Internet | Yubo, un terrain de chasse pour pédophile ?

Créée par trois Français, l’application Yubo (anciennement Yellow) est un réseau social pour adolescent qui mise sur les discussions vidéo avec un petit goût de Tinder. Mais comme TikTok, les vautours sont dans la place. Les créateurs ont pourtant décidé d’agir…

Difficile de comprendre le concept de Yubo quand on a dépassé la trentaine… Il s’agit pourtant d’un réseau social qui utilise votre âge et votre localisation pour vous proposer de voir des «live» ou de jeunes gens discutent de tout et de rien.

Il est bien sûr possible d’entamer son propre chat vidéo où d’autres viendront vous rejoindre si votre contenu est intéressant.

Le site propose aussi d’ajouter des amis dans sa liste et vous pouvez aussi utiliser un service «à la Tinder».

D’ailleurs c’est principalement pour cette fonctionnalité que les ados s’y connectent…

Avec ses 20 millions d’inscrits, l’appli connaît un certain succès, mais comme nous l’avons vu avec le chinois TikTok, les réseaux pour ados attirent les gens louches d’autant qu’il est très facile de mentir sur son identité.

Il est intéressant de noter que nous avons nous-mêmes dû mentir !

En effet, rien que prendre des captures de l’appli, il a fallu dire choisir une date de naissance après 2000.

Avec notre profil de dinosaure né en 1980, aucun livechat ne s’affichait, car il n’y a personne de cet âge sur Yubo.

Les jeunes sont légion et certains ont clairement l’air d’avoir moins de 13 ans.

Rien n’empêche donc un adulte de se faire passer pour quelqu’un d’autre sur ce réseau.

Cela ouvre la porte à bien des abus d’autant que l’appli à la réputation d’être un lieu où l’on demande et s’échange des «nudes».

Des images dénudées que certaines jeunes filles en manque de confiance en elles ou aveuglées par la relative ambiance de déconne et la fausse sensation d’être en sécurité chez elle, n’hésitent pas à envoyer.

Bien sûr, ces clichés terminent dans la collection personnelle de détraqués qui se les échangent entre eux.

Application Yubo – Capture d’écran Android MT

Le problème est tel que Le Huffington Post ou le Sydney Morning Herald ont pointé du doigt l’appli.

Le Roi des Rats en a aussi fait une vidéo en mars dernier où, se faisant passer pour une jeune fille, il a été contacté par un pédophile.

Inutile de dire que ces gens-là font rarement dans la subtilité.

Il existe même des brigades de jeunes utilisateurs qui font la chasse à ces pervers.

Sur Yubo on trouve aussi des cas de harcèlement avec des procès fictifs d’ados qui seraient coupables d’être des «moches». Ambiance.

Ce qui nous a choqués c’est que les live sont accessibles sans aucune protection : on passe de live en live comme ça.

Le terrain de chasse idéal.

Mais Yubo a décidé de faire le ménage.

Pas facile quand on sait que nous parlons de plus de 100 000 heures de live/jour !

Si Facebook avec ses gros moyens n’arrive pas à tout surveiller, il est peu probable qu’une startup y arrive.

On sent portant que des efforts ont été faits.

En dessous de chaque live on peut voir un message d’avertissement :

«Rappel, les choses à ne pas faire ici : harcèlement racisme, nudité, sous-vêtement, violence», il n’est pas possible de changer sa date de naissance plus de 3 fois et des filtres ont été mis en place pour éviter les termes utilisés lors des séances de harcèlement en groupe.

La start-up a aussi tissé des partenariats avec des associations contre le harcèlement en ligne et désire engager plus de modérateurs humains.

On peut saluer le geste, mais seul l’avenir nous dira si ce sera suffisant pour faire de Yubo une appli fréquentable.

On ne le répétera jamais assez : le dialogue et la pédagogie sont les meilleurs moyens d’armer les jeunes sur Internet.

Source : Android MT

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