Tours | Un homme condamné à trois ans de prison pour proxénétisme

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Mouvements bancaires, écoutes téléphoniques, adresses des passes, tarifs, nature des prestations… 
Jugé pour proxénétisme aggravé, Abdelkarim Fakret a écopé de trois ans de prison ferme, mercredi 15 novembre 2023 à Tours, coupable d’avoir organisé la prostitution d’une mineure de 16 ans

Une sentence lourde pour combattre le fléau de la prostitution des mineurs.

Abdelkarim Fakret a été condamné à trois ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Tours, mercredi 15 novembre 2023, pour avoir organisé les passes de Leïla (1), adolescente âgée de 16 ans.

Une sévérité voulue par les magistrats du siège (2) qui sanctionne la gravité des faits et le comportement du mis en cause à l’audience.

Jugé selon la procédure de la comparution immédiate, Abdelkarim Fakret, 22 ans, est apparu peu prolixe par visioconférence depuis une pièce du Centre pénitentiaire de Meaux-Chauconin (Seine-et-Marne), où il est détenu dans le cadre d’une autre affaire.

« Quand j’ai pris la mesure des choses, j’ai voulu arrêter. »

Sans avocat, le « chef » désigné par Leïla, n’a pas convaincu.

Embourbé dans une défense visant à nier, il a pesé peu de choses face au témoignage précis, livré sans haine, de celle qu’il a exploitée sexuellement, et à l’enquête, solide, bouclée par les gendarmes de la brigade de Chambray-lès-Tours.

Mouvements bancaires, écoutes téléphoniques, adresses des passes, tarifs, nature des prestations…

« C’est assez rare pour mériter d’être souligné : tous les propos de la plaignante sont corroborés et même très bien corroborés par les investigations », a tenté de prévenir Clément Herbo.

Rompu à l’exercice, le juge d’instruction, qui présidait l’audience, a épluché avec minutie le dossier.

Jusqu’à acculer le mis en cause, muet au moment de devoir se défendre.

Assise sur son banc face à un box vide, Leïla a dit avec ses mots de jeune femme comment elle a fini par se prostituer, appâtée par l’argent facile.

Sept passes ont été consenties en une dizaine de jours, fin décembre 2021 à Tours.

 « Lorsque, dans un café du quartier de la gare, j’ai rencontré mon amie et son copain, que tout le monde appelait Ice-Tea, je ne m’attendais pas à ce que ce soit ça. Pour moi, il s’agissait de faire un peu d’escort, est venue déposer Leïla. Quand j’ai pris la mesure des choses, j’ai voulu arrêter. Depuis, je me sens sale, pas bien dans ma peau. »

Le sommeil, lui, tarde toujours à venir.

« Il était là à chaque fois »

« Très vite, elle n’a plus supporté », souffle une éducatrice, auprès de laquelle Leïla s’est confiée, avant de révéler les faits durant l’hiver 2022.

« Les hommes cherchaient à négocier plus, d’autres partaient sans payer parce qu’il n’y avait pas assez… », explique-t-elle au tribunal.

De tout ça, Abdelkarim Fakret n’a rien découvert, mercredi.

« À chaque fois que je faisais un client, Ice-Tea était là, caché dans la salle de bains ou les toilettes, se souvient la plaignante. Il s’assurait que tout se passait bien, c’était un garde du corps en quelque sorte. »

Un proxénète, a décidé la justice.

Sa compagne, suspectée d’avoir joué les rabatteuses, sera jugée en 2024 devant un tribunal pour enfants.

(1) La victime étant mineure au moment des faits jugés, son prénom a été modifié.

(2) Ségolène Attolou, substitut du procureur, avait requis trente mois de prison dont douze assortis d’un sursis probatoire.

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