Saint-Etienne-de-Tulmont | 7 ans après son agression sexuelle, elle fait condamner le père de famille

Il aura fallu beaucoup de patience et d’abnégation pour qu’une Montalbanaise de 21 ans, victime d’une agression sexuelle commise en 2012 à Saint-Etienne-de-Tulmont alors qu’elle n’a que 14 ans, puisse enfin voir l’homme l’ayant abusé, condamné à du sursis.

Une centaine d’accusations de viol pèsent sur l’homme de 71 ans. © LOIC VENANCE AFP

Le mis en cause a échappé jusqu’ici aux poursuites, le parquet de l’époque ayant classé l’affaire sans suite.

La famille s’est constituée partie civile, une information judiciaire a été ouverte.

«Elle a permis, a reconnu le procureur de la République Laurent Czernick, d’apporter des éléments nouveaux notamment sur le comportement du mis en cause vis-à-vis des femmes».

Entre-temps, ce ressortissant Franco-Mauricien a quitté la France et les demandes de la juge d’instruction aux autorités de la République de Maurice sont lettres mortes.

Un mandat d’arrêt international est lancé, il faut finalement attendre un retour en France du suspect pour qu’il soit interpellé en juillet 2017.

Son passeport confisqué, il est placé depuis sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire.

Revenant sur les faits, la présidente rappelle les circonstances de ce dossier ouvert au départ au criminel.

En juillet 2012, La victime, une ado se rend à une fête de famille à l’invitation de la fille du prévenu. Elle est ivre lorsqu’elle est raccompagnée chez elle par le père de famille. C’est durant ce trajet que le patriarche en profite pour réaliser des attouchements sur sa poitrine et son sexe. Durant sa première audition, il avoue, avant de se rétracter le lendemain qu’il a même obtenu une fellation.

«Elle était consentante, à l’aise», répète, hier encore, le quinqua se retranchant sur le fait qu’il pensait que l’ado avait 18 ans. «Elle prend le bus pour aller au collège avec votre fille, le car il n’allait pas à l’université!», le reprend la présidente.

«Si j’avais su, je ne l’aurais pas fait, je suis un papa», se défend le quinqua. «Un papa qui a une attitude déplacée aussi avec sa voisine lorsqu’elle lui refuse une faveur sexuelle : vous avez baissé votre short et vous vous êtes caressé devant elle, idem pour une femme qui dit avoir eu une main aux fesses», le retoque la juge.

«Non!», s’exclame sans plus d’explication le suspect niant aussi avoir «tenté de violer l’ado en l’extrayant du véhicule et de la mettre à quatre pattes».

Des faits que la victime a dévoilé après des réminiscences lors de l’instruction judiciaire.

«Lui, il se plaint d’avoir perdu sa femme et son travail… Moi, j’ai un corps que je ne supporte plus», s’effondre en sanglots la jeune femme venue courageusement s’exprimer à la barre.

Très remonté par les dénégations du prévenu, le bâtonnier Pujol revient sur le jeu de mots par lequel le père de famille tente de faire croire qu’il avait mal compris le mot «pénis» durant ses auditions pour revenir sur ses déclarations.

«Vous vous moquez du monde! Vous nous dîtes qu’en créole «pénische», c’est un bateau!», tonne Me Pujol relayé par le procureur ne croyant pas non plus les déclarations du prévenu.

Il requiert 2 ans dont 12 mois de SME, et refuse la restitution du passeport pour qu’il puisse purger sa peine.

À la défense, Me Imane Krimi qui plaide une relaxe, obtient un beau pis-aller.

Le tribunal, en effet, contre toute attente condamne le père de famille à 2 ans avec sursis avec la restitution du passeport.

Une décision «pas satisfaisante» pour le bâtonnier Pujol reconnaissant toutefois que «malgré ses dénégations, il a été reconnu coupable». La balle est désormais dans le camp du parquet qui peut encore fait appel de cette décision…

Source : ladepeche.fr

Source(s):