Suisse | Accusé d’inceste par sa belle-fille

Le parquet fribourgeois a la certitude qu’un père de famille portugais a abusé de la fille de son épouse entre ses 16 et 20 ans, et ce chaque mois. Il requiert 6 ans de prison.

En détention préventive depuis près de deux ans, le quinquagénaire a comparu hier devant le Tribunal pénal d’Estavayer-le-Lac (FR). Image: Laurent Crottet

L’atmosphère était des plus malsaines hier au Tribunal d’Estavayer-le-Lac (FR). Entre Jorge* (51 ans) et sa belle-fille Luisa* (21 ans), une paroi de séparation en bois – installée à la demande de celle qu’il considérait comme l’une de ses filles (l’homme ayant rencontré sa mère alors que l’enfant n’avait que 9 ans).

Cela fait 22 mois que ce père de deux autres fillettes (aujourd’hui âgées de 12 et 6 ans) a été incarcéré, dans l’attente de son procès pour viols et contraintes sexuelles.

«Ma fille ment»

Début juillet 2015, Luisa perdait avec effet immédiat sa place d’apprentissage au sein d’un EMS de la Broye, en raison d’absences injustifiées et de résultats scolaires insuffisants.

Un licenciement qui aurait décidé cette jeune Portugaise – avec le soutien d’une collègue – à dénoncer à la police les relations sexuelles que son beau-père (également sans emploi depuis 2011) lui aurait imposées chaque mois depuis trois ans et demi. Ainsi que des attouchements quasi quotidiens sur ses parties intimes.

Le tout dans un petit appartement de 3,5 pièces à Estavayer, où la famille a emménagé à son arrivée en Suisse en 2009. En profitant de l’absence d’Elisabete*, mère de Luisa et épouse de Jorge, le plus souvent le samedi, lorsque cette dernière partait en course avec leurs deux filles. Mais aussi en présence de l’une d’elles, un soir, alors que cette enfant était âgée de 6 ans et dormait dans le lit conjugal.

«Elle a menti pour pouvoir atteindre son objectif: quitter la maison, comme le lui conseillaient les services sociaux», a lâché froidement Elisabete aux cinq juges, et malgré la présence de sa fille, assise derrière elle dans un état de stress palpable…

Plaignante en larmes

Avant de lancer une petite bombe, au moment où la présidente du tribunal, Marlène Collaud, lui a demandé si elle avait quelque chose à ajouter: «Il y a quelques mois, ma deuxième fille (ndlr: l’enfant de 12 ans) m’a confié avoir vu Luisa* passer sa main entre les jambes de mon mari et lui donner des bisous sur la bouche, quand nous vivions encore tous les cinq. J’avais moi-même constaté qu’elle lui mettait les mains à cet endroit et sur ses fesses, et sa sœur cadette me l’a aussi confirmé.»

Un élément nouveau qui n’avait pas été mentionné en près de deux ans d’enquête pénale. «C’était à Luisa de le dire, pas à moi», s’est-elle défendue, en dépit des larmes qui coulaient sur le visage de la jeune plaignante. Des allégations confirmées par Jorge.

«Je ne crois pas que ces nouvelles déclarations soient farfelues, même si je ne sais plus quoi penser de cette obscure affaire familiale, où rien n’est clair», a déclaré en plaidoirie l’avocat d’office du quinquagénaire, Me Jérôme Magnin.

Et de plaider «un doute insurmontable», tout en fustigeant une enquête pénale menée exclusivement à charge. La procureure Yvonne Gendre a pour sa part requis une peine de 6 ans de prison, convaincue «de manière certaine» de la culpabilité du Portugais. Verdict mercredi.

Source : lematin.ch

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