Tours | Dix-huit mois de prison pour le père incestueux

Une affaire d’agression sexuelle sur mineure de moins de 15 ans par ascendant a été jugée jeudi, sans huis clos.

Tribunal correctionnel de Tours

Je ne connais pas le mot, ni la signification de l’inceste. Je les découvre. L’agression sexuelle par ascendant ? Je ne sais pas pourquoi c’est plus grave…

L’homme qui se présente devant la cour vient d’apprendre de la bouche même de la présidente que l’inceste est « un interdit absolu ».

Agé de 55 ans, il vient de prendre conscience de la gravité des actes qui se sont déroulés entre décembre 2016 et juin 2017 dans le Chinonais, commis sur sa fille d’à peine 7 ans, dont il avait la garde alternée depuis son divorce.

La petite avait un jour expliqué à sa maman qu’elle avait l’habitude de dormir avec son père, « parce qu’il y avait la télé dans sa chambre ».

Aux gendarmes, elle exprimera, par le geste sur une poupée, les parties du corps caressées ou mêmes frottées à « sept ou huit reprises » selon le prévenu. Ce dernier ira au-delà des déclarations de sa fille pendant la garde à vue.

« Quand ça dérapait, je ne savais pas ce qu’il se passait dans ma tête. Je ne pourrais pas répondre. Quand elle disait “ non ”, ça n’allait pas plus loin. »

Mais à la barre, dans un vocabulaire plutôt pauvre, il redonnera quelques détails avant d’éclater en sanglots à la fin de cette évocation :

« Pour moi, ce n’était pas un mal et pas systématique. J’ai été élevé comme ça dans l’enfance et la préadolescence, avec mon père qui nous obligeait à être nus. Il me tripotait et il s’en est pris à ma sœur. Ma mère n’était pas au courant. Je n’ai rien dit. Par peur de mon père… »

“ Elle n’est pas responsable ! ” La présidente du tribunal s’emporte presque :

« Est-ce que vous vous rendez compte ? Entre 4 et 7 ans, on ne sait pas ce qu’est la sexualité ? Ce n’est pas qu’elle est d’accord ! Mais elle n’a pas conscience de ce qui se passe. Il n’y a que l’adulte qui le sait. Elle n’a donc aucune responsabilité dans tout cela… ».

L’ex-épouse du père incestueux s’est constituée partie civile. Son avocate donne à l’audience les dernières nouvelles de la fillette :

« Il semble qu’il n’y ait pas de répercussions psychologiques. Mais cela ne veut pas dire que cela ne ressurgira pas. Elle est suivie par un pédopsychiatre. Sa principale souffrance, c’est de ne plus voir son père… »

Me Emilie Vinqueur entre dans sa plaidoirie après que le procureur a requis contre son client trois ans d’emprisonnement et un suivi sociojudiciaire.

Elle le décrit comme quelqu’un de

« taiseux, maladroit et en souffrance, qui ne sait pas s’exprimer, qui a peu confiance en lui, isolé socialement avec sa fille. Cela fait 40 ans qu’il fait le même job – ndlr : agent technique en lien avec une MFR – et n’a jamais eu de problèmes avec des mineurs. Une peine de prison l’empêcherait de se reconstruire. Son cas relève du soin et d’un suivi sociojudiciaire, d’une peine de prison avec sursis ».

Après avoir longtemps délibéré, le tribunal reconnaît le père incestueux coupable des faits reprochés.

Il prononce une peine de trois ans de prison dont 18 mois avec sursis, l’obligation de soins, l’inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles.

L’homme ne pourra pas avoir de contact avec sa fille, sauf dans le cadre des décisions du juge des affaires familiales.

Le juge d’application des peines pourra décider des modalités de la peine de prison ferme, comme l’attribution d’un bracelet électronique s’il n’est pas incarcéré.

Source : LaNouvelleRépublique

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