Béziers | Inceste, Père et oncle pédocriminel, 5 enfants victime

Quatre années de prison et mandat de dépôt ont été décidé lors de l’audience, ce vendredi 28 avril. L’enquête avait mis au jour tout un lot d’agressions subies depuis l’école primaire.

JEAN PIERRE AMARGER

“Les larmes, c’est ce qui sèche le plus vite !”

Ce vendredi, avec cette simple phrase, un père, un oncle, a anéanti toute possibilité de reconstruction de ses cinq victimes.

En quelques mots, il a rangé sa fille, ses deux nièces, une amie et son neveu au rang de simples objets. En quelques mots, il a nié l’ensemble des accusations qui pesaient sur lui. Il a agressé, une fois de plus, publiquement, des adolescents qui venaient devant le tribunal de Béziers chercher réparation.

Un homme décrit comme charmant

Pour des faits d’agressions sexuelles par ascendant ou par personne ayant autorité cet homme, demeurant à Agde, a été condamné à 4 ans de prison et placé sous mandat de dépôt. Une décision du tribunal qui lui a coupé les jambes, à tel point qu’il a dû s’asseoir pour encaisser le choc et ne pas s’effondrer.

La décision a illuminé le visage des victimes et de leurs parents. Elles étaient reconnues en tant que telles.

Le papa, mais aussi tonton, décrit par tous ses amis comme le plus charmant des hommes, a aussi été condamné à 3 ans de suivi sociojudiciaire, avec interdiction de rentrer en contact avec des mineurs, obligation de soins psychiatriques et il a été inscrit sur le fichier national des délinquants sexuels. Il devra aussi s’acquitter de quelque 22 000 € de dommages et intérêts et autres frais de justice.

L’affaire découverte à Agde en 2011

En 2011, la fille du prévenu décide de parler. Raconte au collège ce qui se passe à son domicile. L’enquête débute et met au jour tout un lot d’agressions subies par une grande partie des jeunes fréquentant cette famille.

“C’est un complot, va assurer le prévenu. Je conteste tout. J’aime prendre les gens dans mes bras et ça a été mal interprété. Moi je n’ai rien fait. En revanche, mon ex-femme a violé ma fille. Tous les jours.”

“C’est particulièrement tenace comme histoire. Cela dure donc depuis 2011”, insiste la présidente Claire Ougier. “C’est un complot parce que j’ai osé dire à mon beau-frère que sa fille était une terreur à l’école.”

La présidente, voyant que le prévenu ne reconnaîtra rien, abrège les débats et donne la parole aux victimes. Elles vont défiler à la barre du tribunal et expliquer leur honte de n’avoir rien dit.

Leur sentiment de culpabilité de s’être tues :

“Cela aurait pu empêcher ma cousine de subir les mêmes choses que moi. Je me dis qu’après cette audience, nous allons pouvoir tourner cette page. Ma mère n’aurait jamais fait ce dont mon père l’accuse.”

Les parties civiles pilonnent le prévenu

“Il a terminé en beauté, insiste Me Pierre Palies qui défend toute la famille de la fille du prévenu. Puisqu’il conteste tout, je suis obligé de prouver ce que j’avance.

Votre histoire de complot, ne tient pas. Il n’y a jamais eu de contentieux entre vous. Vous vous entêtez. Vous vous enfermez, mais il y a des témoins de ce que vous avez fait.

Depuis cinq ans, cette famille est confrontée à une réalité destructrice. Vous n’êtes pas un homme car vous assumeriez. Ces enfants ont la culpabilité de n’avoir pas dénoncé les faits ou de n’avoir rien osé dire. Vous les empêchez d’avoir une vie sociale. Et ça, Monsieur, ne s’invente pas. Cela se vit.”

Me Christine Fombonne l’assure :

“il s’est passé plein de choses avant la découverte des faits. Cela durait, pour certains, depuis l’école primaire, mais elles ne savaient pas que ce n’était pas normal comme relations. Toutes ces victimes se connaissaient depuis l’enfance. Et oui, vous avez raison, les larmes sèchent vite, mais les conséquences de vos agressions s’aggravent parfois.”

Me Karine Masson insiste encore :

“Il n’a pas d’empathie et il ne veut pas soulager sa conscience et cela ne les aidera pas à se reconstruire.” “Nous avons des victimes enfermées dans la prison de leurs souvenirs traumatiques. Il avait la clé pour les libérer. Il n’en a rien fait.  Comment un pardon est-il possible alors qu’il nie tout et avance la théorie du complot ? Il s’est comporté au mépris de la confiance de toute sa famille. Alors, pour l’ensemble de son œuvre, je vais requérir quatre ans de prison et le mandat de dépôt”,

insiste le vice-procureur Jean-Claude Miquel.

“On vient requérir quatre ans sur des déclarations. Pas sur des faits.”

Rachid Lemoudaa, pour la défense, va tenter de décrédibiliser le témoignage des victimes. “On vient requérir quatre ans sur des déclarations. Pas sur des faits. Dans ce dossier il y a des éléments à décharge.” Il va les énumérer longuement. Trop longuement sans doute. À tel point qu’il va devenir inaudible.

Claire Ougier va rendre la décision du tribunal en faisant cette remarque au prévenu qui s’accroche à son pupitre :

“Votre version des faits est affligeante. La faute est dans votre camp. De votre côté. Les victimes, ce sont elles. Elles n’ont pas à avoir de sentiment de culpabilité.”

Source : Midi Libre

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