Un homme de 39 ans était jugé, hier mercredi, pour détention de centaines de films et de photos à caractère pédophile. Le prévenu s’est défendu en affirmant vouloir retrouver des images de lui prises alors qu’il était enfant.
Les bras le long du corps, posé droit devant le micro, A. O. parle longtemps, très appliqué à donner son explication. Car, contre les faits, il ne peut pas lutter. Le 25 juin 2016, les policiers ont extirpé de son ordinateur deux cents vidéos, trois cents films et des milliers de photos captés sur internet.
« Pas du David Hamilton, mais des scènes pornographiques particulièrement trash », commente le procureur Bruno Dieudonné. A. O. avait aussi deux clés USB pleines d’images dans un sac qui contenait également des produits stupéfiants.
L’affaire, jugée par la sixième chambre correctionnelle hier, est une « procédure incidente ». Les policiers avaient arrêté A. O. le 28 mars 2016 dans le cadre d’un trafic de drogue pour lequel il a été condamné. Il avait été entendu en parallèle sur sa collection d’images pédo-pornographiques. « C’est un besoin quotidien ? », lui avait demandé un policier en garde à vue. « Non, c’est par périodes. » A. O. parle alors de « névroses ».
« Je faisais des recherches. Je me cherchais moi. Mon milieu familial baignait dans ce genre de choses. »
À l’audience, il adopte une autre attitude. « La garde à vue a été une entreprise de démolition de ma personne. » Et il justifie ses images de façon étrange : « Je faisais des recherches. Je me cherchais moi. Mon milieu familial baignait dans ce genre de choses. » Il se dit persuadé d’avoir été filmé pendant son enfance.
« Pourquoi conservez-vous ces images ? », interroge, sceptique, le président. « Je n’avais pas encore tout visionné. Ce n’est pas pour le plaisir… » Les juges dévisagent le prévenu, interloqués. Un peu plus tard, il ajoutera : « J’essaie de comprendre par moi-même pourquoi je vais vers ça… »
Me Marie-Ange Nicolis, en défense, insiste sur la fragilité psychologique de son client. Le procureur parle de « duplicité ». L’avocate pense, elle, que A. O. est « une victime ». De quoi exactement ? « Au moins d’un délaissement et de graves carences éducatives pendant l’enfance. » A. O., élevé par sa grand-mère, parle avec dégoût de ses parents qui tenaient un bar à Roubaix.
« Avec tout ce qu’il y avait de pire dans le quartier. » Il se souvient « des films pornos entassés dans une armoire »… « Fermée à clé », précisera son père en réfutant toute consommation de pédo-pornographie. « Mon fils dit ça par vengeance. »
A. O. a été condamné à 18 mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve pendant trois ans. Il devra suivre des soins et a l’interdiction d’entrer en contact avec des mineurs.