Nantes | Yassine Benbouchaib bénéficie de laxisme pour des faits d’une extrême violence

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« Il a fait basculer notre famille dans quelque chose de sombre »
L’adolescente rentre chez elle, une baguette sous le bras, lorsqu’elle repère une voiture sur le bas- côté, les warnings enclenchés. Et puis, il y a cet individu qui s’approche. Il lui demande de l’argent. Il lui attrape les jambes une fois. Une seconde fois.

Ce 3 mars, près de Nantes, une adolescente de 16 ans a été projetée en contrebas d’une route par un prédateur.

La mère de la victime venue raconter, au tribunal, ce jeudi 11 avril, le courage de son enfant. Et ses tourments.

Son agresseur, Yassine Benbouchaib, 43 ans, est désormais derrière les barreaux, il a été condamné à 4 ans de prison.

Le 3 mars 2023, des parents « ont vécu tout ce qu’une famille redoute. À 19 h 10, leur fille est introuvable. »

L’avocate Marine Verron replonge la chambre des comparutions immédiates du tribunal de Nantes, jeudi 11 avril, dans ce jour d’hiver.

Il fait nuit. Une jeune fille de 16 ans a quitté son domicile, dans une commune de l’est de Nantes, pour aller chercher du pain à la boulangerie. Sur le chemin, elle papote avec insouciance au téléphone avec sa cousine. La voix s’aggrave.

« Et elle a déjà compris que quelque chose va se passer, reprend l’avocate nantaise. Elle dit qu’il y avait un homme bizarre. »

L’adolescente rentre chez elle, une baguette sous le bras, lorsqu’elle repère une voiture sur le bas- côté, les warnings enclenchés. Et puis, il y a cet individu qui s’approche. Il lui demande de l’argent. Il lui attrape les jambes une fois. Une seconde fois.

Restée en ligne, la cousine n’entend plus qu’un long cri avant le silence. La victime a été jetée de l’autre côté d’une rambarde, en contrebas.

La cousine alerte sa mère, puis la maman de la jeune victime.

« Je ne sais pas pourquoi mais j’ai immédiatement compris ce qui se passait », confie l’adulte courageusement venue à la barre.

La mère fonce vers l’endroit où elle pense sauver sa fille.

« Tout ça a duré vingt minutes. Il y avait bien la voiture, j’ai cherché mais je ne voyais rien. »

Sa fille ne peut répondre à ses appels de détresse. Son agresseur est sur elle, l’empêche avec fermeté de crier. Il a déjà plongé trois fois sa main dans sa culotte. L’enfant a pensé mourir lorsqu’il a retiré son écharpe. Et puis il a fini par lâcher prise.

Il remonte le talus avec le sac de l’adolescente et la baguette, qu’il remet à la maman.

« Votre fille est là », sont les seuls mots que la mère apeurée entend de la bouche d’un homme qui remonte dans son véhicule et s’en va. Abandonnant une famille à son traumatisme.

« Notre vie était légère, elle est désormais très perturbée. Notre fille a été d’une force extraordinaire ce jour- là. Cet homme a voulu la déshumaniser, en la jetant et en faisant d’elle son objet. Elle a toujours continué à lui parler. Il n’en reste pas moins que cet homme a détruit une partie d’elle. »

Le président Baron s’interroge : comment ce Marocain de 43 ans, inconnu de la justice, confondu par sa plaque d’immatriculation puis son ADN, a pu commettre cette agression reconnue devant le tribunal ? « Quel est le mécanisme qui a mené à ça ?

« Je n’étais pas bien, je consommais de la cocaïne. Je n’étais pas moi-même. Je ne me contrôlais pas, j’étais hystérique », tente le prévenu.

Jusqu’où était- il décidé à aller ?

« N’est- ce pas la voix de la mère qui vous a ramené à la réalité ? », demande encore le président.

« Ça m’a réveillé, oui. »

Le parquet refuse de se laisser entraîner sur le terrain de la drogue.

« Yassine Benbouchaib avait pleinement conscience de réaliser une agression sexuelle. »

L’homme décrit comme « un prédateur avait conscience de son acte », gronde la procureure, qui demande trois ans de prison ferme avec mandat de dépôt.

Il sera condamné à quatre ans en seulement quelques minutes de délibéré.

Pour la famille de l’enfant agressée, la reconstruction est en marche. Elle sera longue, sans doute. Le père, qui a eu la peur de sa vie, l’a confié ainsi à son avocate :

« Il a fait basculer notre famille dans quelque chose de sombre. »

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