des demandes de masturbation…

Les gestes sont toujours plus intimes, sans jamais aller jusqu’à la pénétration.

Au collège, la rumeur enfle.

« Je connaissais les limites »

En mai, le directeur de Saint-Joseph s’en ouvre à sa hiérarchie, la direction diocésaine et le rectorat, et non pas au parquet (1).

En parallèle, les élèves s’en prennent à la jeune fille qui finit par craquer, et son père par déposer une plainte à la gendarmerie.

« Je voulais lui faire plaisir, j’avais peur qu’il parte, qu’il m’abandonne, témoignait-elle, mardi, à la barre.

Je ne pensais pas qu’il m’avait manipulée.

Je croyais que j’étais une fille mature. »

Ce n’est que plus tard qu’elle a compris, « à la gendarmerie et dans des discussions. »

Mais pour l’enseignant à la barre, l’énigme reste entière :

« Je connaissais les limites.

Pourquoi elle, pourquoi à ce moment-là ?

Je ne sais toujours pas.

Entre la collégienne et ma compagne, j’ai choisi cette jeune fille.

Entre cette dernière et mon travail, j’ai aussi choisi l’élève.

Cela m’a dépassé.

Quand on est amoureux, il est trop tard. »

Des séquelles

Exfiltrée dans un autre établissement, l’adolescente souffre toujours de séquelles psychologiques.

Quant à son professeur, il lui est depuis interdit d’exercer toute activité le mettant en relation avec des mineurs.

Mardi, il a été condamné à six mois de prison ferme.

En outre, il devra dédommager sa victime à hauteur de 7 000 euros, ses parents de 2 000 euros chacun, en plus des 1 500 euros à régler à l’association Enfance et partage, elle aussi partie civile.

Par ailleurs, il a été inscrit au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes.

(1) Le directeur a été jugé pour cette non-dénonciation en janvier. Il a été relaxé en première instance, et le parquet a fait appel.

Source : Sud-Ouest

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