Saint-Mathurin | Prison ferme pour l’ancien éducateur qui agressait sexuellement de jeunes garçons

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Sept victimes entre 2013 et 2018 : des jeunes garçons âgés de 7 à 15 ans.
Un homme a été condamné à quatre ans de prison dont deux ferme. Il accueillait chez lui des jeunes garçons et leur faisait subir des attouchements.

Derrière le prévenu, sur le banc des parties civiles, aux côtés de sa mère, âgé aujourd’hui de tout juste 18 ans, une seule des victimes.

Hervé* accepte de prendre la parole et livre un témoignage poignant.

Le président Nicolas Pautrat, président du tribunal correctionnel des Sables-d’Olonne, présente le dossier.

L’homme est un ancien éducateur spécialisé qui a travaillé dans divers établissements pendant 20 ans.

Il termine sa carrière en Vendée.

Il habite une maison à Saint-Mathurin, « la maison du Père-Noël », avec une piscine, une salle de jeux vidéo, une salle de billard.

Il fonde une structure de karting.

Il vit seul.

Avec l’aval des parents, il reçoit des enfants, parfois en rupture de vie sociale.

Il dit

« chercher de l’affection, mais pas seulement auprès des enfants.

De leur famille aussi ».

Pourtant, lors de ces séjours, il  va plus loin.

Le président détaille :

« vous avez procédé à des rituels.

Vous douchiez les enfants, jusqu’à décalotter leur sexe avec un gant ou une serviette de toilette.

Vous leur disiez, de nuit, d’aller nus dans la piscine.

Vous leur faisiez faire des billards déshabillants.

Vous leur avez demandé de comparer la longueur de leur sexe.

Pour parachever le tout, les enquêteurs ont retrouvé plus de mille photos et des dizaines de vidéos de ces enfants que vous avez prises vous-même ».

Un jeune homme encore traumatisé

Le prévenu minimise.

« Les douches, c’était pour leur apprendre la propreté. Je ne les ai jamais obligés d’aller nus dans la piscine. Ils n’ont jamais rien dit, ne se sont jamais plaints ».

Le président fait un nouveau constat :

« Vous avez réussi à faire de ce qui n’est pas normal, de ce qu’ils n’auraient jamais fait chez eux, une normalité ».

Et puis, il y avait les cadeaux en tous genres, notamment du karting gratuit, par le biais de l’école de pilotage.

Soutenu par sa mère, Hervé se souvient et affirme :

« J’étais enfant mais c’est toujours présent en moi. Et tout le monde y passait. Tout était de son initiative. »

Le jeune homme fait une pause, le temps d’essuyer ses larmes.

Le président lui demande s’il veut poursuivre :

« C’est pas facile d’en parler, une forme de peur ».

« De honte aussi peut-être »,

demande le président.

« Oui, je sais que ce qui c’est passé n’est pas normal ».

Il explique avoir été suivi psychologiquement.

« Ça va mieux maintenant mais c’est toujours dans ma tête ».

La maman et son fils ne demandent pas d’indemnisation.

« Je ne veux pas recevoir d’argent de sa part ».

Abus d’autorité retenu

Un témoignage poignant à l’issue duquel la prévenu reconnaîtra pour la première fois des gestes d’attouchements déplacés et s’excuse.

« Je n’ai jamais vu les conséquences, je ne voulais pas ».

Premier constat du procureur de la République Julien Duchoze :

« Enfin il reconnaît les faits aujourd’hui ». Et d’engager des réquisitions accablantes à l’adresse du tribunal.

« Il a utilisé le fait qu’il était éducateur pour les attirer, tout comme leurs familles.

Avec des cadeaux pour arriver à assouvir ses propres fantasmes.

Il s’est constitué une banque photos et vidéos pédopornographiques sur ce harem de jeunes garçons, pour ses propres envies.

Il a abusé de son autorité.

Dans ce dossier, il ressort une certaine forme de prostitution ».

Quatre ans de prison sont requis ainsi qu’un suivi sociojudiciaire.

Avocate de la défense, Me Karine Vreken parle de réquisitions « excessives, non appropriées à une situation exceptionnelle », affirmant

« comme le souligne l’expert psychiatre, qu’il n’y a pas de connotation pédophilique.

Mon client n’a jamais eu d’intention sexualisée vis-à-vis de ces jeunes garçons. »

A l’issue d’une longue interruption d’audience, le délibéré tombe.

Le prévenu est condamné à quatre ans de prison dont deux avec sursis, d’un suivi sociojudiciaire pour une période de cinq ans, en cas de non respect ce sont deux ans de prison qui sont encourus. 

Il a une injonction de soins, une interdiction de contact avec les victimes et interdiction de toute activité avec des mineurs.

Il écope d’une inéligibilité pour trois ans et est inscrit au fichier des délinquants sexuels.

*prénom d’emprunt

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