Alençon | Le tribunal correctionnel condamne un homme de 29 ans à 9 mois avec sursis pour une relation sexuelle avec une ado de 14 ans

Un Alençonnais de 29 ans a été condamné pour atteinte sexuelle. En 2013, il avait eu une relation sexuelle avec une ado de 14 ans dans les toilettes de la gare d’Alençon.

Illustration gare d’Alençon. ©Google View

Les faits jugés jeudi 15 mars 2018 par le tribunal correctionnel d’Alençon remontent au 7 janvier 2013. Un Alençonnais, alors âgé de 24 ans, entretenait une relation amoureuse avec une collégienne de 14 ans et de laquelle un enfant est né. Il était alors hébergé chez les parents de l’adolescente.

« À 8 h 15, la jeune fille a regagné son collège.

Elle dit avoir été perturbée toute la journée et, en raison d’un mal de ventre, a finalement appelé sa mère qui est venue la chercher et à qui elle a tout raconté ».

La mère a alors confisqué le téléphone portable de sa fille et y a découvert des photos de son ado, en sous-vêtements, envoyés par le jeune homme.

Elle a ensuite porté plainte.

Cinq ans après les faits, le président du tribunal interroge le prévenu poursuivi pour « atteinte sexuelle sur mineur de moins de 15 ans », sur « le décalage important » de leurs âges.

« Vous avez conscience de cette première relation sexuelle pour elle, si jeune, et dans cette situation-là, avec quelqu’un qu’elle connaissait très peu finalement ?

Elle a été pilotée par quelqu’un de dix ans de plus.

Elle a pu considérer que c’était vous qui décidiez ! »

Le prévenu acquiesce.

Interrogée cinq ans plus tard, la victime a confié aux enquêteurs « avoir le sentiment que le prévenu avait profité de son jeune âge et de sa crédulité ».

Elle a été suivie psychologiquement « pendant deux ans après les faits ».

De l’animosité s’est créée entre les copines et le prévenu s’est finalement séparé de l’adolescente avec laquelle il a eu un enfant.

Il a rencontré une autre jeune fille « de 17 ans » avec laquelle un autre enfant est né.

Et de laquelle, il est aujourd’hui séparé.

« Je suis en couple depuis quatre ans et j’ai deux enfants avec ma nouvelle compagne », affirme-t-il à la barre du tribunal.

François Coudert, le procureur de la République, lui rappelle qu’il avait été entendu par les gendarmes après la déclaration de grossesse de sa première amie de 14 ans.

« Ils m’ont dit que ce n’était pas bien », convient-il.

« Donc, en janvier 2013, dans les toilettes de la gare d’Alençon, vous avez déjà vu du bleu et vous savez qu’avoir une relation sexuelle avec une mineure de 14 ans ce n’est pas sport et pas très poétique », insiste le procureur.

« Après, j’ai réalisé que j’avais fait une grosse connerie », lâche-t-il.

« Ça arriverait à mes enfants, je réagirais comme les parents [de la victime] », finit-il par avouer.

L’expertise psychologique du prévenu réalisée en 2018 fait état d’une « personnalité immature et border-line par rapport à sa conduite sexuelle avec des mineures ».

L’avocate de la jeune fille parle « d’un prédateur sexuel qui entre en contact avec une gamine de 14 ans, lui envoie des photos d’elle en sous-vêtements et multiplie les SMS pour arriver à ses fins : cette relation dans les toilettes de la gare ! Sa première relation sexuelle ! » Me Aude Labey-Bosquet précise que sa cliente est « devenue majeure mais reste marquée par ces faits ».

« Elle dit qu’il s’est montré insistant et qu’il avait beaucoup d’emprise sur elle voilà pourquoi elle l’a suivi ce matin du 7 janvier 2013.

Or, débuter sa vie sexuelle à 14 ans, dans les toilettes de la gare, c’est dramatique ! »

L’avocate mentionne « une dépression psychologique » de sa cliente à la suite de ce « qu’on ne qualifiera pas de relation sentimentale ni sexuelle car elle a un caractère bestial ».

Elle conclut sa plaidoirie en annonçant être dans le prétoire « pour la parole et le symbole » et réclame 1 500 € de dommages et intérêts pour sa cliente.

« Il avait vu les gendarmes et connu le sursis et la mise à l’épreuve avant ces faits donc le discours sur les relations sexuelles avec des mineures avait déjà été prodigué et il était informé », rappelle le procureur qui invite le tribunal à s’interroger « sur le positionnement inadapté du prévenu vis-à-vis des jeunes personnes dont il n’hésite pas à abuser, sinon de la faiblesse, au moins de la crédulité ».

Il requiert neuf mois de prison assorti d’un suivi socio-judiciaire de trois ans et d’une obligation de soins.

L’avocat de la défense dit « avoir plus d’interrogations que de certitudes sur le comportement de la jeunesse ».

Me Yves Guibert insiste sur le fait « qu’entre le prévenu qui a commis les faits le 7 janvier 2013 et celui qui comparait devant le tribunal aujourd’hui, cinq ans se sont écoulés dans la vie de ce jeune homme ! »

Il retrace le parcours chaotique de son client « placé, très jeune, en foyer puis en familles d’accueil avant d’être victime d’une agression sexuelle ».

Il conteste le terme de prédateur sexuel.

« Car à l’époque des faits, mon client n’a aucuns repères essentiels de ceux qui jalonnent la vie de tout homme.

Et où voulez-vous qu’il les ait trouvés, lui qui, dans son existence, n’a jamais eu d’éducateur ? »

À l’issue des débats, l’Alençonnais aujourd’hui âgé de 29 ans a tenu à « s’excuser auprès de la victime.

Ce ne doit pas être facile pour elle ».

Le tribunal a finalement condamné le prévenu à neuf mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans ainsi qu’aux obligations de soins et d’indemnisation de la victime.

Il devra la dédommager à hauteur de 500 € de préjudice moral et 600 € de frais d’avocat.

Son nom est par ailleurs inscrit au fichier des délinquants sexuels.

Source : Actu

Source(s):