Rouen | Un homme condamné pour deux agressions sexuelles commises près de la gare

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« Les faits sont d’une extrême gravité, commise sur deux victimes, sur la voie publique »
Un homme a été condamné par le tribunal de Rouen pour deux agressions sexuelles commises près de la gare, à un an d’intervalle.

Un homme âgé de 25 ans a été condamné, vendredi 12 août 2022, par le tribunal correctionnel de Rouen pour avoir brutalement agressé sexuellement une femme et caressé la cuisse d’une fille de 13 ans.

Plaquée contre un mur et agressée

Le 5 septembre 2021 vers 00h10, les services de police sont contactés par une femme indiquant avoir subi une agression sexuelle rue d’Anvers à Rouen.

Sur place, les policiers découvrent la victime en état de choc.

Cette dernière leur explique s’être rendue en centre-ville dans un bar avant de rentrer à pied chez un ami.

Juste après son départ, un homme l’a bousculé avant de venir la plaquer violemment contre un mur avant de lui toucher les seins et le sexe.

« Il m’a plaqué contre le mur et m’a fait chuter sur le sol. Il s’est mis à califourchon et m’a touché les seins avant de passer ses mains sous ma robe et dans ma culotte pour toucher mon sexe »,

détaille-t-elle auprès des enquêteurs.

Julie* explique s’être alors défendu et avoir crié faisant ainsi prendre la fuite à son agresseur.

Malheureusement aucun profil ne sera identifié par le FNAEG** sur les vêtements qu’elle a remis aux enquêteurs.

Une autre victime un an plus tard

Un an plus tard, le 16 juin 2022, la police est alertée par une femme et une jeune fille âgée de 13 ans rue Verte à Rouen.

Cette dernière explique qu’un homme alcoolisé lui a caressé le visage puis la cuisse.

La vidéosurveillance de la gare et le témoignage de la femme permettent de confirmer les déclarations d’Élodie*, la jeune victime.

Un suspect, Kamel* est rapidement identifié et interpellé.

L’individu présente un taux d’alcool de 2.16 g/litre de sang.

Placé en garde à vue, son ADN est relevé celui-ci concorde avec l’agression d’il y a un an.

Entendu, le suspect explique « avoir voulu faire un câlin et avoir été recalé » puis ajoute :

« Je ne sais pas pourquoi je fais ça, je ne suis pas comme ça quand je suis à jeun, il faut que j’arrête ».

Concernant Julie, il indique ne pas se souvenir de l’agression tout en affirmant que « cela a duré 10 minutes ».

« C’est très violent ce qu’a subi la victime ! »

Dans le box, le prévenu plaide l’amnésie :

« J’étais sous alcool, j’étais dans un autre délire ».

La présidente tente alors lui faire prendre conscience de la gravité des faits :

« C’est très violent ce qu’a subi la victime ! ».

Et Kamel de répondre laconiquement :

« Oui je sais, je n’aurais jamais dû faire ça, j’ai entendu des voix dans ma tête me disant de le faire, il faut que je change, j’ai des problèmes de pulsions ».

Soumis à une expertise psychiatrique, cette dernière conclue que Kamel souffre « d’une schizophrénie paranoïde et qu’il présente une dangerosité psychiatrique et criminologique ».

L’expert indique que l’alcoolisation chronique du prévenu entraîne des pulsions sexuelles crues et une relation objectale avec autrui ».

Il recommande une injonction de soins dans le cadre d’un suivi socio judiciaire.

Sur le banc des parties civiles, Julie, très émue à l’évocation des faits, ne parvient pas à s’exprimer sur les faits.

Elle indiquera au tribunal que depuis, elle ne peut plus dormir seule, ne sort plus la nuit et se fait accompagner le jour.

Elle sollicite 500 euros de dommages et intérêts.

Condamné à de la prison

Le père d’Élodie explique pour sa part ne pas pouvoir accepter ses excuses et demande que le prévenu soit interdit de paraître à Rouen afin que sa fille puisse reprendre le train sereinement jusqu’à son école.

Il sollicite la somme de 1600 euros de dommages et intérêts.

Pour le ministère public, « les faits sont d’une extrême gravité, commise sur deux victimes, sur la voie publique ».

Si le magistrat tient compte de l’altération du discernement du prévenu, elle estime en revanche que le prévenu représente une dangerosité laissant craindre un risque de récidive et requiert une peine de trois ans d’emprisonnement dont un avec sursis, une obligation de soins et l’interdiction de paraître à Rouen.

Pour la défense de Kamel, le prévenu présente une personnalité complexe avec un raisonnement limité, à cause de pathologies génétique et psychiatrique associées.

Ces dernières perturberaient ses interactions sociales, sa communication avec autrui.

Elle sollicite du tribunal une sanction « la plus adaptée au regard de sa personnalité » et estime que son client a besoin d’un suivi au long court et extrêmement rigoureux dont il ne pourrait pas bénéficier en détention.

Elle demande au tribunal de prononcer une injonction de soins dans le cadre d’un suivi socio judiciaire.

Le tribunal déclare Kamel coupable des faits qui lui sont reprochés et le condamne à la peine de trois ans d’emprisonnement dont un an assorti du sursis probatoire pendant deux ans avec obligation de soins psychiatriques, alcoolique et à l’interdiction de paraître à la gare de Rouen ou aux abords et ordonne son maintien en détention.

Kamel devra en outre verser la somme de 2100 euros de dommages et intérêts et se voit inscrit au fichier des délinquants sexuels.***

*Les prénoms ont été modifiés.

**FNAEG : Fichier National des Empreintes Génétiques.

***Cette peine est susceptible d’appel. Toute personne est présumée innocente tant que toutes les voies de recours n’ont pas été épuisées.

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