Saint-Cyran-du-Jambot | Un homme connu pour héberger des mineurs vient d’être condamné à de la prison ferme pour avoir agressé sexuellement plusieurs de ses jeunes locataires
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 23/09/2019
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Un pédophile de 67 ans, dont le comportement déviant avait déjà été signalé en 2012, a été jugé pour avoir commis une agression sexuelle sur une de ses locataires, dans la chambre de laquelle il s’était introduit, et pour corruption et agression sur mineur.
Veste grise, broche et chignon impeccable pour elle ; chemise, veston et pantalon droit pour lui. Ils seront restés assis, le dos droit, parfois secoué de quelques sanglots silencieux durant toute l’audience.
« Oui, j’en suis sûre », réaffirme-t-elle.
Cette première victime, âgée de 21 ans à l’époque, a porté plainte, au Blanc, en janvier 2017. Aucun doute sur l’identité de son agresseur, qu’elle a retrouvé dans sa chambre en se réveillant, alors qu’il introduisait ses doigts en elle.
C’était son propriétaire. Un homme connu pour héberger des mineurs et des jeunes majeurs scolarisés au lycée agricole privé de Saint-Cyran-du-Jambot.
« Ce n’est pas du tout moi ! En janvier, il fait noir », rétorque-t-il, avec hauteur et un accent. Le prévenu est de nationalité américaine. Il se fait traduire les propos de la cour mais répond en français. Un jeu de langage dont il use et abuse. « C’est comme ça pour les Américains », explique-t-il pour justifier les messages envoyés quelques jours avant à cette locataire : « Tu me manques ».
Un comportement déviant déjà signalé en 2012 par des parents d’enfants accueillis chez cet homme à l’occasion d’un stage. D’autres témoignages font état d’une relation avec un précédent locataire de 19 ans, consentie ; une autre locataire mentionne un bisou alors qu’elle était au téléphone.
« Avec ma femme, nous sommes formés, avec un diplôme en éducation et psychologie des adolescents. On les comprend mieux que les autres, c’est pour ça qu’on repérait les plus troublés, pour les accueillir, les accompagner », se défend l’homme.
Le discours de « Docteur Jekyll » est impeccable ; du point de vue d’un « Mister Hyde », il interpelle. D’autant que lors de la perquisition à son domicile, ont été retrouvés un CD contenant plus de 3.000 images pornographiques (hétérosexuelles et homosexuelles) et des films de même teneur sur une clé USB.
L’analyse de sa navigation internet fera état de nombreuses consultations de sites à caractère pornographique.
Les témoignages de soutien au prévenu, soulignant son côté respectable, se sont multipliés.
La victime a été moultes fois décrite comme étant « fragile ». Une « histoire familiale difficile », résumera son avocate, tout comme la seconde victime, un jeune homme âgé de 15 ans lorsqu’il rencontre l’Américain. Les relations se nouent autour d’une passion pour l’orgue. « C’est américain, aussi, d’offrir de l’argent comme ça, des cadeaux ? », provoque la présidente.
Le jeune homme s’est présenté à la gendarmerie en avril 2018. Il indique alors qu’il était sous l’emprise psychologique du propriétaire lors du témoignage qu’il a fait contre la première victime, et que lui-même a subi des abus.
Entre ses 14 et ses 17 ans, de 2014 à 2017, lors de six à sept week-ends passés chez l’homme, en l’absence de sa femme, le comportement a dévié. L’homme le faisait boire. « Ça a été un des déclics, lors de mes stages : je ne touchais jamais au vin, aux repas. Je ne savais pas ce qui allait se passer après. »
Des soirées qui se sont conclues par des visionnages de films pornographiques, puis par des masturbations et des fellations imposées.
« Je suis trop proche de dieu, ce n’est pas moi ! » s’écrit le sexagénaire.
« Il a un discours inauthentique et formaté », c’est l’un des extraits de l’analyse psychiatrique du prévenu sur lequel s’appuie la substitut du procureur Wiebke Trumm. Elle insiste sur le discours, inchangé, de la première victime, sur les conditions d’emprise du second, leurs ressemblances, la fragilité sociale et familiale des deux victimes.
« Il y a plus de doutes que d’évidence », pointera l’avocat du prévenu.
Pas pour le tribunal qui, tout au long des débats, a aussi eu à recadrer le prévenu lors de ses logorrhées. L’homme a été condamné à trois ans de prison, dont deux assortis d’un sursis avec mise à l’épreuve de deux ans comprenant une obligation de soin et d’indemniser ses victimes, et de 5.000 € au titre du préjudice moral pour chacun d’eux, entre autres.
Source : lanouvellerepublique.fr
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