Aire-sur-la-Lys | Mort de Yanis, 5 ans, puni pour avoir fait pipi au lit

Le garçonnet a été retrouvé gisant près d’un chemin de hallage d’un canal d’Aire-sur-la-Lys (Pas-de-Calais), non loin d’un cabanon où vivait son beau-père.

Selon l’autopsie, sa mort a été causée par des blessures au crâne.

Qu’est-il arrivé à Yanis ?

Cet enfant de cinq ans a été retrouvé mort dans la nuit de dimanche à lundi, son corps gisant à proximité d’un canal, à Aire-sur-la-Lys (Pas-de-Calais).

Sa mère et son beau-père ont été placés ce lundi en garde à vue.

Yanis a-t-il succombé à une “punition” qui a mal tourné ?

Est-il la victime d’un cas de maltraitance régulière ?

Autant de questions auxquelles les enquêteurs de la gendarmerie de Saint-Omer tentent de répondre.

L’Express fait le point.

 

Que s’est-il passé?

Le beau-père de Yanis donne l’alerte dans la nuit de dimanche à lundi, après avoir découvert l’enfant “inconscient”, selon les gendarmes de Saint-Omer.

Il explique aux secours

“qu’il était sujet à des crises d’énurésie [le fait d’uriner au lit] (…)

et que suite à un nouvel épisode d’énurésie,

il l’aurait sanctionné en lui demandant d’aller dehors et lui aurait ordonné de faire des tours (…) en courant”.

Vers 2h30 du matin, les pompiers ont retrouvent son corps sans vie, près d’un chemin de hallage d’un canal à Aire-sur-la-Lys, à une dizaine de minutes en voiture de cette commune de quelque 10 000 habitants, située à 20 km au sud de Saint-Omer.

C’est dans ce secteur que vivait le beau-père, dans un cabanon situé à 200 m du canal, la mère habitant en centre-ville.

Le couple y venait régulièrement le week-end.

 

De quoi est mort l’enfant?

Punition qui tourne mal ou maltraitance régulière ?

Si à ce stade, les circonstances exactes de la mort de Yanis n’ont pas encore été établies, l’origine du drame, elle, est très claire.

“Il s’agit d’une sanction-punition, consistant à faire courir l’enfant dehors, en pleine nuit, parce qu’il avait uriné au lit”,

a confirmé le procureur de Saint-Omer, Patrick Leleu, précisant que l’enfant était “tombé”.

C’est bien le beau-père de Yanis qui a mis en pratique cette punition en le suivant dans sa course, probablement à vélo.

Le “contexte météorologique” était “particulièrement défavorable” et l’enfant “légèrement vêtu”, ont précisé les gendarmes.

L’autopsie, pratiquée lundi après-midi a révélé que la mort de l’enfant était imputable à des blessures au crâne, dont certaines “pouvant être rattachées à une ou plusieurs chutes et d’autres à des violences volontaires”.

“La question de violences habituelles est posée, au vu des premières constatations”,

selon le procureur de Saint-Omer, qui va retenir une qualification criminelle, ce qui conduira au dessaisissement du dossier au profit du parquet de Boulogne-sur-mer mardi matin, à l’issue de la prolongation de la garde à vue du couple.

 

Qui était la victime?

Le garçonnet de cinq ans, qui vivait avec sa mère depuis quelques mois dans un HLM en brique propret, était scolarisé à l’école maternelle du Centre.

“Mon fils jouait tout le temps avec lui”,

a confié à L’Avenir de l’Artois une mère de famille, sous le choc.

Les parents des enfants scolarisés dans cet établissement ont été reçus par l’Inspecteur d’académie, qui leur a annoncé l’ouverture d’une cellule psychologique.

 

Qui sont les deux personnes placées en garde à vue?

La mère de Yanis, âgée de 23 ans, et son compagnon, 30 ans, ont été placés en garde à vue dans les locaux de la gendarmerie de Saint-Omer.

Tous les deux sans profession, ils formaient un couple depuis août 2015, mais vivaient séparément.

Ils se retrouvaient essentiellement au cabanon isolé et en mauvais état où vivait le beau-père, et près duquel le corps de Yanis a été retrouvé.

La famille, selon L’Avenir de l’Artois, n’était pas connue des services sociaux.

“Le petit était toujours bien habillé et semblait bien élevé”,

a rapporté une voisine du domicile de la mère au quotidien régional.

“Avec elle c’était ‘bonjour-au revoir’, on la connaît peu.

Elle fait semble-t-il des peintures d’enfants en noir et blanc.

Son compagnon n’était pas très bavard non plus”, a raconté un autre voisin à l’AFP.

Selon le parquet, cité par France 3 Hauts-de-France, le beau-père de Yanis n’aurait pas pris conscience de la gravité de son acte de la veille, et de la disproportion de la punition infligée à l’enfant.

La mère, quant à elle, n’aurait pas pris part à cette punition, mais elle n’aurait vraisemblablement rien fait pour l’empêcher.

Source: L’Express

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