Loches | Violée à l’âge de 6 ans, elle “ renaît ” grâce à Dire et Guérir

Dans l’équipe de bénévoles qui a assuré le bon déroulement du Big Run 37, Mme K. est souriante, prompte à aider. Hier matin, elle s’activait à préparer la petite fête pour l’arrivée de Guillaume Durand, aux termes de ses 147 km courus depuis la Sarthe.

Mme K. porte un enfant, « un garçon. J’en suis à mon huitième mois de grossesse », dit-elle. Elle est déjà maman d’une petite fille. A 38 ans, elle goûte aux plaisirs de la vie, aux choses simples. Un goût qu’elle ne connaît que depuis deux ans. Auparavant, elle a connu « une vie de m… », comme elle dit.
Mme K. a été violée quand elle avait six ans par trois adolescents dans un centre aéré.

« J’ai eu une vie d’autodestruction, raconte-t-elle. Tout est revenu à l’âge de 21 ans. Quand tout est remonté, je suis tombée dans l’anorexie. Mon père était alcoolique, il m’insultait, me traiter de putain. Ça a été très difficile. Il ne savait pas que j’avais été violée. »

Mme K. exprime sa souffrance par l’anorexie, son mal-être trouve refuge dans l’alcool.

« J’ai bu de l’alcool à 12 ans, pris du cannabis à 14 ans, puis l’anorexie, puis j’ai fait des crises de boulimie. Je me suis dit : je vais arrêter de manger, je vais en crever. J’ai passé huit ans à me bouffer la vie. Je suis restée en vie grâce à mon psychiatre, qui m’a suivie dès mes 23 ans. »

Mme K. a accumulé toutes sortes d’addiction : alcool, tabac, cocaïne, héroïne, mélange d’alcool et de médicaments.
Dans cette descente aux enfers bornée de scarifications et de tentatives de suicide, elle attrape une main. Celle du Dr Jan, de l’association Dire et Guérir. « Je l’ai rencontrée par hasard, en tabacologie. J’ai accepté cette main tendue. »

Il y a deux ans, elle s’inscrit aux ateliers d’escrime que propose l’association, avec neuf autres victimes comme elle d’agressions sexuelles. Sa parole la libère. « Tout est sorti. J’ai pété un plomb. C’est à ce moment que j’ai appris que j’étais enceinte alors que je pensais ne pas pouvoir avoir d’enfant ».

Elle remonte la pente, arrête les drogues, l’alcool. Cette maman de bientôt deux enfants est elle aussi en pleine naissance. « J’accepte les choses, je mets des mots sur les choses, dit-elle. Le groupe de parole, une fois par mois, me fait un bien fou. J’ai mis trente-deux ans à vivre. Je n’ai jamais été aussi bien dans ma tête », dit-elle.
Elle n’a pas effacé les images de son viol dans sa tête. « Mais avant, je prenais des somnifères, car le cerveau ne s’arrête jamais ».

Être accompagnée par Dire et guérir lui a appris l’essentiel : elle n’est en rien responsable de ce viol. Elle est victime. Elle peut guérir. Sa reconquête de son amour-propre et de sa santé en est le témoignage quotidien. « Il y a trente ans, on ne parlait pas de ça », dit-elle. Aujourd’hui, oui. Et ça l’aide à guérir.

Source : lanouvellerepublique.fr

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