Reims | 4 mois avec sursis pour consultation de pédopornographie, l’expert-psychiatre n’a relevé aucune attirance pédophile

“French Lover”. Derrière ce pseudonyme repéré par la police néo-zélandaise se cachait un Rémois jusqu’alors inconnu de la justice et qui avait consulté des images pédopornographiques.

Illustration. Photographe : Bernard Sivade

Cette histoire débute au bout du monde. En Nouvelle-Zélande, des cyber-enquêteurs d’Interpol ciblent un site d’échange de fichiers d’images pédophiles.

Certaines adresses IP qui s’y connectent proviennent de France.

L’une, précisément, de Reims.

Pseudo du propriétaire : « French Lover », alias Simon.

Alertés, les policiers du service régional de police judiciaire (SRPJ) l’interpellent en février dernier.

Son matériel informatique est saisi.

Cinq fichiers mettant en scène « des enfants âgés de 5 à 8 ans » sont exhumés.

Son épouse, entendue en audition libre, raconte avoir trouvé en 2016 une photo pédopornographique et demandé des explications dans la foulée.

Simon, en garde à vue, confirme, assurant que cet épisode a eu pour lui valeur de déclic et qu’il aurait de lui-même arrêté de consulter ces sites.

Ce que ne contredisent pas les experts 2.0 de la PJ rémoise.

À la barre du tribunal correctionnel, où il était jugé mardi dernier, ce trentenaire résume :

« Je me sens fortement coupable.

J’étais vraiment sur une mauvaise période, je n’arrive pas à m’expliquer pourquoi… »

Jusqu’en 2011, cet homme sans antécédent judiciaire tenait un commerce avant que celui-ci ne périclite.

Au chômage jusqu’en 2016, il reconnaît avoir traversé pendant ces années « un temps de dépression » durant lequel il passait « beaucoup de temps » sur internet.

« Vous consultiez des sites pornographiques classiques et vous êtes allés vers des sites de plus en plus «trash»… », complète le président.

L’expert-psychiatre n’a relevé aucune attirance pédophile

Reste la question principale : quels ressorts psychologiques peuvent expliquer cette dérive ?

Le psychiatre qui a expertisé Simon ne livre pas de conclusions alarmantes :

« Il nie la jouissance éprouvée lors des visionnages (…)

Il est un sujet non confus ni désorienté.

Il ne souffre d’aucune pathologie ou trouble psychique. »

Aucune attirance pédophile n’est relevée.

À la barre, Simon explique qu’à la suite de problèmes intrafamiliaux survenus entre précédentes générations, il aurait voulu, pour résumer, se « tester » en consultant ces fichiers pédophiles afin de vérifier qu’il n’était pas sujet aux mêmes déviances.

En outre, Simon, désireux de ne pas fuir ses responsabilités, avait pris, lors de son interpellation, l’initiative d’appeler son employeur pour expliquer la situation et démissionner – ce qui avait été accepté.

Son travail ?

Encadrer des enfants dans une activité sportive…

Le procureur de la République pointe l’enjeu de l’audience :

« L’attirance, l’intérêt qu’il a pu avoir en regardant ces images, où de très jeunes enfants sont abusés sexuellement, il faut l’analyser… »

Ce qu’il fait :

« Je pense qu’on a affaire à quelqu’un qui a une fragilité, qui est tombé et qui a encore besoin d’être accompagné.

Ce Monsieur a un travail introspectif à mener, sans doute avec la justice… »

Six mois de prison avec sursis requis à l’encontre de Simon, obligation de poursuivre les soins déjà entamés et inscription de son nom au FIJAISV (fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes).

L’avocate de la défense décrit un client sans antécédent qui « a parfaitement conscience de la gravité de ce qu’il a fait ».

Reconnu coupable du délit de « consultation habituelle d’un service de communication en ligne mettant à disposition l’image ou la représentation pornographique d’un mineur », Simon est condamné à quatre mois de prison avec sursis.

Pour les peines complémentaires, les juges décident de suivre à l’identique les réquisitions.

Mathieu Livoreil

Source : L’Ardennais

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