Strasbourg | Prises au piège d’un voisin pédocriminel

Trois adolescentes bas-rhinoises ont été la cible des fantasmes sexuels de leur voisin, entre 2009 et 2016, en Alsace du Nord. Filmées dans leur intimité et agressées sexuellement, elles ont été sorties de ce piège quand la pédopornographie du quinquagénaire a été repérée.

L’homme a été jugé hier à Strasbourg.

Ils étaient ses seuls amis. Veuf et isolé, Pascal P. (*) ne connaissait que ses voisins, et personne d’autre. Il avait rencontré le père de famille au travail, puis il était devenu un intime de la famille, avec ses trois filles.

La confiance était telle qu’il était devenu le parrain de l’aînée, née en 1997. Sa dérive n’était alors pas encore engagée.

« J’ai commencé à consulter des sites pédopornographiques en 2003, raconte le voisin, quand j’ai eu internet. Je suis tombé sur une page avec une enfant nue. J’ai fermé. Mais le contact avec les gamines a fait augmenter mes recherches. Doucement, avec les années, ça s’est aggravé. »

« J’oubliais que j’étais un adulte »

C’est en 2009 que les choses dégénèrent. Il emménage dans une nouvelle maison et immédiatement, « il installe la caméra aux toilettes », explique la procureure Charlotte Iweins. Pascal P. l’active dès que ses petites voisines s’y rendent, déclenchant un autre appareil, dans la cuisine, qui grave les images sur DVD.

Un autre objectif est caché dans l’étagère de la salle de bain, et un troisième dans ses lunettes qu’il porte dans sa piscine, où les jeunes filles viennent souvent jouer.

L’une d’elles a été la cible principale des fantasmes de l’ami de la famille. Sujet de photomontages pervers, elle aurait été droguée au Valium avant d’être abusée sexuellement : « Je n’ai jamais donné quoi que ce soit à la petite », se défend le quinquagénaire, qui nie toute agression sexuelle.

« Il y a eu un frottement avec mon doigt », dit-il en évoquant un geste involontaire. Reconnaissant d’autres caresses, qu’il a filmées, il avance : « J’oubliais que j’étais un adulte. Je suis dérouté, c’est dur à comprendre quand on vit ça. Toutes les excuses que je ferai n’enlèveront pas le mal que j’ai fait. »

La police judiciaire l’a finalement stoppé début 2016, après avoir constaté sa consultation régulière d’un site pédopornographique. Toute l’histoire avec les voisines a alors été mise au jour par les enquêteurs.

Sujet à des troubles sexuels et auditifs, Pascal P. a perdu son épouse en 1998 et « il n’a jamais réussi à rebondir, explique son avocate, Me Anne Gangloff. Il s’est retrouvé tout seul, perdu. Il a plongé dans le travail et la pornographie. »

Ces trois petites voisines étaient « un rayon de soleil dans sa vie. Le fait de se sentir si heureux avec ces enfants l’a conforté dans son délire. » Après deux ans et demi de détention provisoire et de suivi psychologique, son conseil pense qu’il a « purgé une grande partie de sa dette. Le temps de la reconstruction est arrivé. »

Condamné par le tribunal correctionnel à trois ans de prison dont deux ferme, Pascal P. devait recouvrer la liberté dès hier soir, mais il devra s’astreindre à des soins et indemniser les victimes.

Le parquet avait requis quatre ans d’emprisonnement, et le maintien en détention du prévenu.

Source : dna.fr

Source(s):