Évry | Le prédateur piégeait les fillettes sur les réseaux sociaux

Il n’a pas été jugé par les assises, car ses victimes mineures étaient « consentantes ».
Du moins au sens de la loi
(lire encadré ci-contre).
Il a donc été renvoyé devant un tribunal correctionnel.

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Mercredi, un homme de 43 ans a été condamné à quatre ans d’emprisonnement, dont deux avec sursis et mise à l’épreuve, pour des atteintes sexuelles commises en 2012 sur trois mineures de 11 et 13 ans.
Circonstance aggravante, il avait attiré ses victimes lors de conversations sur Internet. Séduites, les fillettes lui ont accordé des faveurs sexuelles.

« Une qualification très rare »

Il n’y a pas eu « contrainte, violence, menace ou surprise » caractérisant juridiquement les faits de viol. Dans cette affaire, le parquet d’Evry a donc retenu l’« atteinte sexuelle sur un mineur de 15 ans par un majeur ».

Des faits qui peuvent être punis de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende.

« Dans le cas où des jeunes filles mineures donnent leur consentement, il s’agit bien de l’article 227-25 du code pénal. Vis-à-vis de la loi, il ne s’agit donc pas d’un viol. C’est une qualification très rare à laquelle je n’ai jamais été confrontée en dix ans d’exercice », explique une juriste du Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF).

Mais au regard du très jeune âge des victimes, on peut se demander où se situe le curseur du consentement.

« À 11 et 13 ans, ces adolescentes n’ont pas le même discernement qu’une femme ou une jeune fille de 15 ans, l’âge de la majorité sexuelle », ajoute-t-elle.

Le parquet a également retenu « la mise en contact avec la victime par réseau de communication électronique », autrement dit, par le biais de sites Internet.

Une circonstance aggravante qui fait monter la peine encourue à 10 ans d’emprisonnement et 150 000 € d’amende.

À chaque fois, le stratagème pour approcher ses proies est identique.
Inscrit sur des réseaux sociaux majoritairement fréquentés par des adolescents, Karim, 43 ans au moment des faits, se fait passer pour un jeune de 15 ans.
D’emblée, le prédateur flatte les jeunes filles pour les mettre en confiance.

« Tu es ma princesse » ou encore « tu as des yeux de léopard » sont ses répliques récurrentes.

La première victime n’a que 11 ans lorsqu’elle reçoit les premiers messages de celui qu’elle pense être à peine plus âgé qu’elle. Après avoir fait connaissance virtuellement, il lui donne rendez-vous au Mc Donald’s de Clamart (Hauts-de-Seine).

Des attouchements ont lieu dans sa voiture. L’homme demande une fellation. La fillette refuse. La deuxième entrevue a lieu au domicile du quadragénaire, à Viry-Châtillon, dans l’Essonne.

Ils regardent la télévision, lui s’allume un joint puis il l’étreint. « Je pensais qu’elle était plus âgée », se justifie-t-il lorsque le président lui fait remarquer qu’il a « quatre fois l’âge de la fillette ». Une troisième rencontre a lieu dans un parc, mais cette fois la jeune adolescente se refuse à lui.

Petit à petit, un sentiment de peur s’installe chez la victime. Elle se rapproche de l’infirmière scolaire et la questionne sur les rapports non protégés.

Au fil des discussions, la professionnelle de santé flaire quelque chose d’anormal et tire la sonnette d’alarme. L’affaire remonte jusqu’aux parents, qui déposent plainte.

Grâce aux messages échangés, l’homme est rapidement identifié par la police. L’analyse de son ordinateur laisse apparaître des films pédopornographiques et zoophiles et une dizaine de discussions avec des adolescentes.

C’est ainsi que les enquêteurs remontent jusqu’à la deuxième victime, 13 ans.
La technique d’approche est la même : le contact par Internet, les compliments et un premier rendez-vous à Monterau (Seine-et-Marne) où il l’embrasse sur le champ avant de demander une fellation dans un local à poubelles.
Toujours sous le choc aujourd’hui, l’adolescente n’a pu retenir ses larmes à l’audience.

Une troisième victime, également âgée de 13 ans, est identifiée par les enquêteurs. Cette fois, la rencontre a lieu dans un hôtel de Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne) et, une fois encore, l’homme a une relation sexuelle avec l’adolescente.

Tombée amoureuse de son mentor, celle-ci a supplié les policiers de ne pas l’envoyer en prison. Pourtant, en proie à « une angoisse massive qui la torture » selon les médecins, elle a sombré dans une dépression qui l’a poussée jusqu’à la tentative de suicide.

Encore marquée par ces événements et toujours hospitalisée, elle n’a pas assisté au procès.

Source: http://www.leparisien.fr/

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