Le Puy-en-Velay | Un homme jugé pour agression sexuelle sur une jeune collégienne de 11 ans est relaxé au bénéfice du doute

L’agression de la collégienne a eu lieu en octobre © photo vincent jolfre

Prévenu d’avoir agressé une collégienne de 11 ans dans le jardin Henri-Vinay au Puy en octobre dernier un quadragénaire a été relaxé au bénéfice du doute.

À aucun moment le tribunal correctionnel du Puy-en-Velay n’a mis en doute la parole de cette jeune collégienne de 11 ans qui se présentait courageusement jeudi après-midi à la barre, entourée de sa mère et de leur avocate, M e Christelle Dursac.

Les déclarations de la fillette n’ont pas varié après l’agression à caractère sexuel dont elle a été victime le 12 octobre dans le jardin Henri-Vinay.

Ce jour-là, avec ses camarades de classe elle participe le matin à une course d’orientation.

L’exercice consiste à la recherche de balises dissimulées dans la végétation et derrière les monuments.

À un moment, la petite fille sent des mains sur sa poitrine, puis des bras qui la retournent.

Elle se retrouve face à un homme grand et vêtu de sombre.

Celui-ci lui aurait dit simplement « bonjour », sans la retenir plus avant.

La fillette a très peur et s’enfuit.

Elle se confie à une camarade de classe puis au professeur.

Sa camarade et elle-même disent avoir aperçu le même homme qui se cachait derrière un buisson avant de quitter les lieux avec un vélo.

La petite copine ne tardera pas à faire une autre révélation, prétendant avoir reconnu l’individu qui l’aurait suivie, en ville, quelques jours plus tôt.

La police est alertée.

Peu après les faits décrits par les enfants, une patrouille croise la route dans le centre-ville d’un homme de grande taille correspondant en tout point à la description de la jeune victime et de son amie.

Les policiers le contrôlent et en profitent discrètement pour le photographier.

Le cliché est incorporé à une planche photos qui est présentée aux fillettes.

Celles-ci le reconnaissent.

L’homme, domicilié près du centre-ville, est âgé de 44 ans.

Sans antécédents judiciaires, il est sans profession depuis un certain temps, vit chez ses parents.

Il est décrit comme un homme brillant qui a fait de hautes études.

« Ce n’est pas quelqu’un d’ordinaire.

Il a des capacités d’élaboration et de réflexion », concède l’avocate de la partie civile, M e Dursac.

L’homme quant à lui nie toute implication dans ce qui s’est passé au jardin, ce jour d’octobre.

Et même si à l’audience la fillette ose l’affronter, persistant à reconnaître jusqu’à sa voix, lui, toujours très courtois, rétorque qu’il n’a jamais vu cette petite fille.

L’état de santé du prévenu jette un trouble dans le déroulement de l’enquête et place le tribunal face « à un dilemme », reconnaît le président André-Frédéric Delay.

Le prévenu souffre d’épilepsie.

Le psychiatre qui l’a examiné a conclu à une abolition de son discernement.

On a du mal à imaginer qu’il puisse avoir été victime d’une crise au moment où il se trouvait dans le jardin si tant est qu’il l’a traversé le jour des faits

Le prévenu lui-même prétend que sa dernière crise d’épilepsie grave remonterait à quatre ans.

Des voix s’élèvent, du côté de la partie civile et du parquet pour réclamer une contre-expertise.

Seule M e Anne-Sophie Clauzier, pour la défense juge « digne de foi » la première expertise.

La défense critique très vivement l’enquête de police et la procédure : la photo du prévenu, prise à la sauvette avait été placée au milieu de huit autres complètement différentes.

N’était-il pas le coupable tout désigné ?

Cette méthode est en tout cas « non conforme à la convention européenne des droits de l’homme », selon l’avocate.

D’autres doutes sérieux sont venus détricoter l’accusation : à commencer par le vélo.

Les parents du prévenu sont formels : leur fils n’a jamais eu de vélo, il ne tient pas l’équilibre.

La perquisition ne permettra pas de retrouver trace d’un deux-roues dans cette famille (des parents profondément catholiques qui font blocs derrière leur grand fils), pas plus que des vêtements semblables à ceux que l’agresseur était censé porter.

Téléphone et matériel informatique ne révéleront pas davantage d’éléments susceptibles d’étayer la culpabilité du quadragénaire.

L’homme est certes un peu atypique : célibataire, vivant chez ses parents, « sans affects », selon l’expert qui l’a examiné, et sans relations affectives connues.

Il admet regarder des femmes ou des filles jeunes, « les trouver jolies » parfois, mais « jamais des filles de 11 ans ».

Dans ses réquisitions, le substitut Alexandre Constant a tenu à insister sur la nécessité d’ordonner des soins quelle que soit la décision du tribunal.

Ce dernier, a « douté », non de la parole de la victime (la défense elle-même déclarant « qu’il s’était bien passé quelque chose »), mais de l’implication réelle du quadragénaire et suivi la demande de la défense en prononçant une relaxe pour le prévenu.

Philippe Suc

Source : L’Eveil

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