Omerta sur les chiffres de la pédocriminalité en France (+10% en 2022)

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Les chiffres de 2022 (+10%) seront peut-être les derniers rendus publics.
Le gouvernement ne diffuse plus publiquement les chiffres de la pédocriminalité en France. Pas de stats, pas de problèmes.

Le podcast vidéo de cet article (avec tous les graphiques) est disponible ici.

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Le podcast mp3 de cet article est disponible ici (clic-droit puis “enregistrer sous”).

Partie 1 (60′)

Partie 2 (60′)

 

Wanted Pedo est la seule structure en France à traiter et publier des statistiques précises sur la pédocriminalité en France avec les chiffres disponibles (1996-2022).

Vous pouvez notamment écouter ce podcast regroupant l’ensemble des articles publiés sur le sujet.

On rappellera que l’institut chargé de l’étude de ces statistiques (INHESJ/ONRDP) a été purement et simplement supprimée par Macron en 2019.

 

L’index 4001 n’est plus mis à jour depuis octobre 2022

L’index 4001 répertorie les faits constatés par les services de police et gendarmerie sur l’ensemble du territoire français et se base sur le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI).

Il détaille notamment les viols sur mineurs et les agressions sexuelles sur mineurs (pour chaque mois et chaque département).

Pour aller plus loin sur nos travaux antérieurs sur le sujet, voyez cette partie de notre site.

MAIS depuis octobre 2022, les données ne sont plus mises à jour sur le site gouvernemental dédié.

Un dernier espoir pour obtenir les données de septembre à décembre 2022 résidait dans la publication d’un numéro spécial n°54 d’Interstats fin janvier 2023 (la newsletter du SSMSI) qui est reprise dans la presse avec les chiffres de la criminalité 2022.

Quelle mauvaise surprise de constater que les “violences sexuelles” sont réunies dans une seule catégorie, ne différenciant pas les actes commis sur des mineurs et sur des majeurs (ni leur nature :  viol/agression/atteinte).

On mélange la violence conjugale et les viols d’enfants.

La seule information qu’on aura dans le corps du texte est que la proportion des violences sexuelles commises plus de 5 ans avant leur enregistrement augmente notamment pour les mineurs : 19 % en 2018, 23 % en 2020 et 26 % en 2022.

Ce qui reviendrait étayer une libération de la parole massive justifiant à elle seule l’augmentation des chiffres (en tous cas, c’est ce qui est fortement suggéré, et ce n’est pas la première fois).

Pour autant, rien ne le prouve, le taux de plainte présenté pour les violences sexuelles hors cadre familial (p.7) reste à 9% de manière cohérente avec les études de victimation réalisées ces 20 dernières années.

Le PDF à télécharger : Insécurité et délinquance en 2022 une première photographie – Interstats Analyse n°54

 

Une base de donnée à l’échelle communale ?

Parallèlement, on constate l’apparition d’une base de données à l’échelle communale (chose que nous demandons depuis longtemps), sauf que les données sont partielles (soi-disant pour protéger les victimes).

Les données diffusées sont limitées aux communes pour lesquelles plus de 5 faits ont été enregistrés pendant 3 années successives. Cette précaution est motivée : (…) par le secret statistique qui ne doit pas permettre, par le croisement de multiples sources, de déduire des informations individuelles sur les personnes concernées dans ces procédures. Cette précaution doit notamment être appréciée au regard de la sensibilité de certaines atteintes comme les violences sexuelles.

Et là encore, la catégorie “violence sexuelle” vient invisibiliser les violences sexuelles sur mineurs.

C’est donc totalement inexploitable !

Il est bien dommage de ne pas avoir les chiffres par commune, car on pourrait voir émerger des bassins de pédocriminalité où d’éventuels réseaux se fourniraient en enfants.

Par exemple, les disparitions d’enfants de moins de 15 ans (ou encore mieux, de moins de 10 ans excluant majoritairement les fugues “définitives”).

Nous avions déjà tenté d’obtenir ces chiffres à l’échelle d’un département en vain et en recevant des réactions grotesques de l’administration.

 

La CADA, un recours ?

Lors de notre dernière manifestation (2021) devant le Ministère de la Justice à Paris, une membre de l’association (également mère de victime) avait évoqué la possibilité de “forcer” l’administration à nous donner ces chiffres via la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA).

Nous avons donc tenté le coup, sans se faire d’illusions,  avec une demande en bonne et due forme.

Nous l’avons même doublée d’une demande directe au Ministère de l’Intérieur ainsi qu’à son service statistique (SSMSI).

Résultat ?

Et bien, vous serez heureux d’apprendre qu’en France , en 2023, on est capable de savoir combien de pots de yaourts sont produits pour chaque jour de l’année, mais incapable de connaître le nombre d’enfants disparus.

Les policiers et les gendarmes de France qui constatent les disparitions et remplissent jour après jour les bases de données informatiques seront ravis de l’apprendre !

Évidemment les données existent, il suffirait de demander à un stagiaire de faire une extraction.

Et vu que la CADA ne sert visiblement à rien, vous ne saurez pas où les enfants français disparaissent.

Ils vont même dans leur justification de refus aller  jusqu’à se moquer de nous,  en commençant par dire que les données peuvent être communiquées (contrairement à ce que fait le SSMSI dans sa base communale).

Elle estime que la communication des éléments demandés à des tiers n’est pas en elle-même de nature à porter atteinte aux secrets protégés par les points f) et g) de l’article L311-5 mentionnés aux points précédent.

Et même de rajouter que :

Elle indique ensuite qu’en application de l’article L311-7 du même code, les documents qui entrent dans le champ des exceptions mentionnées à l’article L311-6 peuvent néanmoins être communiqués à des tiers lorsqu’il est possible d’occulter ou de disjoindre les mentions qui ne sont pas communicables aux tiers, après occultation ou disjonction de ces mentions.

Grosso modo, l’administration a le devoir de disjoindre les données sensibles pour communiquer les infos (faire une extraction partielle des données en enlevant l’adresse et les noms par exemple).

Pour finir par dire que :

La commission précise que seule l’anonymisation du document sollicité permettrait, en l’espèce, de garantir le respect des dispositions précitées. Elle estime que les informations demandées, compte tenu de leur degré de précision, de leur sensibilité et du nombre réduit de personnes auxquelles elles se rapportent, sont de nature à permettre d’identifier, par recoupement, les personnes intéressées et d’avoir ainsi accès à des informations concernant leur vie privée ou celles de leurs proches. Par conséquence, elle ne peut qu’émettre un avis défavorable à la demande.

Alors qu’à aucun moment, nous ne demandons des données personnelles.

Et à aucun moment, nous ne cherchons à utiliser ces données pour retrouver des gens (ni victimes, ni agresseurs), mais simplement attirer l’attention des services sur des éventuels “points chauds” de disparitions de mineurs de moins de 15 ans en France.

Espérons que les brigades spécialisées (qui n’existent pas vraiment) ont ce genre de données en leur possession, mais nous en doutons fortement.

Notre requête était pourtant claire, nous ne demandions que quatre champs de la base de données : date, lieu (département et commune) et âge.

On parle bien de colonnes d’un tableau Excel à supprimer, là.

Oui, oui.

 

Chiffres 2022

Mais comme on est gentils, motivés, inventifs et compétents : on a trouvé une manière de vous présenter ces chiffres malgré tout.

Peut-être pour la dernière année, du coup, faute de données.

C’est réellement un scandale incroyable vu la couverture médiatique importante qui est faite de la pédocriminalité grâce à nos lectrices, journalistes féministes qui peuplent les rédactions (que nous remercions pour leur travail par là même).

Dans les faits, nous avons simplement repris les moyennes mensuelles sur les données 2000-2019 (on exclut 2020 et 2021 à cause des perturbations dues au Covid déjà documentées dans un autre article) et nous avons modélisé/extrapolé sur cette base les chiffres manquants pour les quatre derniers mois de l’année 2022.

Ainsi, nous obtenons une augmentation de 10% des abus sexuels sur mineurs entre 2021 et 2022 avec 48.300 actes au total (+340% en 10 ans) :

19.843 viols sur mineurs (+8.6%) et 28.457 agressions sexuelles (+10.5%).

 

 

Cette augmentation confirme la tendance de fond (+12% par an sur la dernière décennie) et l’hypothèse émise l’année dernière que la très forte augmentation de l’année 2021 (+38%) n’a été qu’un rattrapage partiel des éventuelles plaintes qui n’auraient pas pu être déposées en 2020 à cause du confinement.

Pour les viols sur mineurs de 15 ans:

Le rattrapage partiel pourrait-être estimé à environ 4% (différence avec la moyenne décennale) mais il reste à quantifier plus précisément avec les chiffres 2023.

Par contre, si on fait le bilan, l’augmentation 2021 de 36% se décomposerait en :

– 12% d’augmentation annuelle (tendance de fond)

– 4% de rattrapage de 2020

– et les 20% restants pourraient être dus à la période Covid qui a été propice aux violences sexuelles sur mineurs (huis-clos familiaux, fermeture des écoles, garde d’enfants, etc).

 

 

Pour les agressions sexuelles sur mineurs de 15  ans :

Le rattrapage partiel pourrait-être estimé à approximativement 14% (différence avec la moyenne décennale) mais il reste à quantifier plus exactement avec les chiffres 2023.

Par contre, si on fait le bilan, l’augmentation 2021 de 40% se décomposerait en :

– 12% d’augmentation annuelle (tendance de fond)

– 14% de rattrapage de 2020

– et les 14% restants pourraient être dus à la période covid qui a été propice aux violences sexuelles sur mineurs (huis-clos familiaux, fermeture des écoles, garde d’enfants, etc).

L’équipe Wanted Pedo.

On lâche rien.

Honneur, force et courage.

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