Montpellier | Une femme victime d’un viol collectif il y a 10 ans voit son procès repoussé

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Pédocriminel En liberté

“Mais j’ai besoin de ce procès, qu’ils soient jugés, j’ai besoin d’avancer”
Marie, Toulousaine, avait 14 ans quand elle a été abusée à Montpellier, en 2012. Après des années d’attente, le procès vient d’être ajourné parce qu’une des accusées est enceinte. Colère.

Marie a la rage:

“Je ressens de la colère et du dégoût… Mais on attend quoi ? Si c’est moi qui dois me faire justice, qu’on me le dise, et je le ferai. Je n’ai pas besoin d’une justice qui ne sert à rien”

Elle ne comprend plus.

Cette Montpelliéraine désormais installée à Toulouse devait affronter la cour d’assises de l’Hérault à partir de ce lundi 28 mars.

Non pas comme accusée mais comme victime d’un guet-apens scabreux : elle a été abusée sexuellement par quatre individus, vendue pour quelques euros par celle avec qui elle avait fugué d’un foyer.

Le souci ? Les faits remontent déjà à dix ans, en 2012.

Et le procès de ses tortionnaires, tous désormais libres, vient d’être renvoyé.

La raison : la rabatteuse, qui doit être jugée aux côtés des violeurs pour proxénétisme aggravé, enceinte, connaît une grossesse difficile et a obtenu un ajournement des débats.

À une date inconnue.

Certainement pas avant 2023 car les sessions sont déjà bien remplies et les personnes en détention provisoire sont prioritaires.

Cette triste affaire illustre jusqu’à la caricature le manque structurel de moyens de la justice et par ricochet le retard parfois abyssal pris dans le traitement des dossiers.

“J’ai le sentiment que tout le monde s’en fout, que ce n’est pas grave”

La jeune femme, marquée à vie par cette nuit de viols dont elle garde depuis des stigmates indélébiles, déplore:

“J’avais 14 ans et je vais bientôt fêter 25 ans… J’ai le sentiment que tout le monde s’en fout, que ce n’est pas grave. Et si moi demain je vends de la drogue, on me met en prison ?”

Celle qui ne dort plus depuis trois semaines quand elle a appris le report du procès, lâche:

“À 14 ans, on est encore un bébé… Je vois encore leur visage et je sens l’odeur du sperme”

De son côté Me Baptiste Scherrer, l’avocat de Marie, rappelle:

“Cela fait dix ans qu’elle a été violée dans des conditions effroyables Elle a été entendue par les enquêteurs, une fois par le juge il y a neuf ans et puis plus rien ! Les accusés sont en liberté et ma cliente se sent délaissée par la justice”

Ce dernier “fou furieux” par le report de l’affaire, avait déjà écrit à plusieurs reprises au parquet général pour demander une date.

“J’écris tous les six mois mais comme ce n’est pas un dossier urgent, de détention, rien ne se passe. Et pourtant, elle a besoin d’être entendue par la justice pour dire “voilà ce qui est arrivé” et pour que ces gens soient condamnés”.

L’avocat pense à attaquer la responsabilité de l’État.

Mais quel sens pourra avoir une peine si longtemps après les faits, à la fois pour la victime mais aussi pour les accusés qui ont cette épée de Damoclès au dessus de la tête ?

Me Marc Gallix, l’avocat de l’accusée:

“Ça n’aura plus aucun sens de juger ma cliente dix ans après l’affaire, ce n’est plus du tout la même femme, elle est adulte et va avoir un enfant”

Va-t-elle repartir en prison ?

Comme les violeurs supposés qui encourent de très longues années de détention ?

Marie indique:

“La peine ne changera rien, ce qu’ils m’ont pris, jamais personne ne me le rendra. Mais j’ai besoin de ce procès, qu’ils soient jugés, j’ai besoin d’avancer.”

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