Rodez | Un homme sera peut-être relaxé 4 ans après les faits

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4 ans et demi après avoir été accusé de viol, sera-t-il relaxé ?
petite fille prostrée
D’un côté, il y a la version d’une jeune fille âgée de 13 ans au moment des faits. Ils remontent au 16 juillet 2016.

Ce jour-là, elle profite d’une journée ensoleillée avec sa sœur aînée et son beau-frère au bord d’un lac avant de passer la nuit dans leur appartement ruthénois.

Mais avant de s’endormir, elle dit avoir été victime d’un viol de la part de son beau-frère, alors âgé de 30 ans, sur le canapé-lit du salon. Sa sœur, elle, dormait déjà dans la chambre parentale en compagnie du bébé du couple.

La jeune adolescente, placée en famille d’accueil depuis plusieurs années, décrit des mains baladeuses de la part du trentenaire, puis une forte insistance malgré ses appels à l’aide restés sans réponse et un rapport non consenti, avec pénétration.

Elle décrira cette scène à plusieurs de ses proches, dont sa sœur, le lendemain. Personne n’y croit vraiment mais, accompagnée d’une assistante sociale, la jeune fille dépose plainte.

Une enquête pour viol est ouverte et le beau-frère placé en garde à vue. Habilité à traiter ce genre de dossier, le pôle criminel de Montpellier n’est étrangement pas saisi…

Lors de toutes ses auditions, le prévenu ne cesse de clamer son innocence. Cette nuit-là, il a rejoint sa compagne au lit. Point.

“Je ne comprends pas pourquoi elle invente une telle histoire !”,

répète-t-il.

Les déclarations de la jeune fille sur le déroulé des faits, elles, varient au fil des confrontations même si elle se dit toujours victime d’un viol. Le trentenaire ressort finalement libre de sa garde à vue et ne sera mis en examen que sept mois plus tard pour… agression sexuelle sur un mineur de moins de 15 ans et non plus un viol.

Il était présenté pour ces faits hier devant le tribunal de Rodez. Avec cette question, 4 ans et demi après les faits : qui dit vrai, qui dit faux dans cette histoire ?

Le tribunal et la juge Sylvia Descrozailles trancheront le 16 décembre prochain, à 14 heures.

La relaxe requise par le ministère public

En attendant, le ministère public a déjà pris sa décision.

“Dans cette affaire, l’accusé a toujours tenu des propos cohérents, la partie civile, elle, s’est contredite à plusieurs reprises. Les charges ne sont pas suffisantes et je m’en rapporte”,

a brièvement requis Bernard Salvador.

L’avocat du prévenu, Me Cédric Galandrin, en est lui aussi convaincu : son client est innocent. Et il

“pourrait le plaider durant des heures jusqu’à m’écrouler de fatigue”. “Tout ce dossier transpire le mensonge et je ne peux qu’en vouloir au magistrat instructeur”,

a-t-il indiqué avant d’étayer son propos :

“25 témoins ont été entendus dans cette affaire et aucun ne croit mon client coupable. Tous, en revanche, disent que la partie civile ment. Et ses contradictions tout au long de l’enquête le prouvent. Pourquoi a-t-elle inventé cette histoire ? Mon client se torture la tête pour le savoir même si je pense qu’elle était jalouse de cette relation, qu’elle voulait qu’ils se séparent… Mais, c’est abominable, elle n’a pas mesuré les conséquences de ce mensonge : comment vivre quatre ans et demi avec l’accusation d’un viol au-dessus de la tête ? Mon client a été sali car la justice a fait fi des mensonges et s’est mise en route de façon effroyable”.

Juste après le prévenu a d’ailleurs indiqué qu’il souhaitait

“aller au bout de cette affaire désormais”

et déposer à son tour plainte pour dénonciations calomnieuses. Juste avant cela, il avait laissé transparaître sa colère d’être à la barre :

“Je sais ce que je n’ai pas fait et je le répéterai jusqu’au bout ! Je n’ai rien à me reprocher, elle a fait son histoire, ce n’est pas la mienne. C’est horrible ce qu’elle m’a fait”

Aujourd’hui âgée de 17 ans, sa belle-sœur, elle, n’a pu répondre aux questions du tribunal. Déscolarisée et “un peu perdue”, elle a fondu en larmes et quitté la salle devant les questions de la présidente.

“Elle ne veut pas revivre ces faits, personne ne la croit et elle se retrouve totalement isolée”,

a plaidé son conseil, rappelant qu’une expertise psychologique de sa cliente mettait en exergue

“des comportements compatibles avec ceux d’une victime d’agressions sexuelles”.

L’examen gynécologique pratiqué 18 jours après les faits n’a, lui, que peu éclairé les différentes parties.

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