Saint-Paul | Un an avec sursis pour agression sexuelle sur une enfant de 9 ans

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“Je suis victime de fausses déclarations”… “les gendarmes ont tout inventé”
Joël M., 60 ans comparaissait devant le tribunal de Champ Fleuri il y a un mois pour répondre d’agression sexuelle sur une fillette de neuf ans. Conformément aux réquisitions, il écope d’un an avec sursis et de l’interdiction d’exercer une profession en contact avec des mineurs.

À 60 ans, J. M. habite une très belle propriété à Saint-Paul, sur 5 hectares, équipé d’un club équestre où les poneys font souvent la joie des enfants.

Le 7 mai 2023 au soir, le propriétaire des lieux donnait une fête avec environ 80 personnes invitées.

Parmi elles, Léa*, 9 ans, et sa mère qui connaissent leur hôte depuis plusieurs années.

Il était convenu avec lui que Léa devait dormir sur place pour faire du poney le lendemain.

Vers 22 heures, la jeune fille demandait à J. M. de lui montrer où elle dormira, afin d’y déposer ses affaires.

Tandis que la mère est avec les invités, J. M. et Léa se dirigent vers l’habitation.

J. M. lui montre la chambre de sa fille, cette dernière et sa mère étant absentes du domicile ce soir-là.

D’après Léa, alors qu’elle lui tourne le dos pour admirer le bassin des capes Koï, le sexagénaire lui aurait caressé les épaules, l’aurait embrassée dans le cou en lui disant qu’elle était aussi belle que sa maman, puis l’aurait ceinturée au niveau des hanches, glissant une main dans le pantalon et dans le slip.

Un dépôt de plainte le lendemain

Dans la foulée, Léa s’enfuit retrouver sa mère, à qui elle dit qu’il faut partir tout de suite.

La mère, affolée par ce changement d’attitude, lui demande de s’expliquer.

Léa lui raconte ce que J. M. lui aurait fait.

Selon la mère, alors qu’elle demande des précisions à J. M., revenu vers ses invités, ce dernier l’aurait évitée, expliquant « qu’il ne s’était rien passé et que ça ne se reproduira pas ».

Quittant les lieux avec sa fille, la mère portera plainte dès le lendemain à la gendarmerie.

Entendue, Léa réitérera ses explications : aux enquêteurs, au médecin légiste et au psychiatre, indiquant :

« Je ne comprends pas. Il était gentil avec moi et il n’avait jamais eu de geste comme ça avant. »

Des aveux embarrassants

Dans le cadre d’une perquisition chez lui, J. M. aurait spontanément livré des aveux aux gendarmes, leur montrant les lieux, expliquant qu’il avait « effectivement enlacé la fillette » qu’il avait « posé ses mains sur ses hanches » et que « ses phalanges avaient glissé dans l’échancrure du legging de Léa » et qu’il avait « immédiatement retiré sa main ».

Détail troublant : il avait spontanément dit qu’il avait « trouvé curieux que la mère l’eût laissé seul, accompagner Léa jusqu’à la chambre » et qu’en tant que « père lui-même, il n’aurait jamais laissé sa fille seule avec un adulte dans le même contexte ».

A la barre du tribunal de Champ Fleuri, J. M. avait fait volte-face :

«Non, je n’ai jamais dit ça aux gendarmes, ni à l’expert.

On est dans des interprétations fausses de mes déclarations.

Je suis malade depuis cette soirée.

Je suis victime de fausses déclarations »

opposait-il, voyant dans cette procédure une volonté de lui nuire.

« Je suis quelqu’un qui connaît beaucoup de monde et on s’attaque à mon nom, à ma famille, à ma réussite, alors que je suis respectueux, surtout avec les enfants qui viennent régulièrement dans mon domaine », expliquait-il.

«On voulait que j’en dise plus.

Les gendarmes m’ont manipulé et transformé mes propos », certifiait le prévenu.

L’avocat de la famille de Léa, Sébastien Navarro, appuyait dans le comportement de J.M. et de son avocate, Marie Briot, « la volonté de faire table rase de ses aveux sans équivoque ».

Le conseiller s’est dit « outré par le manque de courage de J. M. », adressant au prévenu :

«Votre patronyme, je n’en ai cure, ce qui m’importe, c’est l’intérêt de votre victime, Monsieur M. Léa avait 9 ans au moment des faits. »

Il se rétracte à la barre

Pour le ministère public, représenté par Carmélita Dijoux, « les témoignages de Léa avaient été constants et conformes à la procédure ».

Elle s’est dite « surprise » par le retournement de J. M. :

« Au départ, il assumait son dérapage.

Je me suis trompée. il dit aujourd’hui que les gendarmes ont tout inventé », arguait-elle

requérant un an avec sursis simple, interdiction de cinq ans d’exercer une activité professionnelle en présence de mineurs et une inéligibilité de cinq ans.

Me Marie Briot, avocate de la défense n’avait pas la même lecture du dossier :

«Il y a des incohérences dans les procès-verbaux des gendarmes.

Il y a des questions sans réponses, des réponses sans les bonnes questions, des copiés-collés dans leur compte rendu bricolé.

Il n’y a pas de témoins directs et je demande aussi au tribunal de ne pas prendre le témoignage de Léa pour argent comptant.

La parole d’une gamine de neuf ans est à prendre avec des pincettes.

Le dossier est peu étayé, il y a trop de doutes, et le doute doit bénéficier à mon client », certifiait elle, demandant la relaxe de J.M.

Le tribunal vient de rendre la décision.

Le mis en cause écope d’un an avec sursis, de l’interdiction d’exercer une activité en contact avec des mineurs ainsi que d’une peine d’inéligibilité.

Son nom a également été porté au fichier des auteurs d’agression sexuelle, et il devra s’acquitter d’une somme de 8 200 euros à sa victime au titre du préjudice moral.

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