Valenciennes | Justice laxiste pour les 10 hommes accusés de relations sexuelles tarifées avec une collégienne de 14 ans
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
non
- 16/05/2024
- 21:40
Actualisation du 15 Mai 2024
Justice laxiste pour 10 ordures, 26 à 60 ans, prétendument “Monsieur Tout le Monde”, qui ont violé, maintes fois, une gosse de 14 ans et 49 kg habillée (selon la police, au moins 50 adultes l’ont souillée)
Le tribunal judiciaire de Valenciennes a “condamné”, ce vendredi, 10 hommes, âgés entre 25 et 60 ans, à des “peines” allant jusqu’à 10 mois de prison ferme pour avoir eu des relations sexuelles parfois tarifées avec une adolescente de 14 ans.
Deux autres hommes sont condamnés à de la prison avec sursis pour avoir détenu des images pornographiques de la victime.
Le tribunal a considéré que tous ces hommes ne pouvaient ignorer que l’adolescente avait moins de 15 ans au moment des faits.
Un délibéré qui satisfait globalement l’avocat de la victime, Maitre Gregory Frère :
“Ce qui est satisfaisant, c’est que l’ensemble des prévenus condamnés a été reconnu coupable des faits. Il y a des relaxes partielles sur certains points, mais en réalité ils sont tous reconnus coupables des faits commis à l’encontre de la victime.”
L’avocat de l’adolescente espère surtout que ces peines significatives seront un exemple de condamnation :
“En tant qu’avocat des parties civiles, on n’est jamais satisfait d’un délibéré parce que ça ne rattrape jamais le préjudice réellement subi par cette demoiselle. Certes, c’est une condamnation, c’est important pour la justice, pour la société. J’espère que ces condamnations vont en dissuader d’autres d’avoir recours à de la prostitution de mineure ou en tout cas d’avoir des discussions ou des échanges comme ça avec des jeunes filles mineures.”
Ces onze hommes devront tous entamer une démarche de soins. Ils ont également interdiction d’entrer en contact avec la victime et d’exercer pendant cinq ans une activité salariée ou bénévole en contact avec des mineurs.
Ils sont par ailleurs tous inscrits au fichier d’auteurs d’infractions sexuelles ou violentes.
Article du 01 Mai 2024
6 mois de prison ferme ont été requis contre 11 des 12 prévenus jugés à Valenciennes pour des viols correctionnalisés en agressions sexuelles infligés à une enfant de 14 ans rencontrée sur Snapchat ou coco.fr
Au tribunal de Valenciennes, ce jeudi 25 avril 2024, nous suivons le procès de 12 hommes jugés pour recours à la prostitution et sollicitation d’images à caractère pornographique et atteinte sexuelle à l’égard d’une collégienne, à travers les tweets de Marion Dubreuil, journaliste judiciaire chez RMC.
Ces prévenus âgés de 26 à 61 ans, apprentis, chômeurs, cadres ou bien encore agriculteur sont entrés en contact avec la collégienne sur le site internet de rencontre #Coco connu pour servir de plateforme à la prostitution y compris des mineurs.
L’affaire a débuté quand les parents de la collégienne ont signalé sa fugue il y a un an.
L’adolescente de 14 ans a été retrouvée chez un agriculteur de 53 ans qui sera aujourd’hui sur les bancs des prévenus juge pour atteinte sexuelle.
En exploitant le portable de l’adolescente, les gendarmes avaient découvert que la collégienne était en contact avec des hommes majeurs sur le site internet de rencontre coco connu pour servir de plateforme à la prostitution.
La présidente appelle les prévenus à la barre les uns après les autres pour leur rappeler les faits qui leurs sont reprochés.
Ils défilent les uns après les autres sous le regard du père de la collégienne, partie civile.
On est marqué par la variété des profils.
La procureure demande la requalification des faits d’atteinte sexuelle en agression sexuelle par un majeur sur un mineur de moins de 15 ans.
« La peine encourue est la même, »
rappelle la magistrate qui explique que ce dossier a été correctionnalisé.
En effet ce dossier qui porte sur des violences sexuelles sur une mineure de moins de 15 ans tombe sous le coup de la loi du 21 avril 2021.
Un dossier correctionnalisé, cela veut dire que les faits auraient pu faire l’objet d’une instruction pour viol sur mineur, mais que la victime a accepté que les faits criminels soient traités comme des délits pour être jugés plus vite en correctionnelle.
En avril 2023 le père de la collégienne avait signalé une fugue de sa fille.
Il avait expliqué aux gendarmes qu’elle s’était isolée depuis un an dans sa chambre sur sa console. Ses notes avaient chuté.
La mère de l’adolescente avait retrouvé une vidéo de sa fille qui se filmait nue sous sa douche.
Une vidéo échangée sur les réseaux sociaux avec un inconnu.
Le père avait eu une discussion avec sa fille:
« Elle expliquait qu’elle se cherchait sur le plan de la sexualité. »
Le tribunal a diffusé des photos de la collégienne décrite par un médecin légiste avec « une corpulence longiligne 1m61, 49 kilos ».
Sur les clichés, elle paraît jeune, frêle, une adolescente de 14 ans.
Entendue en audition par les gendarmes, Mélanie la collégienne, avait donné des précisions sur chaque adulte avec lequel elle avait eu des contacts (jusqu’aux tatouages, cicatrice des prévenus) et donné des précisions sur les lieux.
Premier prévenu
A la barre le premier prévenu le seul poursuivi – uniquement – pour sollicitation et détention d’images de mineurs à caractère pornographique, assure qu’il pensait qu’elle avait 18 ans.
« Pour moi clair et net elle était sur coco, elle avait 18 ans .
Des fois dans la conversation on se dénudait … même en voyant son visage, je pensais qu’elle avait 18 ans.
Je travaille et certains de mes collègues ont 30 ans et en paraissent 18 ans. », dit l’homme à la barre de 45 ans
La procureure lui demande:
« Quand vous avez vu son visage en visio au moment où vous pratiquez des masturbations en visio, vous ne vous êtes pas rendu compte qu’elle était mineure ?
Elle vous a dit qu’elle avait 16 ans, elle a parlé d’un lycée…
Monsieur, vous avez 3 filles vous avez suivi toute leur adolescence.
C’est compliqué de croire que quand vous voyez Mélanie* (la victime), vous ne vous doutez pas qu’elle a 14 ans?»
– Je pensais pas qu’on puisse s’inscrire sur coco à cet âge», répond il.
– Vous pensez pas qu’on puisse mentir sur son âge pour s’inscrire sur coco ?
– Non maintenant je le sais, répond le prévenu
– Pourquoi coco?
– Parce que j’ai tapé site de rencontre sur Google et c’était le premier.
Je cherchais quelqu’un de mon âge.
– Vous ne saviez pas que Coco pouvait favoriser la prostitution notamment des mineurs ?
– Non, je ne savais pas.
– Pourquoi avoir continue d’échanger avec elle alors qu’elle n’avait clairement pas votre âge
– Parce qu’on discutait on parlait.
– Vous parlez de quoi avec elle ? demande la procureure
– De tout.
– Quoi?
– Ce qu’elle mange, a déjeuné les céréales du matin.
Qu’est ce que tu vas faire après l’école ? Des choses banales.
– Des choses banales pour une adolescente,» sanctionne la procureure.
La présidente demande alors:
« Pourquoi avoir voulu la rencontrer, alors que vous aviez déjà échangé des images vidéos à caractère sexuel?
– Pour continuer de discuter.
– En toute amitié, ironise la magistrate.
– Quand vous la voyez nue sur les vidéos, elle n’avait pas un poussin dans les mains ou un casque sur les oreilles, elle avait quoi dans les mains?, demande son avocate
– Des objets (sous entendu des sextoys) qu’elle cachait sous un oreiller, qui n’était pas de son âge.
Je me suis bien fait avoir, conclut le prévenu
– Donc elle est responsable, c’est de sa faute, demande la présidente
– Maintenant j’ai peur, faut faire attention sur internet
– Vous avez peur pour votre fille, mais pas pour la victime
– Non c’est global. »
Deuxième prévenu
Le 2e prévenu jugé pour atteinte sexuelle dit avoir échangé avec la collégienne d’abord sur coco puis sur snapchat.
L’homme à la barre se défend d’avoir échangé des nudes avec elle.
La présidente rappelle que ce genre d’échanges se passe sur ce réseau car ils s’effacent.
« C’est elle qui m’a donné rdv dans un parc.
En la voyant j’ai eu un doute.
Elle m’a redit qu’elle avait bien 16 ans et demi et on a discuté dans la voiture.
On a parlé de sa vie, de ma vie et après on a pris place à l’arrière, et les choses se sont passées fellation puis actes.
– Elle explique que vous deviez lui donner de l’argent ce que vous n’avez jamais fait pour un rapport vaginal non protégé.
Elle dit qu’elle vous a envoyé des photos de nu.»
L’avocate du prévenu intervient pour rappeler que la collégienne est revenue sur ses déclarations.
« J’ai quand même eu le sentiment d’avoir fait une bêtise quand elle est repartie.
– Vous vous questionnez quand même longuement sur cet âge qu’elle pouvait avoir?
– oui, oui.
– vous l’aviez mise en garde des dangers sur internet, l’interroge l’avocat de la collégienne.
– Oui, mais il se justifie sur sa position immédiatement,
Moi perso je n’étais pas dangereux je n’étais pas un criminel.
– Vous aviez quel âge ?
– 38 ans.
– Elle, 14 ans. »
Il ajoute:
« Mais c’était pas une gamine. Elle savait très bien ce qu’elle faisait. Je pensais qu’elle avait 16 ans.»
Une magistrate lui demande l’âge de la majorité en France. Il répond 18 ans.
« Pourquoi on n’a pas de relation sexuelle avec les mineurs ? demande la procureure.
– J’ai passé du temps à chercher et puis à comprendre qu’elle était en danger, qu’elle appelait à l’aide qu’elle avait besoin d’une oreille attentive.»
Troisième prévenu
Le 3e prévenu conteste toute relation sexuelle avec la victime.
Il affirme que lorsqu’il a rencontré la collégienne, il a renoncé à tout.
« J’ai vu qu’elle était très mineure »
Elle a déclaré en audition qu’elle lui avait pratiqué une fellation.
« Ce qu’on retrouve dans votre ordinateur, ces vidéos à caractère pédopornographique, consultation du dark web,
On vous reproche sur un autre secteur un rôle de proxénète ?
– Je sais pas, je veux pas répondre.
– Vous reconnaissez vous faire passer pour une femme pour piéger des hommes?
– Oui
– Pourquoi avoir eu recours à la prostitution de mineurs?
– Parce que j’étais en galère.
J’étais apprenti en boulangerie, exploité 16 h par jour.
J’ai eu un lumbago, arrêt de travail.
J’avais pas d’aide pas de chômage, je devais payer mon loyer…»
Quatrième prévenu
Le 4e prévenu s’avance à la barre.
Il raconte avoir liké une vidéo de la victime sur snapchat sur une patinoire, ce qui a initié la discussion avec l’adolescente.
Ils ont échangé des vidéos de nu.
Il précise qu’il ne voyait pas son visage.
Ils se sont rencontrés dans un parc.
« C’est vrai que quand je l’ai vue, elle faisait gamine.
C’est pour ça que je lui ai demandé son âge.
– Elle dit que vous avez voulu faire des choses avec elle, qu’elle a refusées,» reprend la présidente.
« Sa mère explique qu’elle vient d’être pubère, et vous avez vu sa poitrine ?
– Rapidement, parce que sur snap chat les photos ne restent pas.»
Comme les autres prévenus, il a une injonction de soin depuis janvier dernier, et comme les autres ils parlent d’un travail avec le psychologue qui porte uniquement sur lui (sans mentionner la victime).
Cinquième prévenu
« Derrière l’écran on peut dire ce qu’on veut sur l’âge
– Vous n’avez pas pris la précaution de savoir son âge, souligne la juge
– Moi je lui donnais 16 ans.Je lui ai demandé quels services elle proposait.J’avais le brouillard : je le fais, je le fais pas…Avec tout ce que je traversais (la mort de son beau frère)
– Vous avez fait ça pour assouvir votre plaisir, le reprend la présidente
– Vous avez reconnu lui avoir donné de l’argent, dit le juge
– D’après ce dont je me rappelle, elle voulait pas mon argent
– C’est pour ça que vous la rencontriez, pour assouvir votre propre désir.»
«On a le droit de dire non», lui rappelle la présidente
« Ce que j’ai fait je regrette explique le prévenu
– Pour vous ou pour la jeune fille?
– Pour elle aussi bien que pour moi
« La première photo qu’on vous a envoyé c’était sans visage, est ce que c’était une provocation?
– Il y avait des tarifs et puis la vidéo
– Donc c’était clairement une incitation, ponctue l’avocat.
Sixième prévenu
Il dit que lorsqu’il l’a rencontrée dans sa voiture , « ça a dérapé », il précise une fellation sur question de la présidente.
« La première fois que je l’ai rencontré dans mon véhicule, elle m’a dit avoir 16 ans
– Est ce que vous vous questionnez sur son âge ?
– Pourquoi je ne l’aurais pas cru, bredouille le prévenu ?
– Elle parle beaucoup de vous, parce que vous êtes le 1er à qui elle a pratiqué une fellation?Elle dit aussi que vous l’avez pénétré digitalement.Elle dit que vous l’avez un peu forcé :« si ça va le faire » pour un rapport anal.Et elle dit que vous connaissiez son âge.Elle a été chez vous.Elle dit que vous lui avez donné de l’argent.Elle a même prévenu votre femme, poursuit la juge.Elle parle de 4 fellations en tout et que vous lui avez donné plusieurs fois 10 euros.Vous êtes détenteur d’images et de vidéo à caractère pédopornographiques Qu’est ce que vous avez à dire ? Vous êtes allé sur le darknet
– des images que je ne veux pas voir ni détenir.J’avais des pensées suicidaires.Je suis allée sur Tor pour des images noires.
– Depuis le début de l’audience vous ne regardez pas le tribunal.
– parce que j’ai honte je culpabilise
– Mais pourquoi avoir honte si vous n’avez rien fait.
– Parce que j’ai honte de ces images retrouvées sur mon ordinateur.Je culpabilise surtout d’avoir menti à mon épouse. »
« Cette jeune fille vous a beaucoup vu et comme vous êtes sa première relation sexuelle elle a développé un attachement pour vous.
– Oui c’est vrai, je l’ai ressenti. »
« Je pense que aujourd’hui c’est compliqué mais c’est peut être un bien pour un mal ».
Septième prévenu
« – On s’est donné rendez vous.Je lui ai sans doute demandé pourquoi pas de se voir dans la semaine.
– Pour quel motif ?
– Pour se voir.
– Elle, elle dit pour une fellation convenue à l’avance!
– On s’est donné rendez vous.On s’est vu, on s’est plu, on s’est embrassé, enlacé, et je lui ai demandé une fellation.J’ai fait ça pour savoir si je pouvais encore plaire et si j’aimais vraiment madame. (Sa femme)
– On a reparlé de jeux vidéos et après j’ai mis fin et je regrette.
– Pourquoi?
– Par rapport à ma compagne.
– Je savais qu’elle était lycéenne et elle, elle savait que je travaillais.
– Il y a 48 échanges sous toute la période entre vous, de vous ou en Ping Ping, réciproque ? demande son avocat. »
Huitième prévenu
« Vous savez qu’elle était mineure et vous lui demandez des photos à caractère sexuelle.
– De la curiosité j’étais célibataire depuis Longtemps. »
« Sur le coup, j’ai pas vu le mal parce que j’ai pas lancé le truc en premier.Je suis l’adulte.J’aurais du l’engueuler en tant que papa, poursuit le prévenuMoi, elle m’a jamais parlé d’argent de prostitution.
– Vous pensez qu’une jeune fille de 14 ans est attirée par quelqu’un de 56 ans?vous dites «elle m’a choisi» reprend la juge.
– Je sais pas et puis on a dérapé tous les deux je me suis laissé séduire.
– La première fois vous êtes allée la chercher dans une voiture verte sur un canapé, vous avez tout pratiqué sauf la pénétration anale.
– Non, on n’a pas tout fait.On s’est déshabillé, elle est venu entre mes jambesJ’ai eu du mal à avoir une érection.La deuxième fois ça a duré 5 minutes.
– Pourquoi préciser ça, ça minimise? lui demande la juge.
– Je suis là pour assumer, je sais que j’ai fait une connerie.Je tiens vraiment à m’excuser, Monsieur.»
« Vous saviez que vous étiez le 1er à la pénétrer vaginalement?
– Non, je le savais pas, je l’ai su ensuite.
– Comment on peut pas penser à mal alors qu’on est face à une jeune fille?
– La solitude, le manque d’affection… aucun contact avec personne…
– Mais cette jeune fille a 14 ans!
– Vous parlez encore de rencontre aujourd’hui ? demande la juge,
– Non, mon erreur aujourd’hui, je la reconnais, poursuit le prévenu.
– Vous aviez 47 ans.Pourquoi vous adresser à une gamine de 14 ans ?, demande une assesseure
– C’est pas moi qui suis allé la draguer.
– Mais ça on s’en fiche que ce soit vous ou pas.
– Tout le temps être seul personne à aimer … énumère le prévenu
– 14 ans, 46 ans cherchez l’erreur!
– J’assume, j’avais conscience de la jeunesse, mais pas de l’âge.
– Vous expliquez qu’elle faisait des story de collégienne et ça tout le monde y avait accès, reprend la procureure.Elle a saigné pendant le premier rapport sexuel avec elle et ça vous a pas empêché d’y retourner monsieur.Vous pensez qu’on sait à quoi on consent quand on a une relation sexuelle, quand on est mineure pour sa première fois avec un majeur ?
– Je suis sincèrement désolé, conclut le 8e prévenu en s’adressant au père de la victime.J’espère qu’elle pourra se reconstruire avoir une vie épanouie.»
Neuvième prévenu
« Elle me disait avoir 18 ans souhaitait avoir une relation avec quelqu’un de plus âgé.Elle a fini par m’avouer dans les sms son âge de 16 ans.
– Avant ou après les nudes? demande la juge.
– Je n’ai pas le souvenir.
– A partir du moment où elle vous dit qu’elle a 16 ans vous continuez?
– J’ai hésité parce qu’on avait un gros écart d’âge.
– Vous aviez quel âge ?
– 59 ans
– Quand vous l’avez rencontrée vous n’aviez aucun doute sur le fait qu’elle ne soit pas plus jeune que 16 ans?Que s’est il passe dans cette voiture ?
– Fellation et pénétration.
– Elle disait qu’elle se faisait bannir par les sites à cause de sa photo de Meetic.
– Vous, cette photo n’a pas émis d’alerte particulière ?
– Non.
– Vous avez eu d’autres relations avec des jeunes femmes de 18 ans?
– 19 ans, rectifie le prévenu.
– Vous êtes lapidaire sur ces échanges, le reprend la procureure, pendant ces 1000 échanges vous vous dites quoi
– Je ne sais pas.
– Elle ne vous parle pas de sa vie la victime ?
– Ce qu’on a fait de nos journées.… C’est pas moral …
– Ce n’est pas pas moral le reprend la procureure sinon on ne serait pas ici.»
Dixième prévenu
« On a échangé.Elle m’a envoyé un snap nu d’elle.
– On a parlé que de sexe et on s’est rencontré.J’ai été la chercher derrière la mairie.
– Pourquoi vous avez pas demandé son âge pourquoi on prend pas la peine la mesure de vérifier alors qu’elle vous a déjà menti en disant 20 ans puis 18 ans?Vous vous étiez questionné sur son âge?
– On a été directement chez moi fellation cunnilingus et pénétration
– elle m’a annoncé son âge bien après qu’on ait des rapports.Son vrai âge après
– Vous aviez connaissance de l’âge légal des relations sexuelles parce que votre frère a lui même été condamné pour détention de pédopornographie.»
Onzième prévenu
« Elle me dit qu’elle est lycéenne.
– Vous lui demandez l’âge qu’elle a?
– Oui, plusieurs fois, elle voulait pas me répondre.
– Et vous vous êtes pas dit il y a un loup, quelque chose qui cloche?
– Elle dit 17 ans, bientôt 18.
– Elle vous a dit 16 ans.
– Je sais plus.
– Vous en aviez rien à faire en fait.
– On a échangé sur la moto. On a fait des tours.On a parlé de tout et de rien.
– ça veut dire quoi?
– La vie en général ?
– De ses parents ses copains ?
– Elle s’est confiée un peu.
– Elle est venue chez vous ?
– Oui.»
« Et c’est vous qu’elle a appelé quand elle veut fuguer?
– Je lui ai dit faut pas fuguer tu vas inquiéter tes parents.
– Mais vous vous demandez pas son âge là?
– Vous lui avez acheté des choses ?
– Des chaussures. »
« ça vous fait mal ?«Je pense que ça fait plus mal au M. ici»
– Si mon père était à votre place, le prévenu pointe le tribunal, il me mettrait en prison pour longtemps.Je voulais m’excuser auprès de monsieur et de toute sa famille pour le tort que j’ai pu causer si j’avais un peu plus de jugeote je serai pas là aujourd’hui »
Douzième prévenu
« Elle m’a dit je fait tout et m’a proposé son snap.
– Très vite, vous avez su qu’elle avait 14 ans.
– Oui, oui. J’étais déjà effaré par le nombre de personnes qu’elle avait rencontrées,11 ou 13 (à la fin 19).
– Elle vous disait quoi?
– Elle aimait les personnes adultes critère de sélection selon les personnes relation tarifée ou non.
– J’étais effaré.
– Vous avez cherché à contacter ses parents ?
– J’ai j’ai, je lui donné 100 euros.J’ai fait ça pour trouver une solution… parler aux services sociaux?
– Pourquoi vous l’avez pas fait ?
– Euh…
– Et vous avez fait d’autres choses?
– J’ai pris le temps.
– Vous, grand seigneur, vous pensiez la sauver de ça? demande avec ironie la magistrate.
– Appeler ses parents, c’était la trahir.
– La trahir ou la protéger.
– Par rapport à sa relation conflictuelle avec ses parents c’était la trahir.
– Pas de conflit souffle le père de la collégienne.
– Vous recevez des photos et vous y répondez pour y aller un jour.
– Non pour moi ça se cantonnait aux photos.Je me demandais pourquoi j’avais dépassé cette ligne rouge.
– Ce qui est énervant c’est votre propos de la protéger de la prostitution et en plus vous participez.
– Vous disiez attendre qu’elle ait 18 ans pour avoir des rapports sexuels.
– J’avais une attirance pour elle mais je me suis toujours dit non pas avec une mineure.
– Qu’est ce qui s’est quand même passé ?
– On a échangé un câlin serré dans mes bras très fort, je l’ai touchée.
– Où ?
– Fesses seins, au dessus de ses vêtements.
– Et elle ?
– Elle m’a touché aussi.
– Le sexe ?
– Oui.
– Elle ne dit rien au début comme pour vous protéger.
– Comme elle le demande vous la traitez de chienne et de salope poursuit la juge.Comment s’est passé la fugue ?
– Elle n’est pas allée au collège je suis allé la chercher et j’ai manqué de discernement.Je regrette de ne pas m’être arrêté à la gendarmerie, je l’ai ramené chez moi.
– Je l’ai déposée dans mon bâtiment agricole,mon épouse allait rentrer chez moi.Je l’avais mis avec une couverture à manger à boire et un chargeur de téléphone.J’ai essayé de discuter avec elle en lui disant faut que tu rentres.
– Vous avez une fille monsieur.
– Oui.
– Elle s’appelle comment ?
– Pareil. Je sais pas si c’est ce prénom qui fait que j’ai eu pitié d’elle.
– Pas pitié, monsieur la reprend le juge.J’ose espérer que vous envoyez pas ce type de photos à votre fille.
– Si vous vouliez tant que ça la protéger pourquoi l’avez vous amenée dans les bras d’un autre homme pendant sa fugue? demande l’avocat du père de la victime.
– J’étais prêt à le suivre je l’ai fait parce que c’était la volonté de la jeune fille.
– Comment vous expliquez que sur tous ces hommes présents aujourd’hui pas un n’a dit stop? Vous pensez qu’ il s’agit d’une impunité en ligne ?
– Non, pas d’impunité en ligne, on doit être puni.
– Vous auriez abordé une jeune fille comme ça dans la rue ?
– Non.
– On avait confiance l’un en l’autre, estime le prévenu.
– Est ce qu’il y avait un danger qui vous empêchait de ramener cette jeune fille à la gendarmerie ? demande un avocat de La Défense.
– Rien. Elle aurait de nouveau fugué.On n’aurait plus eu de contact. »
Père de la victime
« Comment votre fille vit la procédure, demande la juge;
– Elle s’en est détachée, c’est pas son souhait, elle leur en veut pas.
– L’experte dit qu’elle n’est pas en mesure de se dire qu’elle a été victime.
– Elle a parfois des tics de nervosité, explique son père.
– Vous craignez que votre fille se prenne un boomerang.
– Là, elle veut montrer qu’elle est maître des choses pour sa fierté.
– Pour éviter qu’elle ne s’effondre?, demande la magistrate.
– Pour rester forte, confirme son père.
« Pourquoi elle est partie dans cet univers là elle a peut être souffert à cause de nous on se sent coupable mais rien de grave qui aurait pu faire partir une enfant la ou elle ne devait pas aller.Elle fait plus jeune que son âge.A 14 ans elle faisait 12 ans, elle pèse 49 kilos habillé simplement.Pas maquillée, c’est une enfant. »
« Comment on peut croire qu’elle a 17-18 ans, c’est pas possible » reprend son père« Qu’est ce que j’attends de cette procédure ?Que les gens deviennent plus humains », conclut le père de la victime.
« Je connaissais même pas coco et après l’enquête, elle n’avait plus de portable.Elle a réussi à s’en procurer.C’est incontrôlable, si vous avez une solution, je vous amène ma fille.»
Plaidoirie de l’avocat de la victime et réquisition de la procureure
« Pas de relation d’amitié tendresse avec une gamine quand on a 50 ans.Quel besoin viscéral compulsif de regarder les story d’une gamine à la patinoire ou d’échanger avec elle sur Fortnite quand elle est dans sa chambre ses parents en bas. »Ils ont pas voulu se poser la question de son âge, pour eux ça va s’arrêter aujourd’hui peut être avec une condamnation, pour elle ça commence aujourd’hui, elle est en train de s’effriter »
« Ce n’est pas le dossier des réseaux sociaux, ni celui de la malchance, c’est le dossier de 12 hommes » explique la procureure qui reprend l’historique du dossier.« Les précisions de la victime, ces détails, c’est le pendant assez dur du prétendu détachement de cette adolescente.Le fait qu’elle se souvienne de chaque homme chaque détail me fait penser que ce n’est pas si anodin.Elle n’était pas maîtresse de ce qu’il s’est passe.On ne sait pas à quoi on consent quand on a 14 ans. »
« Il faut mesurer la lourdeur d’une instruction.Vous savez combien les cabinets de juges d’instruction de Valenciennes sont encombrés et le choix a été fait vu le dossier de retenir des qualifications délictuelles pour une réponse plus rapide mieux comprise de tous »
Plaidoirie de la défense
«On ne peut pas juste croire la parole de l’enfant.Ce n’est pas parce qu’elle a dit avoir dit à mon client qu’elle avait 16 ans qu’on devrait croire que cette info a été donnée à mon client.Outreau a existé» poursuit cette avocate.
Me Arnaud Ledru défend un cadre de la CPAM sexagénaire qui voit dans la Requalification requise par le parquet de l’atteinte sexuelle en agression sexuelle une faiblesse de l’accusation.
« Depuis ce matin, je n’ai pas entendu 12 détraqués sexuels, pas de dangerosité pas de risque de récidive pas de perversité dans les rapports d’expertise.C’est un peu des monsieur tout le monde »
« La mineure qui n’a pas exprimé de regrets quand aux faits. On vous parle de viols correctionnalisés du côté du parquet mais pas de mandat de dépôt. J’ai entendu que des vies bouleversées de ce côté de la salle, poursuit l’avocat de La Défense.
« La question du leurre est établie.La mineure a menti sur son âge.Elle dira un âge différent en fonction des personnes.A l’un des prévenus qui lui demande son âge quand il la rencontre, elle répond 17 ans et assure qu’elle ne fait pas son âgeCe n’est pas parce que vous avez une petite poitrine que vous avez 14 ans.Je n’ai pas une petite poitrine et je n’ai pas 14 ans », plaide l’avocate en évoquant une photo de la mineur et de son corps frêle.Un large coup de filet pour des faits sordides », Me Pauline Maillard reprend le titre du Parisien après l’audience de comparution immédiate renvoyée en janvier dernier.Ce dossier, il est sale si l’on croit France 3, Bfmtv dans cette salle, vous n’avez pas 12 proxénètes pas 12 pédophiles mais 12 profils totalement différent. Et surtout un dossier différent de sa présentation dans les médias.Pour des raisons logistiques, reprend l’avocate qui cite le ministère public, ils ne sont que 13 – 12 aujourd’hui, 1 prévenu déjà condamné – »
« Mon client dit qu’il est sur coco pour le sexe il est clair dans ses propos pas d’hypocrisie.Il reconnaît avoir un problème en étant addict au sexe.Je peux me draper de moralité pour le dénoncer. »
« Il est là pour prendre sa responsabilité.Il a cette volonté d’être sanctionné mais avec justesse pour ce qu’il a fait.Dans mon code pénal il n’est pas interdit d’avoir des sentiments, poursuit Me Blin.Est ce que cette gamine a une part de responsabilité ?Mais bon sang non, pas une seule seconde.Mais il ne faut pas oublier les circonstances la façon dont les choses se déroulent.120.000 euros pour la jeune fille, et 30.000 pour ses parents je trouve que ce sont des dommages et intérêts surévalués au regard du préjudice même si je ne le conteste pas. » poursuit Me Blin.
« Désolé. »
« Rien à ajouter. »
« Si j’avais su que votre fille était mineure ce ne serait jamais arrivé.J’ai une fille aussi je le vivrai très très mal si ça m’arrivait. »
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