Guérande | Olivier Thioux condamné à 15 ans pour viols et agressions sur 11 femmes

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170 personnes entendues dans le cadre de l’enquête
La cour criminelle de Loire-Atlantique a condamné, vendredi, à quinze ans de réclusion criminelle le photographe amateur de Guérande (44), jugé, depuis le 12 novembre, pour « viols » et « agressions sexuelles » sur onze femmes à qui il faisait miroiter des contrats de mannequinat.

Après six heures de délibérations, la présidente de cette formation composée de cinq magistrats professionnels, Karine Laborde, a prononcé le verdict de la cour criminelle en fin de journée.

La cour a seulement écarté un fait, considérant que l’agression sexuelle et le viol commis sur l’une des jeunes femmes étaient, en fait, un seul et unique fait.

Olivier Thioux, 51 ans, officiait notamment à la discothèque Le Garden, à Guérande (44) et c’est dans ce contexte qu’il a fait subir des agressions sexuelles ou des viols à des jeunes filles âgées de 15 à 29 ans, entre les années 2007 et 2014.

Ce père de trois filles – également « photographe officiel » des fêtes médiévales de Guérande – avait, pour cela, usé de « stratagèmes », selon les mots de l’avocate générale, qui avait requis une peine de treize ans de réclusion criminelle.

Mythomane

Pour se donner du crédit en tant que professionnel , il avait inventé un certain nombre de mensonges , comme des connaissances avec de prestigieuses marques de luxe, le faux compte Facebook d’une modèle qu’il aurait lancé dans ce milieu, une formation de masseur, une carrière d’ancien gendarme ou un contrat de publicité pour une huile de massage…

Un paysagiste qui avait employé l’accusé l’avait ainsi décrit, au cours de l’enquête, comme « un bon exécutant » mais empreint d’une « certaine malhonnêteté ».

il avait résumé:

« C’est un petit magouilleur, un petit escroc de banlieue toujours dans les petites combines »

avant de rajouter:

«Une jeune fille avait d’ailleurs refusé un shooting photo en raison de son attitude louche »

Me Denis Lambert, avocat au barreau de Saint-Nazaire, qui défendait plusieurs parties civiles, avait ainsi chargé:

« C’est un looser, un petit arnaqueur, prêt à voler un chargement de bois »

« Il essaie de gagner un franc six sous sur le dos des autres, et n’a aucune empathie »

« Cet homme pervers était, par ailleurs, suffisamment fourbe pour déployer des scenario grotesques en s’inventant des relations avec David Guetta et Clara Morgane »

« Ces jeunes filles, malheureusement, ne vont voir que les paillettes, tels des papillons attirés vers la lumière »

 

170 personnes entendues dans le cadre de l’enquête

Du côté de la défense, Mes Erwan Le Moigne et Morgan Loret, avaient eux insisté sur le « doute » qui pouvait planer sur la culpabilité de leur client.

Les deux avocats du barreau de Saint-Nazaire avaient contesté la caractérisation de la « surprise » et fustigé une « enquête à charge », réalisée par un enquêteur de la brigade de Savenay (44), où a été déposée la première plainte.

Me Erwan Le Moigne avait ainsi plaidé:

« L’investissement et la manière dont est réalisée cette trame d’auditions de victimes – il les nomme ainsi – sont sujets à caution »

Selon lui, son client n’a « jamais été considéré comme un innocent » dans ce dossier : le gendarme aurait notamment dévoilé aux jeunes femmes entendues ce qu’avaient dit celles qui les avaient précédées…

Au total, près de 170 personnes avaient ainsi été interrogées au terme d’un appel à victimes.

L’avocat de la défense a également émis des doutes concernant les analyses réalisées pour prouver « la soumission chimique » à laquelle Olivier Thioux a eu plusieurs fois recours pour étourdir ses victimes, en leur servant des boissons dans lesquelles se trouvaient en fait du Xanax.

Plus de 100 000 € à payer aux victimes

Finalement, Olivier Thioux – désormais grand-père – est entré en prison à l’issue de ces six journées de procès, alors que son casier judiciaire était jusqu’alors vierge et qu’il comparaissait libre.

Lorsqu’il sortira de détention, il fera l’objet d’un suivi socio-judiciaire pendant cinq ans : il aura interdiction d’exercer la profession de photographe, de paraître à Guérande, d’entrer en contact avec les victimes et sera inscrit au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles (FIJAIS), ce qui l’obligera à pointer, au moins une fois par an, pendant vingt ans, à la gendarmerie ou au commissariat le plus proche de chez lui.

Il devra enfin indemniser les victimes, pour un montant total de 94 000 €, en plus de 17 500 € pour couvrir les frais générés par le procès.

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