Tarbes | 14 ans de réclusion criminelle pour le père incestueux

David P. est accusé de viols sur sa fille K., née en 2001, des faits commis entre 2013 et 2017 et, pour lesquels, cet homme, issu de la communauté des gens du voyage, âgé de 33 ans et père de huit enfants dont 7 filles, a comparu devant la cour d’assises des Hautes-Pyrénées

© LOIC VENANCE : AFP:Archives

C’est d’abord à sa grande sœur qu’elle s’est confiée, au retour d’une promenade en fourgon avec son père : «Elle m’a dit que mon père lui avait «fait des choses malpolies».

Elle est conduite à l’hôpital le soir même par sa mère et la gendarmerie est alertée et, très vite, K. met en cause son père avant de revenir quelques jours plus tard sur ses déclarations.

Pour sa sœur, «elle avait peur des conséquences». K. révélera par ailleurs que les agressions duraient déjà depuis longtemps, lorsqu’ils vivaient en caravane à Lourdes : «C’est la première version que j’ai donnée qui était vraie et après, j’ai inventé un truc pour être tranquille».

La jeune fille ne tarde pas à éclater en sanglots avant de se reprendre : «Je ne pouvais plus me taire, je n’en pouvais plus. Quand on est allés à l’hôpital, je pensais que ma mère verrait que c’était vrai, je ne pensais pas qu’il y aurait la police et tout, ce qu’il m’a fait, c’est vrai».

Le père restera sur ses positions, il niera avoir abusé de sa fille, parlant plutôt d’une vengeance : «Parce que j’ai été infidèle ou que je me suis débarrassé de son chien, ma fille a peut-être voulu se venger». Pourtant, de l’ADN et du sperme du père a été retrouvé sur l’intérieur de la culotte de K. mais aussi dans le fourgon. La mère, Pamela, qui soutient son mari, a une explication :

«Tous les sous-vêtements sont rangés au même endroit». Selon elle, K. aurait pu mettre une culotte sale appartenant à sa mère. L’avocat général demande : «Vous ne croyez pas votre fille ?».

La réponse est sans appel : «Non». L’accusé a aussi sa version : «J’ai l’habitude de m’essuyer avec ce que je trouve, j’ai pu prendre cette culotte». Me Balespouey, pour la partie civile, a relevé «le courage d’être venue, elle est seule conte tous, contre les usages, le clan, la famille. Elle ne vient pas crier vengeance, elle ne demande rien, elle pardonne, elle dit «je t’attends, je t’aime papa».

L’avocat général, Pierre Aurignac, dans ses réquisitions, a rappelé le contexte,

«l’histoire d’un père qui abuse de sa fille et dont l’entourage ne la croit pas, mais c’est tristement humain, dans tous les milieux sociaux et toutes les communautés. Ce qu’elle voulait, c’est que ça s’arrête ! Les faits sont caractérisés, je requiers 15 ans de réclusion criminelle».

Me Bertrand, qui a demandé l’acquittement de son client, a appelé les jurés à «ne pas se laisser gagner par ce qui peut vous paraître l’évidence ou par l’émotion qui peut paraître légitime. Il ne ressemble pas aux faits qui lui sont reprochés.

Ses enfants vous le disent, il est un père aimant. C’est un homme normal qui aime sa femme et sa famille. Les choses sont un peu plus compliquées que cela. Le viol, ce jour-là, n’est pas établi, rien ne permet de dire qu’il y a eu un acte de pénétration».

Après trois heures de delibéré, David P. a été reconnu coupable et condamné à 14 ans de réclusion criminelle.

Source : ladepeche.fr

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