Rodez | Ils forcent une ado de 14 ans à poser pour des photos pornographiques

Trois Aveyronnais jugés pour corruption de mineure : un père, une belle-mère et un photographe. Tous trois ont écopé de prison ferme.

Un sentiment « d’effroi » a parcouru la salle du tribunal correctionnel de Rodez tout au long de l’audience de l’après-midi. Devant le président Denis Goumont, un père de famille, la belle-mère de la victime, vivant en Ségala, et un photographe, tous trois accusés de corruption de mineure, sur une période s’étendant du 1er janvier 2012 au 24 janvier 2014.

En clair, ils sont mis en cause pour avoir contraint la jeune fille, âgée de 14 ans au moment des faits, à poser « dans des positions clairement pornographiques », pour le compte d’un photographe amateur.

Ce dernier est entré en contact avec la victime via une page Facebook où il se fait passer pour une femme, soit disant modèle d’une agence, qui se propose de faire l’intermédiaire avec un photographe, Jérôme.

Un nom d’emprunt derrière lequel se cache l’accusé. Très vite, le couple se montre intéressé. L’attrait financier est évoqué car le photographe promet plusieurs milliers d’euros par séances.

Celui-ci ne donnera jamais rien, tout simplement « parce qu’il n’en avait pas les moyens », explique ce père de quatre enfants.

« Traitée comme un objet »

Environ 11 000 images mettant en scène la jeune fille – sous la douche avec sa sœur, en lingerie fine, à quatre pattes, etc. – seront retrouvées dans l’ordinateur du photographe.

Une camarade de classe, amie de la victime, va découvrir des échanges de mails et s’en inquiète. L’enquête des gendarmes débute peu après

« C’est de la pédopornographie que vous avez fait subir à votre fille »,

s’insurge Me Boutaric, s’adressant aux parents.

« J’ai le sentiment que ce dossier est uniquement la partie émergée de l’iceberg, poursuit-elle. Il y a des choses graves derrière cette corruption de mineure. Vous avez été les prédateurs de votre fille. »

Chérif Chabbi, représentant du ministère public, exprime tout son dégoût et

« le manque de considération des parents pour leur fille. Elle a été traitée comme un objet. Je veux que cette douleur-là, ils l’entendent »,

martèle le procureur pour justifier ses éclats de voix au moment d’interroger les accusés. En ce qui concerne le photographe, « il a un rôle fondamental dans ce dossier, souligne Chérif Chabbi. Il a saisi l’opportunité qu’il a lui-même provoquée».

Et le procureur de requérir une peine qui met « tout le monde sur un pied d’égalité » : 5 ans de prison, dont 3 ans assortis du sursis. Un suivi sociojudiciaire durant 10 ans et une injonction de soins.

« Déficit intellectuel réel »

Un temps mise en cause, la sœur de la victime, accusée de lui avoir mis la pression, a finalement été relaxée car elle était, selon son avocat Me Aoust « sous la coupe » de ses parents, « victime de ce couple infernal », d’après le procureur.

Pour l’avocate du père de famille, Me Cazor, les faits sont « insoutenables, mais il a droit à un procès équitable. Sa faute est de ne pas avoir dit non ».

Et d’évoquer « son déficit intellectuel réel ». Un argument repris cette fois par le défenseur de la belle-mère, Me Mainguy, qui rajoute : « Des difficultés financières, certes. Mais le fait qu’il (le photographe) ait abusé de leur bêtise n’explique pas tout. »

Enfin, Me Gosset, plaide en dernier pour défendre le photographe qui avait contacté d’autres jeunes filles qui n’ont pas donné suite.

« Ils (le couple accusé) n’ont pas eu besoin de mon client pour être stimulés. Qui a offert son enfant en pitance ? Mon client était juste intéressé, au départ pour prendre des photos du couple porté sur l’échangisme ».

Après en avoir délibéré le tribunal condamne le photographe et la belle-mère à 4 ans de prison, dont deux ans assortis du sursis.

Le père écope de 3 ans de prison, dont un an avec sursis.

Tous trois exécuteront un suivi sociojudiciaire pendant cinq ans et une obligation de soins.

Source : CentrePresseAveyron

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