Roanne | Une mère condamnée pour soustraction de mineure

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“Elle a agi pour la protéger”
Un conflit entre ex-époux a conduit une mère à fuir au Maroc avec sa fillette avec l’aide de deux complices. Tous trois ont été condamnés par le tribunal de Roanne ce mardi 4 juillet

Cette mère de famille, d’origine canadienne, était intimement convaincue que son ex-époux commettait des violences et des attouchements sur sa fille Hannah* depuis de nombreuses années.

Alors elle avait refusé de lui confier à plusieurs reprises, débouchant sur trois plaintes déposées par le père et la garde de l’enfant confiée à l’Aide sociale à l’enfance.

Une décision qui avait poussé la maman à organiser leur fuite vers le Maroc en février 2017, alors qu’elle vivait chez son compagnon de l’époque à Vivans.

Elle avait demandé à ce dernier de les conduire en voiture jusqu’à la gare de Roanne où un covoitureur les attendait pour les acheminer jusqu’à Lyon.

Là, la mère de famille avait loué une voiture jusqu’à Toulouse, où un ami de longue date était domicilié.

Pour “fuir la justice française”

Cet homme retraité, visiblement très généreux, lui avait acheté une voiture pour qu’elle se rende jusqu’au sud de l’Espagne pour prendre un ferry direction Arrache, une ville balnéaire du Maroc.

Mère et fille s’étaient alors installées chez un ami, le parrain d’Hannah, et avaient ensuite recherché un appartement pour s’y installer durablement.

Quelques semaines plus tard, la Canadienne avait été interpellée en Espagne puis remise aux autorités françaises et Hannah était retournée seule au Maroc.

Où la jeune femme, tout juste majeure, vit encore aujourd’hui.

M.Pibardot, avocate de père déclare:

“Ces deux hommes ont été subjugués par son intelligence et ont été sous emprise.”

Devant les juges du tribunal de Roanne ce mardi 4 juillet, cette maman, dont le discernement aurait pu être altéré au moment des faits selon un expert psychiatre, a expliqué être “partie en vacances pour réfléchir à [s]on futur, parce qu’étant prise dans une spirale juridique”.

“Cela fait plus itinéraire de Paris-Dakar que départ en vacances”, lui a rétorqué Wilfrid Exposito, le président de l’audience.

Elle dit avoir agi “pour protéger sa fille”

L’avocate du père, constitué partie civile, a dépeint l’ex-épouse comme une femme manipulatrice.

Et ses deux complices “subjugués par son intelligence et sous emprise”.

“Ils ont œuvré pour le malheur de l’enfant et de son père.”

Pour le procureur de la République, Abdelkrim Grini, cette affaire ressemble à “un mauvais film de série B”.

Il a estimé, comme Wilfrid Exposito, qu’elle a “fui la justice française, alors que celle-ci avait ordonné le placement de la fillette dans son intérêt”.

Le représentant du Parquet a requis trois ans de prison dont 30 mois avec sursis à son encontre, “compte tenu de l’ancienneté des faits”, ainsi que 15 mois avec sursis pour les deux complices, âgés de 48 et 67 ans.

Du sursis pour les trois protagonistes

Les avocats de ces derniers ont réclamé la relaxe, tandis que le conseil de la prévenue a insisté sur les circonstances exceptionnelles qui l’ont poussée à agir de la sorte:

“Elle a agi pour la protéger.”

Le tribunal a presque entièrement suivi les réquisitions du procureur en condamnant les deux hommes à 15 mois avec sursis et la mère de famille à trois ans de prison avec sursis.

Les trois protagonistes ont également été reconnus responsables du préjudice du père et devront lui verser un peu plus de 32.000 € de dommages et intérêts.

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