Nîmes | Prison avec sursis pour le papa coupable d’agression sexuelle incestueuse

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Pédocriminel En liberté

L’adolescente de 14 ans voit son père repartir libre
petite fille prostrée
Le tribunal correctionnel de Nîmes examinait un délicat dossier d’agression sexuelle d’un papa sur sa fille de 14 ans. Dans la salle d’audience, pendant plus de quatre heures, l’adolescente aujourd’hui âgée de 16 ans a juré que son père avait eu des gestes déplacés que ce dernier nie formellement

Les deux mains agrippées au micro, debout face à la présidente de la juridiction nîmoise, Marie (*) raconte les quelques secondes d’une nuit de janvier 2021 qui ont manifestement bouleversé sa jeune vie.

Depuis cette date, elle souffre tantôt d’anorexie, tantôt de boulimie, et d’insomnies jusqu’à exprimer un mal-être en se scarifiant. À la barre, la jeune femme est à fleur de peau quand elle revient sur les faits qui se sont produits chez son père (ses parents sont divorcés).

« Ce soir-là, je dormais. À un moment, je sens une main sur mes fesses. Sa main se déplace, elle vient sur ma culotte et elle monte sous mon tee-shirt. J’ai regardé le plafond, je ne bougeais pas, je ne disais rien », lâche péniblement Marie.

À sa droite, assis sur le banc des accusés, son père fait non de la tête. Quelques minutes plus tôt, il était à la place de sa fille, face aux juges, pour tenter de les convaincre de son innocence qu’il clame depuis sa garde à vue.

« Je n’ai jamais fait ça. Oui, j’ai cherché à comprendre si j’avais pu avoir un geste déplacé dans mon sommeil, mais je sais que je n’en ai pas eu », assure ce surveillant pénitentiaire, père de quatre enfants, et parfaitement inconnu de la justice.

La présidente rebondit aussitôt :

« Mais pourquoi vous accuse-t-elle alors ? »

Il analyse :

« Elle n’a pas accepté la séparation », avant de laisser entendre que sa fille aurait été manipulée par sa mère qui réclame à son ex-mari la somme de 40 000 euros.

La représentante du ministère public, Estelle Meyer, persuadée que le père de famille a agi intentionnellement, tranche :

« Il n’y a aucun élément que la victime aurait été manipulée par sa mère ».

Elle requiert à son encontre huit mois de prison avec sursis.

C’est là qu’entre en jeu maître Isabelle Mimran, l’avocate du père de famille. Dans une brillante plaidoirie qui aurait certainement convaincu un juré de jeunes papas aux assises, elle commence par s’en prendre à l’époque :

« Ces dossiers deviennent, dans la période d’hystérie que l’on vit, très difficiles à plaider. »

Avant d’énumérer point par point, tous les éléments qui clochent, selon elle. À en croire la partie civile représentée par maître Florence Espinouse, son client serait un caractériel, un impulsif, capable des pires sautes d’humeur.

« S’il était ce personnage capable de se mettre dans des colères folles, vous ne croyez pas qu’on aurait eu quelques incidents en vingt ans de carrière ? »

Avant d’interroger :

« Et ça ne vous perturbe pas de juger des faits dont vous ignorez la date exacte ? Et ce décalage entre les faits et le dépôt de plainte, 14 mois après… Que se passe-t-il entre-temps ? »

Elle termine sur les « déclarations évolutives » de l’adolescente qui a, dans un premier temps, évoqué auprès d’une psychologue que son sein avait été « effleuré ».

« Ce n’est pas toucher les fesses, puis aller mettre la main sur la culotte et faire des va-et-vient du sein droit au sein gauche », enfonce-t-elle avant de demander la relaxe.

Au sortir du délibéré, le tribunal condamne le père de famille à une peine de 10 mois de prison avec sursis. Il sera inscrit au fichier des auteurs d’infractions sexuelles et violentes et devra verser 5 000 € pour le préjudice de sa fille et 1 500 € à son ex-femme.

L’adolescente, qui souhaitait que son père « reconnaisse les faits pour dormir bien », va devoir se reconstruire sans les aveux espérés, mais avec la reconnaissance de son statut de victime par la justice.

Par Tony Duret

* Le prénom de la victime a été modifié.

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