Mulhouse | Marc Mandina, de son pseudo Marco Vega, condamné aux Etats-Unis pour pédopornographie, s’est retrouvé bénévole au club de patinage de la ville

Violences sexuelles dans le patinage : Emoi à Mulhouse après la découverte de la condamnation pour pédopornographie d’un entraîneur

Illustration — Pixabay

Le club de patinage de Mulhouse a laissé un homme, condamné pour pédopornographie, être au contact de ses élèves

  • L’ex-patineur français Marc Mandina a été condamné aux Etats-Unis pour avoir filmé une adolescente de 12 ans sous la douche. Il a été inscrit sur le fichier des délinquants sexuels et banni à vie par la fédération américaine des sports sur glace.
  • Sous le pseudo de Marco Vega, l’homme s’était rapproché du club mulhousien de l’Association sportive de patinage artistique, selon une avocate et la présidente du club.
  • L’actuelle entraîneuse du club, que « 20 Minutes » avait tenté de joindre avant la publication de l’article, nous a contacté pour donner sa version des faits. Elle réfute ces affirmations et évoque « une vengeance personnelle ».

Suite à notre article, l’entraîneuse du club, que 20 Minutes avait tenté de joindre jeudi, nous a contacté ce vendredi pour donner sa version des faits. La ville de Mulhouse a également réagi par communiqué jeudi soir.

En Alsace, l’Association sportive de patinage artistique (Aspa) de Mulhouse (Haut-Rhin), a accueilli un entraîneur bénévole sans connaître son passé judiciaire. A la suite des révélations de viols de l’ancienne patineuse Sarah Abitbol, visant un autre formateur, son nom a été cité mercredi par Didier Gailhaguet, le président de la Fédération des sports de glace.

Il s’agit de Marc Mandina, un ex-patineur de haut niveau qui a fait carrière dans les années 1990 avant de devenir coach aux Etats-Unis, à San Diego. Sa carrière a été stoppée en 2011 après des poursuites engagées pour détention d’images pédopornographiques.

Il avait filmé en cachette une adolescente de 12 ans, alors qu’elle prenait sa douche. L’homme est reconnu coupable devant un tribunal, écope de 3 ans de contrôle judiciaire et est inscrit sur le fichier des délinquants sexuels. La fédération américaine des sports de glace décide de le bannir à vie.

En contact avec les jeunes

En janvier 2019, l’homme refait surface à Mulhouse, quand le club embauche une nouvelle coach. Cette jeune femme leur présente son compagnon, qui se fait appeler Marco Vega. Le patinage est un petit monde et rapidement, ce dernier se fait une place au sein du club. Il se serait retrouvé en contact avec des jeunes, selon Sultane Messana, la présidente du club mulhousien.

« Il venait fréquemment à la patinoire, témoigne-t-elle. Il entraînait les jeunes pour les chorégraphies et une fois pour un ballet. Mais on ne savait rien de son passé. »

Il faut attendre le mois de juin pour que sa véritable identité soit dévoilée par un mail anonyme envoyé aux dirigeants du club, aux parents des jeunes patineurs et à des élus de la ville de Mulhouse.

Une vingtaine de familles font alors le choix de retirer leurs enfants de l’ASPA pour les inscrire à Colmar au CEPARC, un autre club de patinage artistique. C’est Marie Diamoneka-Lebeault, membre du comité directeur du CEPARC et avocate au barreau de Strasbourg qui donne l’alerte en adressant un signalement au parquet de Mulhouse, l’été dernier.

« Je l’ai fait pour libérer la parole et pour protéger les jeunes patineurs, explique-t-elle à 20 Minutes. Des faits graves m’ont été rapportés. Et il y a toujours un tabou dans les fédérations autour de ces cas ».

L’ex-patineuse, désormais officier d’arbitrage, juge de patinage artistique et membre du comité de la Ligue Grand Est des sports de glace en parallèle de son métier d’avocate, invite les parents à saisir systématique la justice en cas de soupçons.

Une enquête ouverte par le parquet

« Une enquête préliminaire a été ouverte le 3 juillet 2019 suite à ce signalement »,

indique à 20 Minutes la procureure de la République de Mulhouse Edwige Roux-Morizot. Marie Diamoneka-Lebeault a été auditionnée au commissariat de Strasbourg, où elle réside.

« L’enquête est en cours au commissariat de Mulhouse »,

précise la magistrate. En revanche, aucune plainte pour abus sexuel n’a été déposée à ce stade.

Cette affaire ébranle profondément l’ASPA, déchirée par un conflit interne depuis ces révélations. La présidente du club mulhousien Sultane Messana a été écartée de ses fonctions au cours d’une assemblée générale dont elle conteste la légitimité.

L’ancienne présidente du club, Evelyne Stoessel, indique de son côté que l’ancien champion « présent sur place ponctuellement » n’a exercé aucune activité pour l’association sportive, sans donner plus de précisions sur ses allers et venues.

Marc Mandina, alias Marco Vega, serait pourtant revenu à la patinoire au moins à deux reprises en octobre 2019.

« Il est passé par l’arrière du stade, se souvient Sultane Messana. Il se trouvait dans les tribunes et dans le bureau de sa compagne, la coach du club ».

L’entraîneuse, elle, dément ces allégations. Elle explique ce vendredi à 20 Minutes avoir prévenu son club du passé judiciaire de son compagnon aux Etat-Unis lors de son embauche. En conflit avec la présidente de la structure, elle évoque « une vengeance personnelle ».

« Mon compagnon n’a jamais été bénévole ou entraîneur, soutient-elle. Il m’a aidé pour un montage musical à mon domicile pour un gala [de patinage]. Il est venu en tant que spectateur, jamais pour m’aider à la patinoire. »

La ville de Mulhouse a réagi jeudi soir. Mise en cause par l’avocate Marie Diamoneka-Lebeault, qui affirme qu’elle aurait connaissance des faits dès le mois de juin, la ville assure de son côté n’avoir

« eu écho de la présence de cet ancien champion que très récemment ».

En outre, la municipalité envisage d’

« exiger de tous les encadrants bénévoles, la fourniture d’un extrait de casier judiciaire ».

Source : 20minutes

Source(s):