Tasque | Viols et agressions sexuelles incestueuses un père condamné à 15 ans de prison

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“Elle a passé la moitié de son enfance à se faire violer par son père”
Au terme de deux jours de procès, Frédéric. S a été déclaré coupable de viols incestueux et agressions sexuelles sur ses deux filles, alors qu’elles étaient mineures. Il a été condamné, ce mardi 21 novembre, à 15 ans de réclusion criminelle par la cour d’Assises du Gers.

L’avocate de Melissa*, aujourd’hui âgée de 21 ans, questionne :

“Comment un papa peut-il violer sa fille pendant 8 ans, sans ressentir son mal-être ?”

Le père de celle-ci était jugé par la cour d’Assises du Gers.

L’homme de 42 ans est accusé d’avoir violé sa fille adoptive durant toute son adolescence et d’avoir agressé sexuellement son autre fille, Alix* âgée à ce jour de 18 ans.

Les faits se sont produits en partie à Tasque dans le sud-ouest du département.

La jeune famille s’était installée dans le Gers en 2015 et vivait “cloisonnée”.

Peu de relations sociales, peu de sorties pour les jeunes filles ainsi que leur frère.

Une vie simple, entre proches, mais une vie qui cachait un lourd secret.

Un poids dont s’est délestée Alix, qui s’est confiée et a raconté ce que subissait sa sœur depuis ses 11 ans, entre 2012 et 2020.

Des viols, des fellations forcées, du chantage affectif : le calvaire aura duré huit ans.

Huit années durant lesquelles ce père de famille a abusé de ses propres filles.

La machine judiciaire s’est ensuite mise en marche.

Plus de deux ans après les dénonciations, il était jugé à Auch.

“Je n’avais pas conscience que je la faisais souffrir”, révèle-t-il durant son interrogatoire devant la cour.

Celui que l’on n’entendait pas jusque-là, dont les réactions étaient quasi inexistantes durant les différents témoignages  confesse timidement sa responsabilité.

“Je reconnais avoir eu des relations sexuelles avec ma fille, indique-t-il durant l’audience.

Ça a commencé par des caresses, des attouchements…”

Justifiées par “un manque d’affection”, les caresses ont précédé les viols qui ont eu lieu pendant des années, toutes les semaines, chaque week-end d’après les différentes déclarations et les aveux de l’accusé.

“C’est un pauvre type”, admet volontiers l’avocat du quadragénaire dans une plaidoirie théâtrale qui résonnait aux quatre coins du palais de justice d’Auch.

Me Katy Mira et Me Frédéric Dutin, de la défense, n’ont pas à juger de la moralité de leur client mais ont la responsabilité de permettre à ce dernier de bénéficier d’un procès équitable.

Sur la procédure, les faits, la chronologie, les déclarations : si doute il y a, il doit profiter à l’accusé.

En ce sens, les deux avocats se sont attardés sur le dossier en revenant en arrière (déclarations imprécises, datation exacte inexistante…)

La culpabilité de l’accusé n’en reste pas moins établie sur le viol de sa fille aînée, qui n’est pas sa fille biologique.

Une révélation qu’elle apprendra lorsque toute l’affaire éclate…

“Il y a une chose que je regrette, c’est de l’avoir appelé un jour “papa””

écrit-elle dans une lettre adressée à la cour et aux jurés.

Son absence au procès est justifiée par son avocate qui indique :

“Il aurait été indécent de lui imposer 2 jours de calvaire supplémentaire (…) elle a passé la moitié de son enfance à se faire violer par son père.”

Frédéric.S contestera jusqu’à la fin, les accusations d’agressions sexuelles sur Alix.

Il admet cependant à demi-mot les viols commis sur Melissa.

“Je ne veux pas lui faire du mal, tout ce que je veux c’est qu’il reconnaisse”

témoigne Alix ce mardi 21 novembre devant la cour.

Un sentiment de culpabilité s’ajoute au traumatisme toujours présent.

Pour madame l’avocat général, il n’y a que peu de doute, Frédéric.S est coupable.

Elle requiert 15 ans de réclusion criminelle.

Les jurés et la cour se sont retirés aux alentours de 17 heures pour délibérer.

Au terme d’une réflexion longue de trois heures, Frédéric.S est déclaré coupable de viols incestueux et agressions sexuelles sur ses filles, alors qu’elles étaient mineures.

Il a été condamné à une peine de 15 années de réclusion criminelle.

 

Le 17 novembre dernier, un rapport de la Ciivise (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles) indiquait que 3% seulement des viols et agressions sexuelles commis chaque année sur des enfants font l’objet d’une condamnation des agresseurs et seulement 1% dans les cas d’inceste.

“Il faut écouter les enfants, il faut les protéger”, a rappelé l’avocat général lors de ses réquisitions.

 

*Le prénom des victimes a été modifié

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