Tours | Un homme de 24 ans jugé pour agressions sexuelles sur sa cousine de 14 ans

Les jeux érotiques entre cousins basculent sans consentement

Les jeux érotiques entre cousins basculent sans consentement © Photo NR

Elle a 14 ans au moment des faits, lui 24. Derrière leurs écrans d’abord, ces deux cousins ont écrit une histoire devenue charnelle. Jusqu’au dérapage.

Il est arrivé à la barre claudiquant, canne à la main, imposant dans un trois-quarts noir. Elle est prostrée dans son sweat à capuche, assise aux côtés de ses parents sur le banc de la partie civile, les yeux rivés sur ses mains.

L’image résume la teneur du dossier, requalifié de viol en agression sexuelle, jugé par le tribunal correctionnel de Tours, mercredi.

Pendant près d’un an, B. et L. ont entretenu une relation, entre Genillé et l’Anjou. D’abord « fraternelle », écrite par messageries instantanées interposées, jusqu’au sexe déshinibé et la soumission imposée par l’aîné des deux, 24 ans au moment des faits, à sa cousine benjamine de dix ans.

« Je suis devenue sa chose », « il était le maître, j’étais son esclave »,

dira L. lors de son audition. Une pratique qui relève de l’intime, pas de la justice.

Ce qui dérange dans cette affaire, c’est l’ascendant pris par B. sur sa cousine. Et la fellation, imposée lors de la première relation sexuelle en février 2015, comme jalon d’une liaison devenue toxique, exercée parfois sous la contrainte.

Les pratiques sexuelles sont détaillées, le virage sadomasochiste mis à nu.

« Elle a surtout pris l’habitude de dire oui, parce qu’elle avait de l’affection pour vous et craignait de la perdre, s’émeut Christine Blancher, présidente du tribunal. Elle vous a souvent dit non, monsieur, mais vous ne l’écoutiez pas ! »

A l’écoute des débats, L. vire aux larmes. Parce que le rappel des faits la propulse à nouveau dans le calvaire qu’elle a vécu de février 2015 à janvier 2016. Parce qu’elle se sent – à tort – coupable.

« J’aurais dû mettre une limite du fait de l’écart d’âge, assume le cousin à la barre. J’ai eu du mal à prendre conscience de tout ça, j’avais l’impression sur le moment que tout était partagé, je me suis mis des œillères. »

Les mots sont choisis, posés. L’autocritique rodée.

Depuis sa mise en examen, B. suit des soins. Et jure mesurer désormais l’étendue des « séquelles » qu’il a infligées. A sa cousine, puis à sa meilleure amie, victime durant les vacances de Noël 2015 de ses caresses déplacées.

En réponse, Me Patrice Delpuech, avocat de L., convoque Marguerite Duras. Puis enchaîne.

« Quand on est un adulte [NDLR, dans une relation sexuelle] on peut tenter beaucoup de choses, mais pas avec un enfant. »

Silence de mort dans la salle d’audience.

L’illustration « d’une souffrance partagée des deux côtés de la barre », poursuit Me Gilles Piquois, conseil de la défense.
Alors, pour tenter de recoller les morceaux de cette famille brisée, Me Piquois s’en remet à la mansuétude du tribunal. « Nous avons la preuve qu’il a réussi à se guérir, qu’il a compris », conclut-il dans une dernière tentative de voir son client échapper à une peine de prison ferme.

Trois ans, dont la moitié assortie du sursis, sont requis par le procureur de la République. Sera-t-il suivi ? Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 4 mars.

Source : lanouvellerepublique

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