Saint-Malo | Un homme condamné à 10 mois de prison avec sursis pour avoir régulièrement agressé sexuellement une fillette de 3 ans

L’oncle qui « jouait au docteur » avec sa nièce condamné

(© Illustration Fotolia)

Il jouait souvent au docteur avec sa nièce… Un oncle a été condamné à 10 mois de prison avec sursis par le tribunal de St-Malo pour agression sexuelle sur une fillette.

La petite fille âgée de 8 ans n’est pas venue devant le tribunal de St-Malo. Ce sont ses parents qui la représentent sur le banc des victimes, face à leur beau-frère à la barre.

La maman de Clara (prénom d’emprunt) raconte son incrédulité d’abord, puis son désarroi lorsqu’elle a compris que le compagnon de sa sœur avait agressé son enfant.

Au départ il y a un homme entré dans la famille, qui semble beaucoup aimer les enfants. À Cancale, ou dans des communes alentour, il joue avec eux, s’en occupe beaucoup, presque un peu trop.

Un jour Clara dit à sa maman que son tonton lui a touché le sexe. Pour la maman pas de quoi s’alarmer, le tonton donne souvent le bain aux enfants et les porte souvent dans ses bras : une main pourrait malencontreusement être mal placée.

La petite aime beaucoup le jeune homme, dit qu’elle en est amoureuse, et lui fait régulièrement des bisous sur la bouche. Lui se positionne comme un « second père », dort avec elle aussi quelques fois.

Le jeu du docteur

Et puis ce tonton âgé d’une trentaine d’années, tout le monde l’aime bien. Au point que lorsque Clara va dire de manière très spontanée que son oncle touche régulièrement son sexe quand ils jouent ensemble au docteur, personne ne va la croire, sauf ses parents.

« Non Maman, toi tu ne touches jamais mon sexe. Mais tonton, oui ! »

La petite parle d’un thermomètre glissé sous sa culotte, d’un doigt dans son vagin et finit par dessiner, pour aider les enquêteurs à comprendre, ce qui ressemble fort à une pince à épiler.

Entre 2014 et 2018, c’est-à-dire quand Clara avait entre 3 et 7 ans, il semblerait qu’on ait beaucoup joué au docteur dans la famille.

« Cinquante fois ! »

répond l’enfant quand on lui demande combien de fois.

« Évidemment ce n’est certainement pas cinquante fois réellement, mais cela prouve que dans son esprit, c’était beaucoup »

explique la procureur de la République.

Dans le même temps, début 2018, sa maman assiste à une scène qui l’abasourdit complètement : alors qu’elle a déjà couché Clara, elle repasse dans le couloir et aperçoit son beau-frère à genoux près du lit de sa fille. À sa vue il retire doucement sa main, glissée sous la couette.

Une famille déchirée

À partir de là, les parents de Clara sont convaincus d’un réel problème. La maman en parle à différentes personnes de la famille, qui se montrent sceptiques. Elle appelle alors de manière anonyme le 119 pour expliquer son désarroi face à une situation qu’elle ne sait pas comment gérer. C’est le Parquet qui va diligenter des recherches et la retrouver. En mars 2018, elle dépose plainte à la gendarmerie.

Un an plus tard au tribunal, les parents sont désormais exclus de la famille. La grand-mère de Clara, ses tantes… Tout le monde ou presque s’est rangé du côté du tonton. Trois d’entre eux sont cités comme témoins à la barre pour évoquer sa bonne moralité, la confiance qu’elles gardent à lui confier leurs enfants, voire l’irresponsabilité de la maman qui lui confiait l’enfant si vraiment l’homme était coupable.

L’avocat de la partie civile Me Stichelbaut n’en revient pas :

« Cette grand-mère, c’est de sa petite fille dont il s’agit, qui a vécu des agressions sexuelles. De l’autre côté ce n’est pas son fils, ce n’est pas son frère, c’est le compagnon de sa fille ! Et pourtant c’est lui qu’elle croit. »

« Le devoir des parents »

Affectés, les parents de Clara regrettent l’isolement qu’ils subissent parce qu’ils ont « osé parler » mais assument les conséquences de leur prise de parole. Leur avocat les conforte :

« C’est du devoir des parents d’aller déposer plainte quand leur enfant est agressé ; les parents n’ont fait que leur devoir. »

Le procès de cet oncle aura duré presque cinq heures. La parole de l’enfant, comme souvent dans ces dossiers, était au cœur des débats.

« Toucher le sexe d’un enfant, ça peut arriver, ça dépend du contexte »

dira un des témoins.

« Elle n’a pas pu inventer »

dira la maman.

Me Fillion, l’avocat du prévenu, tentera d’expliquer le contraire, examen médical détaillant l’absence de trace gynécologique à l’appui :

« On ne peut pas continuer à dire après Outreau que les enfants ne peuvent pas inventer. Mais bien sûr les enfants peuvent inventer ! Vous n’avez pas la moindre preuve. »

10 mois de prison avec sursis

Le jeune oncle, qui clamait n’avoir

« jamais eu d’intentions sexuelles »

a été déclaré coupable et condamné à 10 mois de prison avec sursis avec mise à l’épreuve pendant 2 ans. Il a l’obligation de se soigner et devra indemniser sa victime à hauteur de 2 700 € et verser 1 200 € à chacun des parents. Il est également désormais inscrit au fichier judiciaire des auteurs d’infraction sexuelle.

Sources : actu.fr

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