Suisse | Un informaticien condamné à 5 ans ferme pour diffusion de pédopornographie sur le darknet

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4510 images et vidéos de pédopornographie de «bébés et de très jeunes enfants» partagées
Il filmait des enfants nus dans des parcs et diffusait des séquences de pornographie enfantine sur le darknet. Un tribunal argovien a condamné un informaticien suisse à cinq ans de prison.

Cinq ans ferme contre un informaticien allemand de 47 ans, domicilié à Bremgarten, qui exploitait sur le darknet un forum baptisé Babyclub.

Depuis 2020 et pendant 3 ans, 4510 images et vidéos de pédopornographie de «bébés et de très jeunes enfants» ont été partagées via ce forum. D’autres fichiers illégaux ont été échangés via des msg et des salons de discussion. Sur ses disques durs ont été trouvés env. 1,4 mio de fichiers dont certains qu’il produisait.

Un homme chauve et portant d’épaisses lunettes se retrouve devant le tribunal également accusé de production de pédopornographie. Il se rendait dans des parcs publics les jours de beau temps avec une caméra cachée dans son sac à dos et filmait des enfants nus en train de se baigner.

Au total, 45 fichiers à caractère pédopornographiques ont ainsi été créés en 97 jours.

Il en a partagé un grand nombre sur son forum. Il les a notamment envoyés à un utilisateur connu sous le nom de “Misspiggy”. Ce dernier avait lui-même été démasqué à l’automne 22, et un agent infiltré en Allemagne avait repris son compte depuis.

La police allemande a alors informé ses collègues en Suisse, et le 1.2.23 à 9h34, la police cantonale argovienne a finalement arrêté le prévenu dans l’appartement où il vivait avec sa femme.

6 mois plus tard, le ministère public annonce le succès de l’enquête.

Il ne conteste pas les reproches qui lui sont faits. Il ne rejette que des détails.

Des 35 utilisateurs enregistrés sur le Babyclub, quinze étaient des comptes tests. Et seul 20% des 1,4 million de fichiers présents sur ses disques durs seraient des originaux, le reste étant des copies de sauvegarde.

«Etiez-vous fier de votre forum?», demande le juge.

«Non, je ne dirais pas que j’en suis fier. Je voulais rassembler des personnes partageant les mêmes idées».

Il n’a jamais réellement abusé d’enfants, dit-il, les mains sur les genoux, le dos légèrement courbé.

Quand il parle, c’est de manière objective, presque lisse, comme s’il expliquait un logiciel à un client. Ce n’est que lorsque le juge lui parle des historiques de chat dans lesquels lui et des utilisateurs ont échangé des fantasmes, qu’il semble décontenancé. Sa voix se casse, il s’essuie les yeux avec les mains.

«C’était pour nous exciter, tous. Je me suis dégoûté moi-même quand j’ai relu les tchats lors des interrogatoires»

Il dit regretter ses actes.

«Le remords n’est-il arrivé qu’à ce moment-là?», demande le juge.

«Non, en fait, j’ai toujours eu un mauvais pressentiment. Mais je n’ai pas réussi à demander de l’aide»

«Votre honte est-elle devenue plus importante pour vous que vos délits?»

«Oui».

Il se dit heureux de suivre une thérapie une fois par semaine.

«Il était le Pablo Escobar de la pédopornographie», clame le procureur.

Et de décrire le forum comme une couveuse pour pédo. favorisant la rediff. des contenus à large échelle.

Il doit donc aussi répondre d’actes de complicité. Le procureur demande une peine de prison de 6 ans ferme, une mesure ambulatoire et une expulsion de 10 ans.

Son avocat accepte l’expulsion, estimant cependant que la comparaison avec Pablo Escobar va trop loin.

«Le ministère public a perdu le sens de la mesure, son acte d’accusation est exagéré et vague»

Dans sa plaidoirie d’1h30, son avocat reproche aux enquêteurs différentes lacunes: il met par exemple en doute les compétences de la police scientifique ou le programme avec lequel les fichiers ont été analysés.

Comme son client est disposé à suivre une thérapie et qu’il coopère, il réclame une peine de prison de 2 ans et demi, dont la moitié avec sursis.

Le juge suit en grande partie le ministère public et condamne l’informaticien à une peine de prison de 5 ans ferme.

Une expertise a révélé une légère diminution de la capacité de contrôle, ce qui a permis d’alléger la sentence.

S’y ajoutent les frais de procédure, une expulsion de 10 ans et une mesure d’accompagnement de l’exécution.

 

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