Quatre millions de Français auraient été victimes d’inceste

Près de trois personnes interrogées sur dix affirment connaître dans leur entourage au moins une personne victime de ces agressions.

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C’est un fléau qui concerne 6 % des Français. Quatre millions de personnes auraient été victimes d’inceste, selon les résultats d’un sondage Harris interactive pour l’Association internationale des victimes d’inceste (Aivi), rendu public mercredi.

Près de trois personnes interrogées sur dix (27 %) déclarent connaître dans leur entourage au moins une personne victime d’inceste (agression sexuelle, viol, acte d’exhibitionnisme, ayant reçu des confidences répétées à caractère sexuel ou ayant été obligé de poser pour des photographies érotiques ou pornographiques).

Sur ces 27 %, 22 % disent avoir été eux-mêmes victimes, ce qui représente 6 % de l’ensemble de l’échantillon (929 personnes interrogées sur Internet – méthode des quotas – les 28 et 29 octobre). Soit 4 millions de personnes si l’on extrapole ces résultats à l’ensemble de la population française, a expliqué Isabelle Panhard, directrice d’études chez Harris Interactive, lors d’une conférence de presse.

Un précédent sondage, réalisé par téléphone en 2009 par Ipsos pour l’Aivi, avait chiffré à 2 millions le nombre de victimes. « Cela ne veut pas dire que le nombre de victimes d’inceste a doublé en 6 ans », a souligné Isabelle Panhard, expliquant la hausse par « le changement de méthode ». « Il est plus facile de reconnaître sur Internet que par téléphone que l’on a été victime d’inceste. »

Une campagne de sensibilisation

Soulignant les conséquences sur la santé des traumatismes vécus dans l’enfance, l’Aivi a rappelé que « depuis 2002, l’Organisation mondiale de la santé recommande aux États de traiter la violence comme un problème de santé publique ». Cette association souhaite un plan gouvernemental contre l’inceste. Sa présidente, Isabelle Aubry, s’est félicitée que le Parlement ait réintroduit dans le Code pénal la notion d’inceste, qui en avait été retiré à la Révolution.

Elle a salué une avancée « symbolique », tout en regrettant que le texte ne reconnaisse pas explicitement que « le mineur ne peut consentir à l’inceste ». Elle-même, violée par son père dans son enfance, n’a « pas compris » quand le juge lui a demandé si elle était consentante. « Bien sûr que je n’ai pas dit non. C’était mon père, je l’aimais ! »

L’Aivi lance ce mercredi sur les réseaux sociaux et à partir du 23 décembre sur plusieurs chaînes de télévision une campagne de sensibilisation, montrant un petit garçon qui n’aime pas Noël, car il appréhende la venue d’un membre de sa famille.

Source: http://www.lepoint.fr/

La présidente de l’AIVI insiste sur les conséquences chez les personnes victimes d’inceste, que ce soit sur leur santé, leurs études ou leur travail. Elle affirme qu’une victime sur deux tente de se suicider au moins une fois dans sa vie. “Les traumatismes peuvent tuer même cinquante ans après les faits !” affirme-t-elle.

Alors qu’Isabelle Aubry lance une campagne sur le sujet, l’inceste devrait faire son apparition dans le Code pénal. Cette disposition est en effet inscrite dans une proposition de loi sur la protection de l’enfance. Le texte n’a pas encore été définitivement adopté, mais l’Assemblée nationale, qui a le dernier mot, a voté en sa faveur.

Source: http://www.francetvinfo.fr/

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