Perpignan | Un retraité de l’URSSAF se suicide afin d’éviter son procès pour avoir violé deux fillettes

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Les parents des deux victimes étaient des amis et collègues de travail
L’audience de la cour d’assises des Pyrénées-Orientales aura juste entériné l’extinction de l’action publique dans une affaire de pédophilie remontant à plus de trente ans. L’accusé, âgé de 70 ans, s’est suicidé en septembre dernier avant même que son procès ne soit audiencé.

“Accusé décédé. Audience sans jury”

Derrière cette mention laconique figurant sur le rôle de la cour d’assises des Pyrénées-Orientales pour ce lundi 15 janvier 2024 à 11 heures se cache en réalité une douloureuse affaire.

Ce jour, la cour va officiellement constater l’extinction des poursuites contre un mis en cause qu’elle n’aura finalement jamais à juger.

Un Perpignanais, agent administratif de l’Urssaf en retraite, âgé de 70 ans, qui devait répondre des “viols” de deux fillettes, entre leurs 5 ans et 10 ans, de 1992 à 1996, dans les Pyrénées-Orientales.

Or, tandis que son procès approchait, sans qu’une date n’ait encore été fixée, il a mis fin à ses jours en se pendant le 6 septembre 2023.

La fin brutale du combat mené par ces deux femmes, âgées aujourd’hui d’une trentaine d’années, qui s’étaient constituées parties civiles dans ce dossier.

Me Stéphane Fernandez, leur avocat fustige :

“Elles sont dévastées.

Elles ont le sentiment de subir une deuxième fois ce qu’elles ont vécu et que la justice n’a eu aucune compréhension pour leur drame”.

Qui, à la demande de ses clientes, va saisir la justice d’une action en responsabilité contre l’Etat pour “délai déraisonnable”.

“L’instruction a duré quatre ans, ce qui dans un dossier de pédophilie n’est pas démesuré.

Mais, l’institution judiciaire eu égard à l’âge de l’accusé, à l’ancienneté des actes commis, à la souffrance des victimes, aurait dû audiencé l’affaire dans les plus brefs délais.

J’avais d’ailleurs adressé un courrier pour que cela soit fait de manière préférentielle.

D’autant que l’accusé avait déjà fait l’objet d’une condamnation pour des faits identiques il y a plus de 20 ans”.

La première procédure égarée

Officiellement, l’affaire débute en novembre 2014 lorsqu’une des victimes se présente dans une brigade de gendarmerie de Cerdagne pour expliquer qu’elle a été victime de viols pendant son enfance.

Elle ajoute qu’elle aurait déjà déposé plainte neuf ans plus tôt pour ces mêmes faits à Perpignan, qu’elle aurait d’ailleurs fait l’objet d’une expertise psychologique à cette époque mais que la procédure aurait été égarée.

Les recherches entreprises pour retrouver le dossier demeurent vaines et la jeune femme redépose une plainte en août 2015.

À nouveau, elle raconte qu’un ami de sa famille, supérieur hiérarchique d’un de ses proches, aurait profité de moments passés dans leurs résidences secondaires respectives dans les Pyrénées catalanes pour, sous le prétexte d’un jeu de “chatouilles”, commettre des agressions sexuelles sur elle mais également lui imposer des pénétrations digitales et avec la langue.

Cela durant plusieurs années.

En juin 2018,  Alain B., qui avait été incarcéré de 1996 à 1998 à Perpignan pour une première condamnation, est ainsi interpellé et placé en garde à vue.

Il reconnaît en partie les faits, niant les viols.

Il se justifie à demi-mot en confiant avoir subi des abus sexuels de la part d’un grand-oncle étant enfant.

En outre, il confirme qu’il a reçu une convocation du commissariat en 2005 et qu’il a aussitôt quitté la France, vivant en Espagne ou au Maroc, avant de revenir en France en 2010 “pensant que les faits reprochés étaient prescrits”.

“Un de ses fils travaillait au commissariat et l’a informé de la plainte”, dénonce encore Me Fernandez.

Sous contrôle judiciaire depuis 2020

Alain B. n’est alors placé en détention provisoire que depuis quelques semaines lorsque les enquêteurs identifient une seconde victime.

D’emblée, la jeune femme ne cache pas sa surprise, pensant que l’enquête était terminée.

Expliquant d’abord n’avoir que des souvenirs par flashs, son récit présente de grandes similitudes avec celle de la première plaignante.

Le mis en cause étant un collègue d’un membre de sa famille, elle n’était qu’une petite fille quand elle aurait été amenée à le fréquenter, elle aussi avec ses proches, à la même époque.

À cette occasion, il l’aurait soumise à des abus et l’aurait notamment contrainte à une fellation.

Au terme des investigations, Alain B. était finalement renvoyé devant la cour d’assises par un ordonnance de février 2020 et peu après, laissé libre sous contrôle judiciaire.

Dans l’attente, depuis lors, de son procès…

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