Netflix | Série “Unbelievable”, inspirée d’une histoire vraie : le récit glaçante d’une adolescente violée et traitée de menteuse par les forces de l’orde

Disponible sur Netflix le 13 septembre, la mini-série “Unbelievable” est inspirée d’une histoire vraie : celle de Marie, violée par un homme armé, cagoulé, entré par effraction chez elle. Face au manque de preuves, la police doute d’elle, jusqu’à la faire douter d’elle-même.

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Unbelievable est disponible le 13 septembre sur Netflix. Cette mini-série de 8 épisodes d’environ une heure chacun raconte l’histoire vraie de Marie, adolescente pupille de l’État, qui a été violée par un homme cagoulé et armé entré par effraction chez elle, alors qu’elle dormait, en 2008. L’agresseur l’oblige ensuite à se doucher pour effacer ses traces d’ADN, et emporte les draps avec lui. Ne laissant aucune trace.

Dans un premier temps, la jeune femme contacte la police pour porter plainte. Mais à part ses blessures aux poignets, les preuves de la venue de cet homme dans son studio gris sont inexistantes. La police commence alors à douter de Marie, également pour d’autres raisons abordées plus bas dans le papier (qui contient donc quelques spoilers).

Commence alors une deuxième vague d’horreur pour la jeune fille, qui finit par ne plus être elle-même sûre de ce qu’elle a vécu, et dont l’inconscient tente de remonter à la surface. Une lutte contre soi-même, et les autres, brillamment interprétée par la jeune Kaitlyn Dever (Booksmart), âgée de 22 ans.

Quelques années plus tard, dans un autre État du pays, le Colorado, deux femmes détectives qui ne se connaissent pas enquêtent chacune sur un crime similaire, jusqu’à ce que leur route se croise et leur permette, petit à petit, d’établir la vérité. Un duo complémentaire et passionnant, joué par la toujours brillante Toni Collette (Wanderlust) et l’intense Merritt Wever (Nurse Jackie).

Le calvaire de Marie a été l’objet d’une longue enquête du site indépendant américain ProPublica, intitulée “An Unbelievable Story of Rape” [“Une histoire de viol impossible à croire”, en français], écrite par T. Christian Miller et Ken Armstrong, qui ont à ce titre remporté le très prestigieux prix Pulitzer. La série se base également sur un épisode du célèbre podcast de société This American Life, consacré à l’affaire.

1/4Marie, violée et rejetée

Unbelievable est déconseillée aux spectateurs de moins de 16 ans. Cette mini-série est en effet très perturbante et dure à regarder. Bien sûr, à cause du viol, montré par des petites séquences revenant comme des flashs à Marie, mais aussi, à cause de la méchanceté et de l’incompétence crasses auxquelles l’adolescente se heurte de la part de ses proches et des autorités.

Unbelievable met en colère, comme seuls savent faire les bons récits réussissant à mettre en scène des injustices insupportables.

Comment ne pas l’être face au sort qui s’acharne sur cette jeune femme abandonnée à l’âge de 3 ans, depuis baladée de foyers en familles d’accueil, souvent maltraitée ?

Si Marie a appris qu’il faut se tourner vers les adultes pour obtenir de l’aide, cette fois est la fois de trop. Face au manque de preuves, et aux soupçons d’une des mères d’accueil de la jeune femme, les deux détectives en charge de l’enquête pensent qu’elle ment.

Dans une scène oppressante d’interrogatoire, l’interprétation de Kaitlyn Dever soulève le coeur. Le menton tremblant, les yeux apeurés, perdus, Marie est prise entre quatre murs. Elle est poussée à dire qu’elle a menti par ces deux hommes d’une cinquantaine d’années, agacés, pressants.

La bascule est terrible, cruelle. À force de s’entendre dire qu’elle a tout inventé, Marie doute d’elle-même, de sa mémoire. Elle veut juste qu’on la laisse tranquille. Et devient de plus en plus isolée, rejetée. Elle se perd elle-même.

2/4La victime idéale

À la manière d’un True Detective, l’ambiance mystique vaporeuse en moins, Unbelievable voit deux détectives ne se connaissant pas devoir faire équipe pour retrouver un violeur au même mode opératoire que celui de Marie, sans pour autant connaître son histoire.

Deux arcs narratifs se chevauchent : la descente aux enfers de Marie, et l’enquête obsessionnelle, minutieuse, éreintante de Grace Rasmussen et Karen Duvall, face à un homme laissant moins de traces qu’un fantôme.

En remontant petit à petit le fil, à l’aide de leurs équipes, elles découvrent d’autres viols similaires, tous non-résolus, aux victimes traumatisées. Elles ont bien affaire à un violeur en série.

Unbelievable présente ces femmes au fur et à mesure. Toutes sont liées par la peur de mal faire et surtout, de ne pas être normales. Elles culpabilisent : “Qu’ai-je fait pour le mériter ?”, “Qu’ai-je fait, que je ne dois plus jamais refaire, pour éviter que ça recommence ?” Et cette question, insondable : “Pourquoi moi ?”

L’une d’elles, jeune étudiante très angoissée dans les semaines suivant son agression, se demande si elle est “normale”. Même après avoir vécu une telle atrocité, elle craint ne pas faire les choses correctement. “Suis-je une ‘bonne’ victime ?”, semble-t-elle se demander.

Unbelievable décortique ainsi le mythe de la victime idéale. Si Marie finit par perdre la confiance des enquêteurs, c’est parce qu’elle a un passif horrible, une carence affective à combler. À travers son exemple, la série montre qu’il n’y a pas de victime idéale, ni de manière idéale de gérer un tel traumatisme.

La peur, la colère, le déni sont autant de réactions valables. Et normales. Encore faut-il que les forces de l’ordre et plus globalement, la société, aient connaissance de ces mécanismes psychologiques d’auto-protection.

Au fond, Unbelievable pose deux questions : pourquoi n’a-t-on pas su les protéger ? Et pourquoi ne les a-t-on pas crues, ou prises suffisamment au sérieux ?

3/4La responsabilité de la police

Unbelievable vaut mille explications, mille cours sur les mécanismes d’auto-protection des victimes de viol. Alors même qu’en France se pose la question de l’accueil des femmes victimes de violences dans les commissariats ou gendarmeries, la série fait office de démonstration, dans le pire, comme dans le meilleur.

La manière procédurale, mécanique, dont est menée l’enquête autour de l’agression de Marie, est saisissante. Révoltante.

Le premier épisode de la série est en cela presque insoutenable. Entre le viol, les nombreux interrogatoires – obligeant Marie à se répéter, et donc, à revivre autant de fois son supplice -, les examens médicaux envahissants et mal expliqués, la jeune femme ne connaît aucun répit dans les jours suivant son viol.

Elle est prisonnière d’une machine administrative absurde, qui n’a pas été pensée pour ménager et prendre soin des victimes. Une machine qui tente d’automatiser ce qui ne peut pas l’être : la gestion d’un traumatisme.

4/4Deux femmes détectives

Grace et Karen savent, au contraire, comment gérer ce genre de situation. Parce qu’elles sont des femmes, et ont une sensibilité féministe. Elles connaissent les enjeux et ressorts de cette société sexiste, dans laquelle les femmes vivent dans un faisceau de violences, craignant la prochaine occurence.

Si les deux détectives sont renseignées, elles le doivent à un travail personnel. Un cheminement intime, le résultat d’un croisement entre un vécu, un tempérament, et une énorme empathie. Pendant plusieurs épisodes, on les voit rattraper, tant bien que mal, les erreurs, fautes et omissions de leurs confrères masculins.
Ce que vous ressentez est normal.

Si Karen Duvall est très dure avec son équipe, elle est douce avec les victimes qu’elle interroge. “Je ne suis pas là pour vous juger”, “Ce que vous ressentez est normal”, “Je vous comprends”, sont les phrases qu’elle répète le plus. Dans une démarche d’accompagnement, de soutien, cette mère de jumelles sait comment s’adresser à ces femmes agressées sans les brusquer. Elle respecte leur intimité, leur besoin de temps, d’espace, leurs incohérences, leur déni occasionnel de l’horreur qu’elles ont vécue.

À une ère où les personnages féminins forts sont, heureusement, de plus en plus présents dans les fictions sur grand et petit écran, les détectives Grace Rasmussen et Karen Duvall n’ont rien d’un argument marketing. Toni Collette dynamise l’intrigue sombre par son énergie et sa verve, sa capacité à se lancer dans la gueule du loup sans y réfléchir à deux fois.

Sans pour autant être une caricature de casse-cou. Merritt Wever, de son côté, captive par son calme impérieux sous lequel gronde une profonde révolte envers les violences subies par les femmes. Sa diction lente et calme, oblige à l’écouter.

La série ne défend pas l’idée qu’une femme détective gère forcément mieux qu’un homme les affaires de viol. Seulement, que cela a beaucoup plus de chances d’être le cas.

 

Source : marieclaire.fr

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