Payrignac | Encore du sursis pour l’époux de la prof condamné pour attouchement sexuel sur mineur

Un habitant de la commune de Payrignac, d’origine britannique, âgé de 61 ans, s’avance nerveusement à la barre du tribunal correctionnel de Cahors.

Cet Anglais comparaissait hier.

Une interprète se tient à ses côtés. Son épouse est dans la salle. Inquiète et très remontée.

La victime, une lycéenne, écoute les débats en silence et observe l’Anglais s’agacer, hausser le ton même parfois, à l’image de sa femme plusieurs fois rappelée à l’ordre par le procureur de la République.

Mais ce ressortissant britannique a surtout contesté les faits d’agression sexuelle qui lui sont reprochés.

Faits commis à Payrignac durant l’année 2015 et jusqu’au 1er janvier 2016.

L’adolescente avait 14 ans et se rendait régulièrement au domicile de cet homme pour y suivre des cours d’anglais dispensés par son épouse.

C’est durant ces séances, lorsque parfois sa femme s’absentait qu’il passait à l’acte.

«Je n’ai jamais eu de comportement différent avec elle. Il y a peut-être eu deux incidents seulement»,

consent-il à dire.

Il parle «d’incidents». Le mot est faible.

«Pourtant les déclarations de la victime sont très précises. La jeune fille retient surtout six épisodes où elle a subi des attouchements. Cela a été difficile pour elle de l’évoquer à ses proches. Elle s’est d’abord confiée à ses copines, puis à sa famille»,

souligne Vincent Ramette qui présidait le tribunal. Le Britannique se défend ardemment :

«Elle a parlé de ces choses à ses copines, mais il ne s’est rien passé. Tout ça, ce sont des histoires d’adolescente et rien d’autre»,

lance-t-il très énervé.

L’expert qui est intervenu dans cette affaire a démontré que la lycéenne avait

«un comportement adapté à son âge sans aucune altération psycho-affective

«Le prévenu pense que cette jeune fille est instable», déclare le président.

«Vous ne pensez pas qu’on lui a forcé la main pour dire tout ça ?» ose demander le sexagénaire anglais.

«Aucun élément présent dans le dossier ne le démontre», rétorque aussitôt le président en rappelant que l’époux de la prof d’anglais avait «tendance à boire beaucoup d’alcool».

Lors de son audition, sa femme n’a rien révélé, mais confirmé les habitudes alcooliques de son mari.

Un jeu interdit et malsain

Appelée à la barre, la lycéenne a livré son témoignage :

«J’ai dit la vérité. Il a fait tout ça. Il avait pratiquement toujours un verre de vin à la main. Il venait quand la prof s’absentait. Au début, je n’arrivais pas à parler de ces choses à ma mère»,

explique-t-elle.

Son avocat, Maître Chevalier, réfute le terme de «jeu» employé à plusieurs reprises par le prévenu.

«Un jeu, entre un homme de plus de 50 ans et une enfant de 15 ans !»

s’exclame-t-il.

Ce jeu interdit et malsain a valu une condamnation à six mois de prison avec sursis pour l’époux de la prof et à son inscription sur le fichier des auteurs d’infractions sexuelles.

«Je n’avais pas conscience des attouchements»,

a-t-il affirmé.

La lycéenne, quant à elle, en était bien certaine.

Sa parole a été écoutée dans ce dossier où la conscience d’une adolescente a eu raison, en toute logique, de l’inconscience d’un homme.

«J’ai baissé la fermeture de sa veste»

En cours d’audience, la mémoire chancelante du prévenu anglais a soudain fait un come-back inattendu dans son esprit.

Il s’est rappelé certains faits troublants. «Je me souviens avoir baissé la fermeture de sa veste», précise-t-il en imitant même le bruit de la fermeture éclair qui descend.

«Mais elle avait des vêtements», se justifie-t-il. «Une autre fois, on était devant l’ordinateur.

Elle était assise sur mes genoux. Puis un autre jour encore, je me souviens avoir encore baissé sa fermeture éclair pour voir le collier qu’elle avait sur elle», décrit-il.

«Vous reconnaissez donc qu’il y a eu des situations très particulières», reprend le président.

«Mais on jouait. Je n’avais pas conscience d’avoir un sein sous ma main !»

avait dit le prévenu aux enquêteurs lors de sa garde à vue.

«Le printemps de la vie»

Avec bien sûr la rigueur professionnelle qu’impose sa fonction, Frédéric Almendros, nouveau procureur de la République à Cahors, a amorcé ses propos avec un brin de poésie et une métaphore printanière.

«L’adolescence, c’est le printemps de la vie. Cette jeune fille n’est pas une menteuse. Elle n’a jamais cherché à exagérer dans ses déclarations prononcées avec une objectivité qui doit attirer l’attention du tribunal.

Face à cela, nous constatons les dénégations du prévenu et la théorie du complot comme on l’entend souvent en pareille situation. J’ai entendu que les parties civiles demandaient 2 000 € de dommages et intérêts pour la victime et 800 € pour les parents.

En guise de complot, on peut mieux faire, ironise-t-il. Cet homme semble avoir une mémoire sélective, mais ses déclarations mettent en évidence un faisceau d’indices qui confirment que l’adolescente n’a pas menti. Elle semble se remettre de tout cela. C’est bien la preuve que même si le gel a parfois des effets dévastateurs sur le printemps, les jeunes pousses peuvent résister»,

a conclu Frédéric Almendros sur le même ton mêlant poésie et réalisme.

 

Source : La Dépèche

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