Ile de Ré | Un homme condamné à 15 ans pour des viols sur 4 enfants de la famille

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Un nid familial avec d’un côté des abus sexuels et de l’autre une mère dénuée de tout affect
Un géniteur de 62 ans condamné à 15 ans de prison pour avoir les viols et agressions sexuelles de sa fille, son fils, une belle-fille et un beau-fils dans leur maison de l’île de Ré

Le procureur général résume ainsi l’équation qui se joue devant le tribunal correctionnel de Charente-Maritime, basé à Saintes, vendredi 15 mars:

“ Le débat est de savoir si nous avons quatre menteurs et un innocent, ou quatre victimes et un menteur. »

L’accusé, 62 ans, l’a martelé lors de son interrogatoire : il ne comprend pas pourquoi sa fille , son fils, un gendre et une belle-fille l’accusent d’inceste.

« Je ne suis pas coupable de cela et je ne peux pas vous le prouver. D’autant qu’ils ne peuvent pas vous apporter la preuve d’attouchements ou d’abus sexuels », affirme-t-il lors de son interrogatoire du matin.

Poussé dans ses retranchements, il en vient à se poser en victime.

«Ils veulent faire chier papa. Cela a pris des proportions qu’ils n’avaient pas prévues. Peut-être qu’ils n’ont pas compris ce que ça pouvait me faire. Ils ne sont pas conscients du mal qu’ils font. Il y a eu un moment où j’ai même douté de moi, mais si je l’avais fait, je me serais déjà dénoncé”, assure-t-il.

“Ils ont tous fui”

« Les actes d’inceste sont toujours entourés de secret. La honte n’est pas ressentie par l’accusé, nous en avons la preuve depuis hier [jeudi]ça se ressent par une famille», estime Me Patricia Billerey-Drageon, qui soutient les parties civiles depuis six ans.

Elle dessine un « nid familial avec d’un côté des abus sexuels et de l’autre une mère dénuée de tout affect ».

Les enfants, d’âges très différents, « ont tous quitté la famille en beauté. Ils ont tous fui, à 17, 17 ans et demi, au plus vite. »

Du côté de la défense, Me Marc-Antoine Julien tente de discréditer un dossier « pollué, biaisé et éminemment incomplet ».

Pollué car il y a un certain nombre d’éléments qui ne démontrent rien.

L’appétit sexuel de mon client, par exemple, les ragots, sa personnalité rigide.

Orienté, car il y a une minimisation des témoignages favorables à mon client.

Incomplet, car nous avons beaucoup de déclarations sans vérifications matérielles.

Bénéficiant du bénéfice du doute, il plaide l’acquittement.

Pourquoi les enfants ont-ils menti ? l’accusé ne cesse de se remettre en question.

« Parce que, tout simplement, il n’y a aucune raison de penser qu’il est vrai que ces gens ont menti », estime le procureur général.

La jeune fille, qui aurait subi des attouchements et des viols entre 7 et 19 ans, a livré un récit « spontané, pas du tout élaboré » lorsqu’elle a porté plainte en 2018, poussée par son compagnon.

Les auditions des trois autres, pour des faits plus ou moins graves, ne « donnent pas l’impression qu’on veut faire tomber le père ».

Issus de foyers différents, les enfants entretenaient peu de relations.

Compte tenu de la gravité des faits, elle requiert une lourde peine, 15 ans de réclusion criminelle, 8 ans de suivi socio-judiciaire avec 4 ans supplémentaires en cas de non-respect, et une interdiction de contact.

Le tribunal le suit à la lettre, en y ajoutant une interdiction de comparaître en Charente-Maritime, pour que les victimes n’éprouvent plus la peur de croiser la route de celui que la jeune fille se contente d’appeler son « géniteur ».

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