Mulhouse | Un ancien gendarme condamné à trois ans de prison ferme

Tourisme sexuel, attouchements sur ses propres enfants, c’est l’ensemble du parcours pédophile d’un ancien gendarme de 74 ans qui a été évoqué, hier, au tribunal correctionnel de Mulhouse, dans un dossier d’agressions sexuelles sur mineures.

Photo d’Illustration

C’est une affaire d’agression sexuelle sur mineures de moins de 15 ans qui s’est déroulée en juin 2017 dans le Sundgau qui aurait dû être examinée devant le tribunal correctionnel de Mulhouse en octobre.

Seulement, à peine plus d’un mois après sa garde à vue en juin 2018, l’ancien gendarme de 74 ans a commis une autre agression sexuelle sur une fillette de 5 ans, à Altkirch. Il a donc été jugé dès hier.

La première affaire est révélée début juin, lorsque l’une des filles du prévenu se présente à la gendarmerie de Sierentz pour dénoncer le comportement « pervers » de son père lors d’un anniversaire, l’an dernier, à Stetten.

Des caresses sur le sexe et les fesses de deux fillettes âgées de 8 et 9 ans « sous le maillot de bain » , dans une piscine. Des faits reconnus en garde à vue.

« Une pulsion ridicule , s’est défendu le mis en cause. J’ai mis le doigt parce que j’avais picolé, mais je ne les ai pas pénétrées, je ne voulais pas les déflorer, par respect », a-t-il poursuivi.

« C’était la première fois ? » , lui a demandé le président de l’audience, Christophe Spery.

« Oui. »

« Vous êtes sûr ? » , a insisté le juge avant de dérouler le fil d’un long parcours pédophile.

Le prévenu, qui vit la plupart du temps à La Réunion, a alors évoqué des « missions humanitaires » à Madagascar lors desquelles il a eu des relations sexuelles avec « des jeunes femmes ».

« Il a fait l’objet de plusieurs plaintes à La Réunion et a frôlé le lynchage à Madagascar où il a été prévenu pour attentat à la pudeur sur mineure de moins de 15 ans », a observé la représentante du ministère public, Mathilde Pimmel.

« Vous rôdez »

Les témoignages contenus dans le dossier font état de « fellation sur un garçon de 5 ans » , de « tentative d’enlèvement d’une fillette pour la violer » dans les années 80, de « tourisme sexuel pendant plusieurs années en Thaïlande » … «Même si on ne juge pas ces faits-là, la méthode est toujours la même , a constaté le président.

Vous êtes attiré par les gamines en robes et en jupes. Vous rôdez, vous tournez autour de vos proies. »

Pour tenter de rafraîchir la mémoire du prévenu – et connaître le nombre de ses victimes – le juge a insisté, faisant lecture des témoignages des propres filles du septuagénaire (qui ont coupé tout contact avec lui), victimes dans leur enfance et jusqu’à leur quasi-majorité d’humiliations, d’attouchements et d’agressions sexuelles de la part de leur père.

Un individu qui finit par lâcher : « Je suis pédophile, je demande à être soigné ».

« Mais vous n’expliquez pas vos gestes. La pulsion, c’est trop facile, notamment par rapport à votre profession de gendarme pendant 35 ans », a remarqué le président.

« Tout papy qu’il est, ce 11 juin 2017, il a passé une grande partie de la journée dans la piscine pour glisser sa main à plusieurs reprises sous le maillot de deux fillettes. Un an après, il s’en souvenait parfaitement , a observé Mathilde Pimmel. Et ce mois-ci, deux jours après son relogement à Altkirch, il se rend seul dans un parc et cible une fillette de 5 ans, seule. En une année, nous avons des faits graves et reconnus à La Réunion, à Madagascar, en Thaïlande et en Alsace. Et une enquête conjointe est en cours concernant les faits à l’encontre de ses filles  », s’est-elle indignée.

Elle a requis trois ans de prison ferme et un suivi sociojudiciaire de trois ans à la sortie.

« Le risque de récidive est évident et son âge avancé n’est pas une excuse. »

« Mon client est un homme affable, un personnage attachant qui a servi son pays et a connu une dégradation progressive , a entamé Me Jean-Marc Muller-Thomann, avocat de la défense. Il a une attirance pour les enfants, c’est un pédophile, c’est incontestable. Et son comportement a anéanti sa famille. La réponse judiciaire doit passer par du médical, la prison seule n’est pas la solution » , a-t-il plaidé.

Pour finir, le prévenu, en larmes, a demandé pardon.

« Ce que j’ai, c’est une maladie. »

Jugement: trois ans de prison ferme avec maintien en détention et un suivi sociojudiciaire de cinq ans (avec deux ans de prison en cas de non-respect).

Source : L’Alsace

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