Bégard | Un homme condamné pour les viols de sa petite sœur 32 ans après les faits

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Il lui suffira de taper sur la cloison de la chambre de la petite victime pour qu’elle se résigne
Pour avoir abusé sexuellement de sa petite soeur, un homme de 49 ans a été rattrapé par la justice, 32 ans après les faits

Ce 18 et 19 novembre 2021, un procès d’assises va enfin trouver son épilogue dans les côtes d’Armor, cela aurait pu être une affaire de viol parmi tant d’autres crimes abjects, mais ce procès va devoir ouvrir les portes du temps et se plonger 32 ans plus tôt, au sein d’une famille aux apparences ordinaires, au cœur du Trégor.

Les différentes modifications intervenues au fil des années sur les délais de prescription en matière de viol sur mineur permettent aujourd’hui à la justice d’entendre une victime et d’en condamner son auteur.

A ce jour la loi du 9 mars 2004, puis la loi du 3 août 2018 ont construit le système actuellement en vigueur, de fait, une prescription ne prend effet que 30 ans après la date de la majorité d’une victime.

Nous sommes en 1989, et au sein de cette famille l’omerta prend toute sa mesure, il faut savoir vivre au quotidien avec les non-dits et le poids, lourd et pesant, du silence.

On sait, mais on se tait.

La détresse d’une petite fille de 10 ans restera muette, la peur, la honte, la soumission vont sceller ses confidences.

Pendant près de deux ans, son frère ainé, âgé de 17 ans à l’époque, assouvira ses pulsions sexuelles auprès de sa petite sœur.

Il lui suffira de taper sur la cloison de la chambre de la petite victime pour qu’elle se résigne encore et encore.

Après le décès de la mère, la fillette de 10 ans a grandi, 25 années de silence se sont passées, il est temps, enfin, de dénoncer l’horreur qui aura détruit sa vie, elle déposera plainte et racontera aux enquêteurs son calvaire, elle a 35 ans.

Aujourd’hui personne n’est en prison, c’est donc en homme libre que se présente ce grand frère.

Il a 49 ans, lui aussi est rongé par les remords et toutes ces années de silence, il reconnaît les faits et il va les assumer.

Bien sur, il n’est plus l’ado inconscient, stupide et tellement méprisable, le temps est passé, et même si les cicatrices sont toujours béantes, c’est bien le jeune frère de 17 ans que devra condamner la justice et pas l’homme qu’il est devenu aujourd’hui.

25 ans de silence

Nous devrons néanmoins nous plier à l’article 400 du Code de procédure pénale qui prévoit le huis clos lorsqu’un mineur est en cause et qu’il en fait la demande, et malgré l’antériorité des faits, ce procès se déroulera portes closes, ni public ni journaliste ne seront conviés aux débats.

Ce vendredi 19 novembre, enfin, la dernière page de ce triste drame va se tourner.

L’avocate générale a la lourde charge de prendre la mesure des actes bien sur, mais aussi du contexte, de l’antériorité des faits, de l’évolution de l’accusé, un réquisitoire ou l’émotion, la fragilité de la victime, les souffrances mais aussi le repenti doivent être pris en considération.

Elle requerra 5 années de réclusion criminelle dont deux ans assortis d’un sursis probatoire.

Les jurés suivront en partie le quantum requis, néanmoins les faits tellement particuliers de ce procès hors du temps seront pris en considération.

La cour prononcera une peine de 5 années de réclusion, dont trois ans seront assortis d’un sursis probatoire.

L’accusé sera incarcéré immédiatement, mais la possibilité d’obtenir un aménagement sur la partie ferme de la peine lui est offerte s’il en fait la demande.

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