Suisse – Genève | Le mari d’une maman de jour accusé d’abus sexuels sur mineurs

Il est jugé pour contrainte et actes d’ordre sexuel sur des mineurs qui venaient chez lui.

Tribunal correctionnel. Au centre, le prévenu , derrière lui, son avocat, Me Vincent Spira. (Photo: Patrick Tondeux)
Tribunal correctionnel. Au centre, le prévenu , derrière lui, son avocat, Me Vincent Spira. (Photo: Patrick Tondeux)

«Le jour où les gens apprendront que je suis un pédophile, je n’aurai plus qu’à me tirer une balle dans la tête!»

L’homme qui se trouve sur le banc des accusés fêtera bientôt ses 80 ans. Il a des enfants et des petits-enfants.
Des chiens, des lapins, des salades, une chèvre et un mouton.
Et une vie bien remplie.

 Il a été sapeur-pompier à l’aéroport. Il a travaillé comme artificier démineur pour la police: « J’ai pris de gros risques dans ma carrière ».
Pendant ce temps, son épouse fonctionnait comme maman de jour.
«Nous avons accueilli plus de 30 garçons et filles durant vingt ans. Certains d’entre eux ne pouvaient pas payer leur repas de midi mais je ne les ai jamais touchés», proclame le vieil homme.
Faux. Il a fait subir toute sorte d’actes sexuels à deux garçons qui fréquentaient la maison. Des rapports forcés qui ont eu lieu dans le lit conjugal, chez l’une de ses filles, au logis de voisins absents ou dans le poulailler. Il leur donnait ensuite de l’argent de poche.

Le cannabis pour oublier

L’un des deux garçons avait 9 ans lorsque les abus ont commencé.
Le psychologue l’ayant suivi durant son adolescence à cause d’une consommation excessive de cannabis explique à la barre: «Je sentais qu’il cachait une terrible souffrance.»

Malgré ses efforts, le professionnel n’a pas pu mettre le doigt dessus.
Ce n’est que des années plus tard, grâce à l’intervention énergique d’une amie, que le jeune homme a pu dénoncer les faits à la police.

Pourquoi si tard? Il est très difficile d’accuser son agresseur dans un cas pareil, explique le psychologue. «On part d’une relation positive, faite d’estime et d’affection, pour passer peu à peu à quelque chose d’insupportable.»
Un «empoisonnement» lent et insidieux alors que l’enfant est en train de construire son identité.

Toutes ses règles et ses valeurs sont chamboulées, perverties.
Le fait même de parler est considéré comme une démarche dangereuse.
Comment être sûr qu’on vous croira?
Le cannabis, selon le psychologue, a eu un effet thérapeutique durant ces années de silence. Lui seul pouvait chasser les images épouvantables.

Une mère mourante

Le deuxième plaignant avait à peine 5 ans, lorsqu’il a commencé à partager les repas de cette famille qu’il considérait comme la sienne. Son attachement à l’accusé était d’autant plus fort qu’il avait perdu son père, puis sa mère.

«Le prévenu était quelqu’un d’important pour moi, explique-t-il au tribunal, comme un second père.» Il l’appelait «tonton».
Et l’accusé indique: «Il était comme mon fiston.» Il se souvient des balades en forêt, des grillades. Il se souvient aussi de cette mère mourante qui lui avait fait promettre de protéger son fils.

Le vieil homme admet qu’il n’aurait pas dû tromper cette confiance. Mais l’instant d’après, il affirme que les garçons le provoquaient, qu’ils lui montraient des films pornographiques, ce qui l’avait fait craquer.

«C’est de leur faute?» lui demande Me Lorella Bertani. Il répond oui.
Devant tant de mauvaise foi, son propre avocat, Me Vincent Spira, finit par exploser: «Vous regardez des films de cul avec des mineurs et pour vous, c’est du folklore!
Vous réfléchissez aux termes que vous utilisez?»

Le prévenu devient plus conciliant mais continue à marmonner que «sur le plan sexuel les garçons en savaient plus que moi». Sans compter qu’il s’était laissé «embobiner».
Le procès se poursuit.

Source: http://mobile2.tdg.ch/

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